Dopage et Rugby, ou comment trop de muscles, très souvent artificiellement acquis, tuent les muscles, fragilisent les tendons et les ligaments, surchargent les articulations, induisant à quelques exceptions près, un jeu essentiellement axé sur le défi physique et les percussions, voire même les collisions et leurs cortèges de commotions cérébrales (même si le protocole commotion est médicalement parlant un modèle du genre, mais hélas, ne s'opposant pas à ses causes, est sans effet de prévention) et de macro et micro-traumatologie, sans que pas grand monde s'en émeuve et surtout pas ceux qui commentent les matches, qu'ils soient journalistes sportifs ou anciens internationaux et au final ce trop de muscles dénature notre sport.
Alors que ce n'était pas la peine tellement il était supérieur à tous les autres, longtemps je n'ai pas voulu croire que Jonah Lomu, le plus formidable joueur de rugby de tous les temps se soit un jour dopé, mais il y a pourtant de grandes chances que oui, comme rapporté plus bas par le Midol. Et portant à ce joueur exceptionnel, dame nature avait donné un physique impressionnant et admirablement bien proportionné, un rapport poids/vitesse de course optimal et des qualités techniques et un sens tactique incomparables. Hélas, Jonah avait un système rénal en très mauvais état, a subi une greffe rénale en Juillet 2004, et a rechuté en 2011.
Le journal du rugby "MIDI OLYMPIQUE" du 14 décembre 2015 laisse entendre que l'hérédité n'aurait rien à voir avec sa maladie rénale et que Jonah aurait bel et bien pris des stéroïdes, tout comme l'autre ailier des Auckland Blues Joéli Vidiri, atteint également d'insuffisance rénale. Et que dire de la génération 1995 des Springboks, vainqueurs de la coupe du monde cette même année: le 3ème ligne aile Ruben Krugen décédé à 39 ans d'une tumeur maligne du cerveau, l'autre 3ème ligne aile André Venter atteint depuis 2006 d'une myélite inflammatoire transverse de la moelle épinière, le demi de mêlée Joost Van der Westhuyzen atteint depuis 2011 de la maladie de Charcot (sclérose latérale amyotrophie de la moelle épinière) ?
L'article qui suit sur Dopage et Rugby est volontairement polémique, sa seule prétention est de faire prendre conscience à tous les amateurs de ce sport magnifique que je défendrais toujours bec et ongles, qu'il est sur une pente glissante à cause des gabarits hors normes induits par une musculation outrancière des joueurs qui le pratiquent à haut niveau. Ces gabarits, sans pouvoir pour l'instant médico-légalement prouver qu'ils sont liés à la prise de substances dopantes anabolisantes, n'ont pas l'air naturels et beaucoup de joueurs bodybuildés à l'extrême sont très loin d'avoir l'allure et le talent de Jonah Lomu. Leurs masses musculaires ferment la porte à ceux qui préconisent un rugby avec davantage d'évitement et moins violent, le seul susceptible de réduire la macro-traumatologie et les micro-traumatismes répétés induits par des méthodes de musculation non physiologiques proposées par les apprentis sorciers que sont devenus beaucoup de préparateurs physiques, avec des prises de poids rapides de 10 à 20 kilos sans que les médecins, les coaches et les présidents de club trouvent pour l'instant à redire et pourtant c'est de l'avenir du rugby et de la préservation de la santé de nos joueurs dont il s'agit.
L'article qui suit sur Dopage et Rugby est volontairement polémique, sa seule prétention est de faire prendre conscience à tous les amateurs de ce sport magnifique que je défendrais toujours bec et ongles, qu'il est sur une pente glissante à cause des gabarits hors normes induits par une musculation outrancière des joueurs qui le pratiquent à haut niveau. Ces gabarits, sans pouvoir pour l'instant médico-légalement prouver qu'ils sont liés à la prise de substances dopantes anabolisantes, n'ont pas l'air naturels et beaucoup de joueurs bodybuildés à l'extrême sont très loin d'avoir l'allure et le talent de Jonah Lomu. Leurs masses musculaires ferment la porte à ceux qui préconisent un rugby avec davantage d'évitement et moins violent, le seul susceptible de réduire la macro-traumatologie et les micro-traumatismes répétés induits par des méthodes de musculation non physiologiques proposées par les apprentis sorciers que sont devenus beaucoup de préparateurs physiques, avec des prises de poids rapides de 10 à 20 kilos sans que les médecins, les coaches et les présidents de club trouvent pour l'instant à redire et pourtant c'est de l'avenir du rugby et de la préservation de la santé de nos joueurs dont il s'agit.
