La pratique du rugby, sport collectif de combat et de contact par excellence, expose les joueurs à des traumatismes aigus du rachis cervical qui pour être rares n'en sont pas moins gravissimes quand ils entraînent des lésions médullaires. Quant aux micro-traumatismes chroniques du rachis cervical, en particulier chez les joueurs de 1ère ligne, ils peuvent devenir préoccupants avec le temps. A noter que les problèmes cervicaux dans le rugby pro, autorisent les clubs à utiliser un joker médical (même chose en cas de rupture du ligament croisé antérieur du genou).
Il faut savoir que si les chiffres des décennies passées concernant les accidents du rachis cervical étaient vraiment alarmants, depuis les modifications des règles: interdiction des mêlées écroulées , de l'empilage dans les mêlées ouvertes, des entrées en mêlée sur commandement de l'arbitre, des sanctions plus dures du jeu dangereux (placages cathédrale, cravates) etc, ont fait baisser de façon spectaculaire les accidents dans la plupart des phases de jeu.
cravate
placage dangereux
placage cathédrale |
Mêlée effondrée |
Malgré tout avec l'intensification de la préparation physique et la généralisation de la musculation, le jeu de rugby devenu extrêmement physique (percuter l'adversaire à pleine vitesse plutôt que chercher à l'éviter, même pour les lignes arrières) est source potentielle d'accidents cervicaux en particulier chez les plus jeunes à la technique individuelle encore rudimentaire et au gainage musculaire insuffisant.
Ces traumatismes
cervicaux en particulier chez les jeunes sont source d'entorses (fort heureusement pour la plupart bénignes) clairement en rapport avec le style de jeu qui est celui de gagner du terrain sur l'adversaire en percutant. En prévention, faut-il revenir à un jeu avec plus d'évitement et de jeu au pied? Pour moi, médecin du rugby, la réponse est évidente.
Se pose aussi de manière cruciale, la visite médicale annuelle d'aptitude à la pratique du rugby (des plus jeunes jusqu'aux Pro), la moindre malformation
congénitale passée inaperçue faisant courir un risque à celui qui en est atteint. Mais aussi parce que le rachis cervical, en
particulier celui des premières lignes, vieillit très vite et il convient de rester vigilant. C'est dire s'il faut
chez tout rugbyman lors de la visite d'aptitude:
- commencer par traquer toute anomalie clinique (asymétrie
de pouls, côte cervicale, etc) qui peuvent faire suspecter une malformation cervicale associée.
- rendre systématique le bilan
radiographique cervical qui servira au dépistage d'une
malformation potentielle mais aussi d'élément
comparatif de base en cas de traumatisme cervical aigu et pour l'après rugby, d'élément de suivi de la pathologie
cervicale chronique.
II- TRAUMATOLOGIE
CERVICALE AIGUE
Les traumatismes
cervicaux aigus se font de préférence en Rugby par mécanisme en hyper-flexion (mêlées relevées,
placage de face tête première) ou en hyper-extension (mêlées effondrées, placage
haut ou cravate)
associé à une composante de compression et rotatoire. Dans les placages à
retardement, le joueur n'est plus
en vigilance musculaire et la musculature péri cervicale n'est plus bien contrôlée.
1-Les luxations
cervicales
Elles sont rares mais dramatiques. Elles s'accompagnent de tétraplégie, variable en fonction du niveau de l'atteinte: ce sont les grands blessés du rugby ou selon la formule de Laurent Seigne "partir le matin avec un sac de sport et revenir sur un fauteuil roulant".
On comptait en France en 1997, 107 grands blessés du rugby. A noter la solidarité du monde du Rugby qui par l'intermédiaire de la Fondation Albert Ferrasse (ex président de la FFR) porte secours aux handicapés physiques à la suite d'un accident survenu au cours d'une manifestation officielle de la FFR.
luxation du rachis cervical inférieur |
2- Le plus délicat, car nombreux sont les pièges, sont les entorses cervicales graves
Lors d'une entrée en mêlée par exemple avec sensation de craquement et gêne fonctionnelle locale à type de contracture mais avec parfois peu ou jamais de signe neurologique. Cela impose immédiatement le retrait du joueur de l'aire de jeu, la pose obligatoire d'une minerve et un bilan radiographique ou scannographique qui sera presque toujours "normal" c'est à dire exempt de lésion osseuse, mais il ne faudra surtout pas oublier de refaire ce bilan d'imagerie quelque jours après le traumatisme, juste le temps qu'il faut à la contracture locale de céder.
