lundi 5 décembre 2016

Une artériopathie non athéromateuse d'effort chez les sportifs : le syndrome de l'artère poplitée piégée (SAPP)

Le SAPP ou syndrome de l'artère poplitée piégée est une artériopathie non athéromateuse par compression externe de l'artère poplitée par des formations musculo- aponévrotiques de voisinage  (muscle jumeau interne) ou par des structures surnuméraires (résidus embryologiques). Curiosité à la fois, anatomique, anatomo-pathologique et clinique, il affecte certains sportifs et sportives de haut niveau: cyclistes et cyclotouristes, danseurs, marcheurs et tri-athlètes.  Méconnu du corps médical et du grand public, ce syndrome est très souvent diagnostiqué avec retard. 

Anatomie du creux poplité

Epidémiologie
Le syndrome de l'artère poplitée piégée se rencontre chez les cyclistes et les danseurs et plus à la marche qu'à la course par contraction du muscle jumeau interne.




Diagnostic 
- clinique: douleurs, crampes, abolition pouls distaux
- de certitude par l'écho-doppler dynamique et angio-scanner.
Possibilité de complications aigües
- anévrysme
- thrombose
- ischémie aigüe


Traitement 
Volontiers chirurgical.
Etude rétrospective de 14 patients traités chirurgicalement au CHU de Bordeaux Pellegrin dans le service de chirurgie vasculaire entre novembre 1998 et décembre 2013. 
 14 patients (13 hommes, 1 femme) ont été opérés d’un SAPP,  ils avaient de 18 à 49 ans (moyenne= 29.4 ans, médiane=29 ans). Le SAPP était bilatéral aux examens dans 13 cas sur 14(92.9%) et la chirurgie a été bilatérale chez 5 patients+++. 
Les patients sont majoritairement à faible risque cardiovasculaire. 13 patients sont sportifs, 1 est sédentaire. Les sports pratiqués sont : course à pied à 36%, vélo et rugby à 16% chacun, football à 12%, tennis et natation à 8%, basket à 4 %. 
 Le mode de révélation est chronique (douleur, crampe, gêne) chez 12 patients et ischémique aigu pour 2. Le délai de prise en charge est en moyenne de 18 mois. Les examens pratiqués ont été: écho-doppler, angioTDM+/IRM en dynamique. 3 patients avaient une complication vasculaire (1 avec un anévrysme avec embolisation distale, 1 avec une thrombose poplitée, 1 avec une thrombose poplitée et tibiale postérieure du coté non opéré). 
La voie d’abord chirurgicale est postérieure chez tous les patients, il y a eu libération chez tous, revascularisation pour 2 (2 pontages, 1 mise à plat d’anévrysme). La durée d’hospitalisation était de 5.9 jours en moyenne. Il a été trouvé 5 pièges anatomiques vrais et 9 fonctionnels. 
L’arrêt sportif était de 22.5 semaines, si reprise; 3 sur 12 ont eu des douleurs postopératoires nécessitant un antalgique de palier 2 ou 3, il y a eu 1 cas d’infection de cicatrice, 2 hématomes (dont 1 du à l’aponévrotomie concomitante), une phlébite. 
Au niveau fonctionnel, 8 patients sur 12 interrogés ont repris le sport, 3 n’ont pas repris pour diverses raisons et un autre parce qu’il était sédentaire. 8 sur 12 interrogés sont satisfaits, 10 referaient l’intervention s’il le fallait.  
Discussion:
Les résultats fonctionnels de la chirurgie sont mitigés : bon résultat lorsque la douleur est liée au SAPP seul. La chirurgie en cas de piège anatomique apparait nécessaire en raison du risque de complications artérielles à long terme et in fine du risque d’amputation si pas d’intervention. 
La libération des pièges anatomiques vrais semble donner de meilleurs résultats car les 5 n’ont plus les douleurs du SAPP. Les 9 patients restants plutôt souffrant de SAPP fonctionnel ont des résultats variables.