Beaucoup de sports à haute exigence physique sont confrontés à cette problématique de prise de substances dopantes et il est impératif que chacun d'entre eux balaye vigoureusement devant sa porte et certaines fédérations sportives le font sans réserve. Et si nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer les dérives à l'esprit sportif, peut être qu'alors la devise du poète latin Juvenal "Mens sana in corpore sano: un esprit sain dans corps sain" sera à nouveau d'actualité et la santé des sportifs de toute discipline, enfin préservée.
Dopage et Rugby.
Après le livre de Laurent Bénézech, cet ancien pilier du XV de France qui ose briser l'omerta et pose la question: "rugby, où sont tes valeurs?" et à la lecture du livre très bien écrit et admirablement bien documenté de Pierre Ballester "rugby à charge", c'est le troisième KO dans mon histoire personnelle. Le premier, j'avais 13 ans, sur un violent coup de poing asséné par derrière, lors d'une rixe entre gamins de mon village; le deuxième, j'avais 18 ans, lors d'un match de sélection junior en coupe de l'Avenir ou je défendais les couleurs de ma région natale, le Roussillon; le troisième hier ou je m'aperçois que notre sport, le rugby, le sport roi, le sport que j'ai pratiqué dans la lignée de mon père et de mon grand père, le rugby que j'ai tant aimé et que j'aime tant, celui que je croyais indéfectiblement porteur de tant de valeurs, celui qui a structuré ma vie et a forgé mon caractère bien trempé, serait devenu à son plus haut niveau, un sport de violence, pratiqué par une majorité de tricheurs et défendu par des menteurs et des hypocrites qui nient les évidences: blessures graves à répétition, poids de corps élevés, morphotypes bodybuildés contre-productifs. Notre rugby ne va pas bien: absence de résultats de notre 15 de France, coaches désemparés, forts soupçons de dopage à tous les étages, vision à court terme, médiatisation imbécile sans véritable travail critique, budgets pharaoniques de certains clubs et donc rugby à 2 vitesses qui n'est plus basé sur le recrutement national, joueurs importés à prix d'or aux postes clés et au détriment de nos meilleurs jeunes qui manquent de temps de jeu, ennui profond devant ce jeu stéréotypé et sans imagination. Bref le rugby va dans le mur, ceux qui dénoncent les dérives sont systématiquement accusés de rechercher une quelconque notoriété et cloués au pilori, alors qu'ils ne défendent que l'intérêt supérieur du rugby et ses valeurs. Et pendant ce temps, les seuls légitimes pour faire bouger les lignes, je parle de ces anciens grands joueurs qui nous ont tant fait rêvé, restent arc boutés sur leurs certitudes et leurs pré-carrés. Et puis n'en jetez plus, certains parmi les plus prestigieux internationaux de 86, accusés d'avoir pris des amphétamines selon les affirmations d'un ex médecin fédéral, s'estiment diffamés et vont porter plainte; tant mieux, que la justice fasse son travail et qu'on en finisse; en attendant la vérité, si vérité existe, notre rugby, jadis exemplaire, a, jusqu'à preuve judiciaire du contraire, tout l'air d'être frelaté, inconséquence de médecins qui ont joués aux apprentis sorciers au service d'un système qui se pensait au dessus des lois; dégoût profond si jamais la justice venait à débouter les plaignants.
Philippe Sella, qui fut et reste l'un des meilleurs 3/4 centre, avec Jo Maso, que le rugby Européen ait produit, outré par les propos du livre de Ballester, va déposer un recours devant la justice. Mettre en cause Philippe Sella, Pierre Berbizier et Serge Blanco qui n'avaient assurément pas besoin d'amphétamines pour briller de 1000 feux, paraît en effet surprenant, tellement ces 3 joueurs ont été exemplaires dans leur parcours de sportif de haut niveau et d'homme. Mais le livre de Pierre Ballester, ce n'est pas du tout un coup marketing comme on peut déjà l'entendre ça et là, mais un grand coup de pied dans la mare absolument salutaire, tellement le rugby est menacé dans son essence même.
