jeudi 13 décembre 2018

La maladie de Lyme

Entre printemps et automne, et il convient pour chacun d'entre nous d'être vigilant d’avril à octobre, monsieur ou madame Toutlemonde au décours d'une simple ballade en forêt, ou tout sportif pratiquant la randonnée en montagne, la course d’orientation, le golf, le cyclisme, le jogging, tous nous pouvons être affectés par la maladie de Lyme  (MDL) avec en cas d'errance diagnostique, retentissement sur la vie de tous les jours chez chacun d'entre nous et sur la performance chez les sportifs. Il va s'agir donc pour tout médecin de penser très vite à cette maladie, tout spécialement dans les zones géographiques infestées de tiques et ne pas hésiter pour se donner les meilleures chances d'un diagnostic positif et d'un traitement précoce, à faire appel à un service hospitalier spécialisé dans les maladies infectieuses.
La MDL est une maladie infectieuse due à des micro-organismes de la famille des Borrelia, après morsure de tique femelle, petit parasite de 3 et 6 mm de la famille des acariens, qui se nourrit de sang et transmet la maladie quand elle est infectée (de 5 à 35 % suivant les régions) à la personne piquée. Sa symptomatologie est très polymorphe : dermatologique, articulaire, cardiaque, neurologique, oculaire et son diagnostic peut errer quand la piqure porte sur une zone de peau peu accessible à l'oeil nu (aisselles, pli de l'aine, creux poplité des genoux, dos). Après piqure, la tique va se gorger de sang et transmettre la maladie qui va évoluer en quelques jours, sous la forme d'un érythème migrant (taches rouges en forme de cocarde) qui peut parfaitement échapper à la vigilance du sujet piqué.



En France, c'est la région Grand Est (Vosges++) qui est la plus touchée

Mais également bien d'autres régions

Les signes cliniques de la phase initiale (le 1er mois)
Après une piqûre de tique dans une zone de peau pouvant échapper à la vigilance du sujet mordu, apparaît un érythème migrant chronique d'une quinzaine de cm en moyenne, centré sur le point de morsure. Cet érythème est inconstant et n'apparaît qu'une fois sur deux environ. Quand il est présent, il disparaît spontanément et est susceptible de n'éveiller aucun soupçon. Quelques signes généraux peuvent l'accompagner comme de la fièvre, une fatigue soudaine et donc anormale, des douleurs musculaires (myalgies) et des maux de tête (céphalées).

Erythème migrant centré sur la piqure et assez fréquent 

Erythème migrant moins fréquent 

Phase secondaire avec manifestations diverses
En l'absence de traitement, elle succède  à la phase initiale, la bactérie parasite se disséminant dans l'organisme par voie sanguine et avec une traduction clinique polymorphe :
Fièvre. 
Syndromes grippaux à répétition. 
Fatigue chronique. 
Irritabilité non coutumière.
Manifestations diverses:
- cutanées : très rare érythème migrant multiple qui siège sur une grande partie du corps.
- cardiaques : troubles du rythme ou de la conduction cardiaque, péricardite, myocardite entre autres avec retentissement majeur sur la performance ou impossibilité de poursuivre toute activité sportive, ces manifestations cardiaques pouvant conduire à des retards ou à des errances diagnostiques.
- rhumatologiques : douleur articulaire (arthralgie) isolée ou pluri-articulaires, ou arthrite avec gonflement, chaleur. Le genou et le plus souvent atteint mais aussi le coude, l’épaule et le pied (tarse).
- neurologiques : maux de tête, névralgies, paralysie faciale, déficit neurologique, myélite, atteintes méningées, etc.
- oculaires diverses : conjonctivite responsable d’une rougeur de l’œil, kératite, uvéite.
En l’absence de traitement après quelques mois à quelques années d'évolution, il y a passage à la phase tertiaire de la maladie de Lyme.
Cette phase tertiaire chronique se manifestera par des signes cutanés, articulaires et nerveux.
Le diagnostic
Il doit être évoqué de principe sur la notion d’exposition possible aux morsures de tiques dans une région infestée, associée aux manifestations cliniques évoquées plus haut.
L’érythème migrant est la manifestation clinique la plus fréquente (40 à 77 %) et la plus évocatrice au début. Les formes neurologiques et rhumatologiques sont également fréquentes en phase secondaire, les atteintes dermatologiques, cardiaques ou ophtalmologiques sont plus rares. 
La Biologie
Le diagnostic biologique repose sur l’utilisation de techniques de recherche directe de la bactérie, hélas réservées à des laboratoires spécialisés et à des techniques indirectes reposant sur la recherche d’anticorps spécifiques. En cas de séro-diagnostic positif, cette sérologie a une bonne valeur prédictive de maladie de Lyme avec une sensibilité proche de 90% (hélas dans 10% des cas, la sérologie est prise en défaut avec en l'absence de traitement, risque de passage vers la phase chronique tertiaire). 
Le traitement
L’antibiotique de choix est la Doxycycline, sur une durée de 4 semaines et parfois plus (ne pas hésiter à adresser en consultation dans un service de maladies infectieuses+++ les personnes atteintes). 
Les formes compliquées seront traitées dans les services de maladies infectieuses par de la Ceftriaxone (céphalosporine de 3ème génération).