jeudi 21 novembre 2013

La capsulite rétractile de l’épaule (Epaule gelée de De Sèze, Frozen shoulder des anglo-saxons)


Une capsule articulaire est un manchon fibreux plus ou moins ténu qui entoure 2 extrémités osseuses assurant une certaine stabilité aux articulations. Cette capsule est renforcée en dehors par des ligaments extra capsulaires et doublée en dedans par une membrane nourricière, la synoviale. Cette membrane synoviale qui tapisse l'intérieur de la capsule des articulations  produit un liquide lubrifiant appelé synovie, qui facilite le glissement des surfaces articulaires.  La capsule de l’épaule présente quelques singularités qui la différencie d’une capsule ordinaire. Très fine et parfois déhiscente à sa partie antérieure (ce qui favorise les luxations), elle est particulièrement lâche et présente des récessus qui augmentent son volume et permettent des mouvements très amples sans coincement.


Physiopathologie
Sans raison (idiopathique) et sans que l’on puisse incriminer de façon formelle un terrain anxiogène, cette capsulite rétractile est l'expression d’un dérèglement du système nerveux sympathique localisé à l’épaule et correspondant à une algo neuro dystrophie (AND) qui peut atteindre parfois l’ensemble du membre supérieur, le syndrome épaule-main. Mais aussi pour tout un tas de raisons (post traumatiques, post affections coronariennes, pulmonaires, diabète, accidents vasculaires cérébraux, prises médicamenteuses: barbituriques, isoniazide, antiprotéases), cette capsule devient fibreuse (capsulite) et s’épaissit, ses récessus se rétractent et la capsule devient inextensible (d’où le qualificatif de capsulite rétractile) entravant fortement les mouvements de l’épaule.
Sur le plan clinique: 2 phases
- une phase chaude au début dont les signes principaux sont la douleur, volontiers nocturne à la phase initiale dite chaude qui dure plusieurs semaines.
- une phase froide ensuite, avec de la raideur progressive (épaule gelée) qui s'installe à la phase d’état, dite froide, qu’il n’est pas toujours facile de distinguer d’une épaule secondairement enraidie sur calcifications sous acromiales ou dans les épaules post traumatiques par fractures de la tête humérale ou de l'extrémité supérieure de l'humérus ou après intervention chirurgicale, et ce d’autant plus qu’un certain nombre de pathologies enraidissantes peuvent se compliquer de capsulite rétractile. Ce qui peut les différencier, c’est l’évolution sous traitement: une pathologie enraidissante s’améliorant substantiellement, tandis que dans une capsulite, l’épaule reste raide et cette raideur met de 1 à 2 ans à disparaître, en laissant parfois des séquelles si la prise en charge en médecine de rééducation est déficiente ou chez les diabétiques.
NB: Les fractures de la tête humérale source de raideur post traumatique et les calcification de l'épaule, source également de raideur de l'épaule sont des diagnostics différentiels de la capsulite de l'épaule en phase froide, mais leur évolution est différente, la raideur se maintient dans la capsule et s'atténue dans les autres étiologies.
Place des examens complémentaires
Les examens complémentaires ne servent pas à grand-chose, le diagnostic étant essentiellement clinique:
- les radiographies de l’épaule sont habituellement normales en dehors d’une déminéralisation régionale qui n’apparaît qu’après quelques mois d’évolution.
- la scintigraphie osseuse montre des images d’hyperfixation diffuse, intense, précoce.
- l’arthrographie est l’examen de certitude (intérêt uniquement si problème médico-légal). Elle est le plus souvent demandée pour des raisons médico-légales et met en évidence l’importante diminution du volume articulaire avec disparition des récessus axillaire et sous-scapulaire.
- le bilan biologique élimine une cause inflammatoire ou infectieuse.
  
La prise en charge
La prise en charge, jamais facile, est au mieux affaire de spécialistes en médecine de rééducation +++
- les douleurs à la phase initiale doivent être contenues par des moyens locaux (cryothérapie) et généraux antalgiques adaptés en fonction de l’EVA (échelle analogique de la douleur qui va de 1 à 10); de 1 à 3 infiltrations peuvent être utiles.
- la rééducation douce et progressive doit être introduite rapidement en restant toujours infra-douloureuse; les thérapeutiques manuelles sont excellentes en phase froide pour obtenir des gains de mobilité.
- la mobilisation sous anesthésie ou mieux l’arthrolyse par voie endoscopique est parfois nécessaire dans les formes traînantes.

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