Je vous livre au passage, les quelques lignes qui dérangent : "Les amphétamines ont toujours existé dans le rugby (…). Dans les années 1970, des équipes entières en prenaient (…). Ce n’était pas interdit (…) On en trouvait partout », raconte le docteur Jacques Mombet, médecin du SU Agen de 1960 à 1975, puis du XV de France pendant vingt ans, de 1975 à 1995. Quand il évoque les joueurs du XV de France, le docteur Mombet ajoute : «Ils avaient chacun leur pilule devant leur assiette lors du repas d’avant match. C’était comme ça à tous les matches. Du Captagon surtout, du Maxiton parfois (…) C’était systématique (…) Ils étaient libres d’en prendre ou pas.» A la question : «Même les Blanco, Sella, Berbizier, que vous tenez en haute estime ?», le docteur Mombet répond. : «Non, pas eux. Ou alors, c’était très exceptionnel.»
Une prise d'amphétamine type Captagon, est effectivement capable de fausser le résultat d'un match de rugby, comme tout amphétaminique il gomme la fatigue et a un impact direct et conséquent sur la performance physique, mais avec un revers de la médaille non négligeable, celui d'induire une perte de la maîtrise de soi, vecteur de brutalités et les pénalités qui vont avec et donnant un sentiment d'invulnérabilité, elles faussent le jugement et altèrent la lucidité. Sûreté du jugement et lucidité étant les qualités psychologiques absolument indispensables pour un demi de mêlée, un arrière et un trois quart centre, trois postes clés dans le dispositif tactique d'une équipe de rugby et prendre des amphétamines pour des lignes arrières me semble être d'un non sens absolu, et pourtant Sella, Blanco et Berbizier, trois légendes absolues du rugby français, sont pointés du doigt par le Dr Mombet qui n'est pas n'importe qui.
Une enquête britannique révèle (voir plus bas), des prises d'anabolisants associés à des compléments alimentaires protéinés et leurs impacts durables sur l'hypertrophie musculaire et par tant leurs effets délétères sur l'organisme et tout particulièrement sur le système ostéo-articulaire (voir en fin d'article la mise en garde des Prs Rivière et Mansat). La prise concomitante de ces produits ayant un impact direct sur la masse musculaire, avec des prises de poids rapides pouvant aller jusqu'à 20 kilos, voire plus, induisant un jeu tout en puissance fortement traumatisant avec à court terme un très grand nombre de lésions musculaires, tendineuses et ligamentaires graves (de type rupture) et à moyen et long terme des problèmes de santé majeurs compte tenu des effets délétères sur le psychisme, le coeur, le foie et les reins.
Mon Expérience de médecin de l'USAP Perpignan
Médecin de l'USAP Perpignan de 1975 à 1982, je faisais aussi partie du pool des trop rares médecins jeunesse et sport impliqués dans la lutte contre le dopage en particulier dans le cyclisme (à l'époque dans le collimateur des pouvoirs publics, depuis le drame de Tom Simpson dans le Mont Ventoux en 1967). J'étais aussi très impliqué dans l'Athlétisme et la Gym. Je veillais particulièrement au grain, les amphétamines comme le Captagon ou le Maxiton, les Corticoïdes, le Guronsan, des Anabolisants étaient détournés de leur usage thérapeutique et circulaient sous le manteau dans le milieu sportif; impliqué dans la lutte anti dopage, j'en étais parfaitement informé par ma hiérarchie Jeunesse et Sports; circulaient également, les Anorexigènes (coupes faims) substances proches des amphétamines, il fallait être mince et en forme.
Donner du Captagon ou des coupes faims à mes joueurs et plus spécialement à mes avants, ou un stimulant quelconque, (c'était non contrôlé) aurait été aller contre mes convictions les plus profondes, renier mon serment d'Hippocrate et surtout mettre en grand danger mes joueurs et leurs adversaires et en particulier mes chers avants, dont la plupart étaient capables de mettre leur tête, là, ou personne de censé n'aurait osé mettre le bout de son pied. Nous avions à peu de chose près le même âge, la même passion pour notre sport, trois fois par semaine je m'entraînais avec eux, le dimanche j'étais dans les vestiaires, en secret j'admirais leur courage et pour certains leur témérité m'impressionnait. Je connaissais par coeur leur physiologie, leur mental, leurs points forts et leurs points faibles et toute prise de substance illicite aurait aussitôt attiré mon attention. Je protégeais certains d'entre eux dont la personnalité était limite et m'élevais quand il le fallait, contre l'environnement managérial, le public, les médias, qui exigeaient d'eux toujours plus. J'avais toute leur confiance et celle de notre coach André Quilis et de notre président Noel Brazès. Hélas pour nous, il y eu toujours en travers de notre route, le grand Béziers de Raoul Barrière, son paquet d'avant de folie, ses demis diaboliques et son arrière funambule, mais hélas aussi à en croire certains, des relents de prise de Captagon avant certains matchs, qu'il ne sera jamais possible de confirmer. Des fois ça s'est joué à presque rien. C'était une autre époque, celle ou l'on se faisait découper en deux pour ses couleurs sans se plaindre et pour des clopinettes, l'argent comptant bien peu. Le lundi matin sans barguigner on était tous au boulot, on ne passait pas à la télé, on ne nous demandait rien, excepté d'être des hommes, des vrais, des dopés, en ce temps là, dans cette équipe de l'USAP, s'il y en avait et je ne peux malheureusement pas le certifier, ça se faisait derrière mon dos. Avec cette équipe, entre 75 et 82, nous n'avons jamais gagné de titres, mais je suis fier de voir que 40 ans après la finale de 1977, quand nous nous retrouvons autour d'une bonne table, la plupart des joueurs sont encore en bonne santé et ça sincèrement la plupart d'entre eux me le doivent.