Le bilan radiographique dynamique différé reste le plus performant pour le diagnostic d'entorse grave en révélant un petit écart inter- épineux (1), une petite cyphose discale (4), un petit déboîtement articulaire (2) et un anthé-listhésis. En urgence ce bilan dynamique n'est pas conseillé, le joueur a mal et la contracture globale fait bouger partout sauf au bon endroit. Si le diagnostic d'entorse grave n'est pas fait, c'est la sub-luxation cervicale assurée.
Ces hernies cervicales aigues se présentent cliniquement sous la forme d'une névralgie cervico-brachiale et se rencontrent préférentiellement chez les
talonneurs.
La lésion est confirmée au mieux par I'IRM (hernie molle) et la sanction chirurgicale suit généralement.
III - LA MICROTRAUMATOLOGIE CERVICALE
Elle est responsable d'une cervicarthrose précoce, conséquence de l'augmentation du temps passé à s'entraîner et à jouer ( parfois 40 mêlées par match ) avec signes de dégénérescence osseuse et discale pour 70 à 8O% des joueurs de la 1ère ligne .
La symptomatologie va de la simple raideur cervicale avec cervicalgies à la cervico-brachialgie, voire à la névralgie cervico-brachiale.
Les radiographies mettent en évidence :
- des modifications de la courbure cervicale (rachis rectiligne voire lordose inversée)
La lésion est confirmée au mieux par I'IRM (hernie molle) et la sanction chirurgicale suit généralement.
III - LA MICROTRAUMATOLOGIE CERVICALE
Elle est responsable d'une cervicarthrose précoce, conséquence de l'augmentation du temps passé à s'entraîner et à jouer ( parfois 40 mêlées par match ) avec signes de dégénérescence osseuse et discale pour 70 à 8O% des joueurs de la 1ère ligne .
La symptomatologie va de la simple raideur cervicale avec cervicalgies à la cervico-brachialgie, voire à la névralgie cervico-brachiale.
Les radiographies mettent en évidence :
- des modifications de la courbure cervicale (rachis rectiligne voire lordose inversée)
L'IRM ( examen complémentaire le plus performant) montre une hernie discale vraie qui pour Saillant et Bénazet toucherait 35% des rugbyman de 35 ans et visualise l'indice médullo/canalaire ou rapport IRM entre largeur de la moelle épinière et largeur du canal médullaire prédictif de conflit ostéo-médullaire potentiel.
La conduite à tenir est de faire rejouer ceux qui n'ont pas d'atteinte médullaire. Pour les autres, dès qu'il y a eu souffrance médullaire avec paralysie de 2 secondes qui récupère, le risque de non récupération ultérieure oblige à leur interdire définitivement le rugby.
Rachis cervical des 1ères lignes (d'après Berge)
1-IRM d'un rubyman de l'élite française
2- rugbyman de I'hémisphère sud du même âge ayant pratiqué le rugby plus jeune et plus intensément
3-IRM d'un ancien joueur montrant une cervicarthrose sévère.
Traitement manuel dans le respect des règles (avec des indications, des précautions d'emploi et des contre indications formelles)
Cette micropathologie cervicale répond bien, du moins à son début, aux thérapeutiques manuelles et en particulier aux manipulations vertébrales cervicales qui doivent rester dans l'arsenal thérapeutique de médecins spécialement formés et obéissant aux règles de sécurité bien codifiées par Robert Maigne et Philippe Vautravers et la SOFMMOO (société française de médecine manuelle-ostéopathie).
Cette micropathologie cervicale répond bien, du moins à son début, aux thérapeutiques manuelles et en particulier aux manipulations vertébrales cervicales qui doivent rester dans l'arsenal thérapeutique de médecins spécialement formés et obéissant aux règles de sécurité bien codifiées par Robert Maigne et Philippe Vautravers et la SOFMMOO (société française de médecine manuelle-ostéopathie).
Technique en détorsion |
Il y a plusieurs choses à retenir:
1- L'intérêt inestimable pour certains au niveau diagnostique, de la radiographie
dynamique qui mettra en évidence la déstabilisation du rachis en cas de traumatisme cervical aigu en
montrant " que ça bouge ou que ça
ne bouge pas ".
2- L'indice de Torg (1985) qui est le rapport entre la distance du
canal médullaire/ sur le canal
vertébral; un indice inférieur à 0,8 signe que le liseré de sécurité qu'est le
canal céphalo-rachidien est diminuée et qu'une partie de la réserve de l'espace péri-médullaire a été mangée, si bien que le moindre
traumatisme va s'avérer
plus catastrophique si l'on a épuisé toute ces réserves .