Voici une anecdote significative de cette époque: beaucoup de cyclistes de cette époque, alors que j'étais le seul spécialiste de médecine du sport reconnu sur Perpignan, me reprochaient de ne jamais prescrire de produits stimulants: "Docteur, m'a dit l'un deux, ne vous étonnez pas si aucun d'entre nous ne vient plus vous consulter, vous ne savez pas nous soigner, vous ne serez jamais riche"; ce cycliste, qui n'a jamais dépassé le niveau régional, préférait consulter un de mes confrères à la réputation douteuse, qui officiait du côté de Bordeaux, se remplissait les poches avec ses ordonnances sensées corriger les déséquilibres biologiques des sportifs et qui au final a eu maille à partir avec la justice et le conseil de l'ordre des médecins.
Dernière minute (tiré du quotidien sportif l'équipe) Avant d'attaquer frontalement en justice le livre de Pierre Ballester, tous ceux qui nient les évidences, devraient s'imprégner des lignes qui suivent, rapportées par le grand quotidien français du sport l'équipe, le dopage, n'étant évidemment pas qu'un mal français.
"Une enquête devrait faire beaucoup de bruit et qui risque de ternir un peu l’image du rugby anglo-saxon. Nicole Sapstead, directrice de l’Agence anti-dopage britannique (UKad), a révélé au Guardian, une inquiétante augmentation de l’utilisation de stéroïdes chez les jeunes sportifs. Le rugby n’est pas le seul sport cité, mais il est un des principaux dans lesquels des abus ont été constatés. A l’approche de la Coupe du monde de rugby (18 septembre – 31 octobre), Sapstead avance qu’elle a constaté des dérives touchant même des jeunes à peine âgés de 14 ans. C'est un problème de santé publique.
Sur les 15 cas de dopages constatés par l’UKad, 13 viennent du monde du rugby (à XV ou à XIII). Et certains cas ne sont pas vraiment des anonymes. En effet, Sam Chalmers, fils de l’ancien international écossais Craig, a été testé positif à deux stéroïdes lors d’un rassemblement de l’équipe d’Ecosse des moins de 20 ans en mai 2013. «La prise de stéroïdes anabolisants a explosé dramatiquement ces dernières années. En partie parce qu’ils sont très facilement trouvables sur Internet», annonce Nicole Sapstead. La directrice de l’UKad est cependant persuadée qu’aucun test ne sera positif durant la Coupe du monde. Mais en fait, sa principale préoccupation concerne les jeunes sportifs, les aspirants au haut niveau. «Comme dans d’autres sports, ils sont prêts à repousser leurs limites par n’importe quel moyen pour arriver à franchir le cap qui leur permettrait de devenir professionnel».
L’inquiétude de Sapstead rejoint celle de ceux qui considèrent que le problème du dopage ne concerne pas forcément les plus hauts niveaux du sport britannique, mais la formation, où la concurrence est encore plus dure car personne ne veut rester sur le bas-côté et manquer une opportunité de vivre une vie de sportif de haut niveau. «Quand il s’agit de prise de stéroïdes, nous cherchons dans les niveaux inférieur du sport, annonce Sapstead. Mais ce n’est même plus un problème lié au sport ou au dopage, c’est devenu un problème de santé publique. Les responsables de l’éducation et de la santé doivent également s’impliquer.»
Le rugby doit être exemplaire. De fait, de nombreuses voix s’élèvent en Grande-Bretagne pour dénoncer une génération de sportif qui prendrait des stéroïdes comme d’autres prenaient du Guronsan. Les professionnels de la santé dénoncent également un certain narcissisme, qui pousse à faire n’importe quoi pour se sculpter le corps de ses rêves. Avec les dérives que cela peut entraîner. «C’est très dangereux pour leur santé, prévient Sapstead. Il nous arrive d’intercepter des colis qui contiennent des choses qui n’étaient pas du tout ce qui avait été commandé. De plus, les laboratoires clandestins n’offrent aucune garantie de qualité ou d’hygiène dans la fabrication de leurs produits. C’est prendre un énorme risque avec sa santé.»
Inquiète, la directrice de l’UKad voudrait que l’accent soit mis sur la prévention et l’éducation des jeunes afin qu’ils comprennent le danger qu’il y a à prendre des stéroïdes. Un souhait partagé par Debbie Jevans, directrice exécutive de England 2015 World Cup:«En tant que sport au sommet de sa popularité, le rugby doit avoir valeur d’éducation. Il faut comprendre que le meilleur moyen d’y arriver est de s’entraîner dur, très dur, de donner tout ce que l’on a et de ne pas se laisser tenter par les chemins de traverse. N’hypothéquez pas votre santé."
Voici ce qu'écrivaient 2 grands spécialistes de la médecine et traumatologie du sport en 2008, les Prs Daniel Rivière et Christian Mansat de Toulouse, tous 2 anciens rugbymen et amoureux du beau rugby. L'accident musculaire constitue le risque inhérent au sport de haut niveau, que Pierre de Coubertin définissait comme « le culte volontaire et habituel de l’exercice musculaire intensif, appuyé par le désir de progrès et pouvant aller jusqu’au risque » et la bonne question est de savoir (D. Rivière, professeur de médecine sportive) jusqu’où peut-on accepter ce risque? L’accroissement de la masse musculaire qui pousse un grand nombre de sportifs à utiliser des moyens non naturels a pris le pas sur la prévention des accidents et le « trop de muscles » va finir par tuer le muscle.
Le Toulousain, professeur de chirurgie orthopédique Christian Mansat, résume parfaitement la problématique des accidents tendino-musculaires: "dans la plupart des statistiques publiées depuis un certain nombre d’années et surtout dans certains sports, il apparaît une augmentation significative du nombre de lésions musculaires et tendineuses et par voie de conséquence, une altération des structures articulaires. Près de 30 % de ces lésions musculaires et tendineuses sont observées au décours d’un entraînement. Elles sont surtout topographiées au niveau du membre inférieur (90 %). Le traumatisme extrinsèque (contacts plus ou moins violents) est le plus souvent évoqué. Ces lésions musculaires intrinsèques représentent plus de la moitié des accidents sportifs avant l’entorse du genou. Rappelons que le muscle est une structure complexe, adaptée à la transformation d’énergie chimique en énergie mécanique. Ses principales qualités sont la vitesse, l’endurance, la vigilance et la viscoélasticité. Ces qualités sont en rapport avec :
- la structure biomécanique propre (fibre musculaire et structure conjonctive)
- l’activité métabolique des différentes fibres (I : oxydative endurante, Ia : oxydative et glycolytique, Ib : glycolytique force durée brève)
- le système neuromusculaire qui permet de régler les activités réflexes automatiques et volontaires.
Ces accidents musculaires et tendineux sont devenus pénalisants pour les athlètes et leur club. Nous avons, en France, le triste privilège d’avoir, dans certains sports (rugby, athlétisme) le pourcentage le plus élevé. Le rôle de l’équipe médicale, paramédicale, des préparateurs et de l’entraîneur est d’essayer de penser à la prévention et d’évaluer les facteurs de risque en mettant en place une réelle prophylaxie. Il est licite de se poser la question concernant la responsabilité de certaines méthodes d’entraînement basées sur un excès de travail musculaire, souvent inadapté aux différents sports. Le travail musculaire doit être finaliste, il doit être adapté au sport pratiqué. Est-il nécessaire, dans certains sports d’avoir de « gros muscles » pour devenir un champion ? L’hypertrophie musculaire est synonyme de fragilité tendino-musculaire. A cette obésité musculaire générale ou locale, il faut associer, hélas, le corollaire, la diététique en particulier, les régimes hyper-protidiques avec ses conséquences volumétriques, densitométriques, endocriniennes, rénales, hépatique.
Cette stratégie nutritionnelle hyper-protidique se fait aux dépens de l’équilibre énergétique, différente selon le type d’exercice : force, vitesse, endurance. Le régime diététique du sportif doit être équilibré qualitativement et quantitativement sans oublier le rôle respectif indissociable des glucides, des lipides et des protides. Il faut savoir garder une juste répartition équilibrée : eau, glucides (50 %), lipides (30 %), protides (15 %). Le tissu adipeux ne doit pas être banni aux dépens des protides, il fait la forme et les formes. Ne pas oublier que trop de muscles tue le muscle, fragilise le tendon et surcharge l’articulation".
Une prise d'amphétamine type Captagon, est effectivement capable de fausser le résultat d'un match de rugby, comme tout amphétaminique il gomme la fatigue et a un impact direct et conséquent sur la performance physique, mais avec un revers de la médaille non négligeable, celui d'induire une perte de la maîtrise de soi, vecteur de brutalités et les pénalités qui vont avec et donnant un sentiment d'invulnérabilité, elles faussent le jugement et altèrent la lucidité. Sûreté du jugement et lucidité étant les qualités psychologiques absolument indispensables pour un demi de mêlée, un arrière et un trois quart centre, trois postes clés dans le dispositif tactique d'une équipe de rugby et prendre des amphétamines pour des lignes arrières me semble être d'un non sens absolu, et pourtant Sella, Blanco et Berbizier, trois légendes absolues du rugby français, sont pointés du doigt par le Dr Mombet qui n'est pas n'importe qui.
Une enquête britannique révèle (voir plus bas), des prises d'anabolisants associés à des compléments alimentaires protéinés et leurs impacts durables sur l'hypertrophie musculaire et par tant leurs effets délétères sur l'organisme et tout particulièrement sur le système ostéo-articulaire (voir en fin d'article la mise en garde des Prs Rivière et Mansat). La prise concomitante de ces produits ayant un impact direct sur la masse musculaire, avec des prises de poids rapides pouvant aller jusqu'à 20 kilos, voire plus, induisant un jeu tout en puissance fortement traumatisant avec à court terme un très grand nombre de lésions musculaires, tendineuses et ligamentaires graves (de type rupture) et à moyen et long terme des problèmes de santé majeurs compte tenu des effets délétères sur le psychisme, le coeur, le foie et les reins.
Mon Expérience de médecin de l'USAP Perpignan
Médecin de l'USAP Perpignan de 1975 à 1982, je faisais aussi partie du pool des trop rares médecins jeunesse et sport impliqués dans la lutte contre le dopage en particulier dans le cyclisme (à l'époque dans le collimateur des pouvoirs publics, depuis le drame de Tom Simpson dans le Mont Ventoux en 1967). J'étais aussi très impliqué dans l'Athlétisme et la Gym. Je veillais particulièrement au grain, les amphétamines comme le Captagon ou le Maxiton, les Corticoïdes, le Guronsan, des Anabolisants étaient détournés de leur usage thérapeutique et circulaient sous le manteau dans le milieu sportif; impliqué dans la lutte anti dopage, j'en étais parfaitement informé par ma hiérarchie Jeunesse et Sports; circulaient également, les Anorexigènes (coupes faims) substances proches des amphétamines, il fallait être mince et en forme.
Donner du Captagon ou des coupes faims à mes joueurs et plus spécialement à mes avants, ou un stimulant quelconque, (c'était non contrôlé) aurait été aller contre mes convictions les plus profondes, renier mon serment d'Hippocrate et surtout mettre en grand danger mes joueurs et leurs adversaires et en particulier mes chers avants, dont la plupart étaient capables de mettre leur tête, là, ou personne de censé n'aurait osé mettre le bout de son pied. Nous avions à peu de chose près le même âge, la même passion pour notre sport, trois fois par semaine je m'entraînais avec eux, le dimanche j'étais dans les vestiaires, en secret j'admirais leur courage et pour certains leur témérité m'impressionnait. Je connaissais par coeur leur physiologie, leur mental, leurs points forts et leurs points faibles et toute prise de substance illicite aurait aussitôt attiré mon attention. Je protégeais certains d'entre eux dont la personnalité était limite et m'élevais quand il le fallait, contre l'environnement managérial, le public, les médias, qui exigeaient d'eux toujours plus. J'avais toute leur confiance et celle de notre coach André Quilis et de notre président Noel Brazès. Hélas pour nous, il y eu toujours en travers de notre route, le grand Béziers de Raoul Barrière, son paquet d'avant de folie, ses demis diaboliques et son arrière funambule, mais hélas aussi à en croire certains, des relents de prise de Captagon avant certains matchs, qu'il ne sera jamais possible de confirmer. Des fois ça s'est joué à presque rien. C'était une autre époque, celle ou l'on se faisait découper en deux pour ses couleurs sans se plaindre et pour des clopinettes, l'argent comptant bien peu. Le lundi matin sans barguigner on était tous au boulot, on ne passait pas à la télé, on ne nous demandait rien, excepté d'être des hommes, des vrais, des dopés, en ce temps là, dans cette équipe de l'USAP, s'il y en avait et je ne peux malheureusement pas le certifier, ça se faisait derrière mon dos. Avec cette équipe, entre 75 et 82, nous n'avons jamais gagné de titres, mais je suis fier de voir que 40 ans après la finale de 1977, quand nous nous retrouvons autour d'une bonne table, la plupart des joueurs sont encore en bonne santé et ça sincèrement la plupart d'entre eux me le doivent.
Voici une anecdote significative de cette époque: beaucoup de cyclistes de cette époque, alors que j'étais le seul spécialiste de médecine du sport reconnu sur Perpignan, me reprochaient de ne jamais prescrire de produits stimulants: "Docteur, m'a dit l'un deux, ne vous étonnez pas si aucun d'entre nous ne vient plus vous consulter, vous ne savez pas nous soigner, vous ne serez jamais riche"; ce cycliste, qui n'a jamais dépassé le niveau régional, préférait consulter un de mes confrères à la réputation douteuse, qui officiait du côté de Bordeaux, se remplissait les poches avec ses ordonnances sensées corriger les déséquilibres biologiques des sportifs et qui au final a eu maille à partir avec la justice et le conseil de l'ordre des médecins.
Dernière minute (tiré du quotidien sportif l'équipe) Avant d'attaquer frontalement en justice le livre de Pierre Ballester, tous ceux qui nient les évidences, devraient s'imprégner des lignes qui suivent, rapportées par le grand quotidien français du sport l'équipe, le dopage, n'étant évidemment pas qu'un mal français.
"Une enquête devrait faire beaucoup de bruit et qui risque de ternir un peu l’image du rugby anglo-saxon. Nicole Sapstead, directrice de l’Agence anti-dopage britannique (UKad), a révélé au Guardian, une inquiétante augmentation de l’utilisation de stéroïdes chez les jeunes sportifs. Le rugby n’est pas le seul sport cité, mais il est un des principaux dans lesquels des abus ont été constatés. A l’approche de la Coupe du monde de rugby (18 septembre – 31 octobre), Sapstead avance qu’elle a constaté des dérives touchant même des jeunes à peine âgés de 14 ans. C'est un problème de santé publique.
Sur les 15 cas de dopages constatés par l’UKad, 13 viennent du monde du rugby (à XV ou à XIII). Et certains cas ne sont pas vraiment des anonymes. En effet, Sam Chalmers, fils de l’ancien international écossais Craig, a été testé positif à deux stéroïdes lors d’un rassemblement de l’équipe d’Ecosse des moins de 20 ans en mai 2013. «La prise de stéroïdes anabolisants a explosé dramatiquement ces dernières années. En partie parce qu’ils sont très facilement trouvables sur Internet», annonce Nicole Sapstead. La directrice de l’UKad est cependant persuadée qu’aucun test ne sera positif durant la Coupe du monde. Mais en fait, sa principale préoccupation concerne les jeunes sportifs, les aspirants au haut niveau. «Comme dans d’autres sports, ils sont prêts à repousser leurs limites par n’importe quel moyen pour arriver à franchir le cap qui leur permettrait de devenir professionnel».
L’inquiétude de Sapstead rejoint celle de ceux qui considèrent que le problème du dopage ne concerne pas forcément les plus hauts niveaux du sport britannique, mais la formation, où la concurrence est encore plus dure car personne ne veut rester sur le bas-côté et manquer une opportunité de vivre une vie de sportif de haut niveau. «Quand il s’agit de prise de stéroïdes, nous cherchons dans les niveaux inférieur du sport, annonce Sapstead. Mais ce n’est même plus un problème lié au sport ou au dopage, c’est devenu un problème de santé publique. Les responsables de l’éducation et de la santé doivent également s’impliquer.»
Le rugby doit être exemplaire. De fait, de nombreuses voix s’élèvent en Grande-Bretagne pour dénoncer une génération de sportif qui prendrait des stéroïdes comme d’autres prenaient du Guronsan. Les professionnels de la santé dénoncent également un certain narcissisme, qui pousse à faire n’importe quoi pour se sculpter le corps de ses rêves. Avec les dérives que cela peut entraîner. «C’est très dangereux pour leur santé, prévient Sapstead. Il nous arrive d’intercepter des colis qui contiennent des choses qui n’étaient pas du tout ce qui avait été commandé. De plus, les laboratoires clandestins n’offrent aucune garantie de qualité ou d’hygiène dans la fabrication de leurs produits. C’est prendre un énorme risque avec sa santé.»
Inquiète, la directrice de l’UKad voudrait que l’accent soit mis sur la prévention et l’éducation des jeunes afin qu’ils comprennent le danger qu’il y a à prendre des stéroïdes. Un souhait partagé par Debbie Jevans, directrice exécutive de England 2015 World Cup:«En tant que sport au sommet de sa popularité, le rugby doit avoir valeur d’éducation. Il faut comprendre que le meilleur moyen d’y arriver est de s’entraîner dur, très dur, de donner tout ce que l’on a et de ne pas se laisser tenter par les chemins de traverse. N’hypothéquez pas votre santé."
Voici ce qu'écrivaient 2 grands spécialistes de la médecine et traumatologie du sport en 2008, les Prs Daniel Rivière et Christian Mansat de Toulouse, tous 2 anciens rugbymen et amoureux du beau rugby. L'accident musculaire constitue le risque inhérent au sport de haut niveau, que Pierre de Coubertin définissait comme « le culte volontaire et habituel de l’exercice musculaire intensif, appuyé par le désir de progrès et pouvant aller jusqu’au risque » et la bonne question est de savoir (D. Rivière, professeur de médecine sportive) jusqu’où peut-on accepter ce risque? L’accroissement de la masse musculaire qui pousse un grand nombre de sportifs à utiliser des moyens non naturels a pris le pas sur la prévention des accidents et le « trop de muscles » va finir par tuer le muscle.
Le Toulousain, professeur de chirurgie orthopédique Christian Mansat, résume parfaitement la problématique des accidents tendino-musculaires: "dans la plupart des statistiques publiées depuis un certain nombre d’années et surtout dans certains sports, il apparaît une augmentation significative du nombre de lésions musculaires et tendineuses et par voie de conséquence, une altération des structures articulaires. Près de 30 % de ces lésions musculaires et tendineuses sont observées au décours d’un entraînement. Elles sont surtout topographiées au niveau du membre inférieur (90 %). Le traumatisme extrinsèque (contacts plus ou moins violents) est le plus souvent évoqué. Ces lésions musculaires intrinsèques représentent plus de la moitié des accidents sportifs avant l’entorse du genou. Rappelons que le muscle est une structure complexe, adaptée à la transformation d’énergie chimique en énergie mécanique. Ses principales qualités sont la vitesse, l’endurance, la vigilance et la viscoélasticité. Ces qualités sont en rapport avec :
- la structure biomécanique propre (fibre musculaire et structure conjonctive)
- l’activité métabolique des différentes fibres (I : oxydative endurante, Ia : oxydative et glycolytique, Ib : glycolytique force durée brève)
- le système neuromusculaire qui permet de régler les activités réflexes automatiques et volontaires.
Ces accidents musculaires et tendineux sont devenus pénalisants pour les athlètes et leur club. Nous avons, en France, le triste privilège d’avoir, dans certains sports (rugby, athlétisme) le pourcentage le plus élevé. Le rôle de l’équipe médicale, paramédicale, des préparateurs et de l’entraîneur est d’essayer de penser à la prévention et d’évaluer les facteurs de risque en mettant en place une réelle prophylaxie. Il est licite de se poser la question concernant la responsabilité de certaines méthodes d’entraînement basées sur un excès de travail musculaire, souvent inadapté aux différents sports. Le travail musculaire doit être finaliste, il doit être adapté au sport pratiqué. Est-il nécessaire, dans certains sports d’avoir de « gros muscles » pour devenir un champion ? L’hypertrophie musculaire est synonyme de fragilité tendino-musculaire. A cette obésité musculaire générale ou locale, il faut associer, hélas, le corollaire, la diététique en particulier, les régimes hyper-protidiques avec ses conséquences volumétriques, densitométriques, endocriniennes, rénales, hépatique.
Cette stratégie nutritionnelle hyper-protidique se fait aux dépens de l’équilibre énergétique, différente selon le type d’exercice : force, vitesse, endurance. Le régime diététique du sportif doit être équilibré qualitativement et quantitativement sans oublier le rôle respectif indissociable des glucides, des lipides et des protides. Il faut savoir garder une juste répartition équilibrée : eau, glucides (50 %), lipides (30 %), protides (15 %). Le tissu adipeux ne doit pas être banni aux dépens des protides, il fait la forme et les formes. Ne pas oublier que trop de muscles tue le muscle, fragilise le tendon et surcharge l’articulation".