Le rachis cervical du Lanceur en Athlétisme
Résumé
Les Lancers en Athlétisme, se caractérisent par une phase de lancement dont le temps essentiel est une accélération progressive à l'intérieur de l'aire de lancer et celle de vol dont la hauteur par rapport au sol et la distance seront fonction de la morphologie du lanceur, de ses qualités musculaires, de son niveau technique, de l'angle d'envol par rapport au sol : autour de 42° pour le poids, 35° pour le disque, 34° pour le javelot et 44° pour le marteau (Bartonietz 1993) et des conditions climatiques dans les 3 lancers longs.
Leur pratique (technique, entraînement général et spécifique, compétitions) à haut niveau, sollicite de manière constante la colonne vertébrale cervicale. La connaissance de l'anatomie, de la biomécanique et des différentes forces intervenant pour assurer la stabilité et l'équilibre de cette colonne vertébrale cervicale sont un préalable indispensable à une bonne compréhension des différents mécanismes lésionnels, du diagnostic clinique, de la prise en charge thérapeutique et de la prévention des différentes pathologies cervicale des Lanceurs.
Un suivi médical régulier et des soins constants par des kinésithérapeutes du sport est fondamental pour tout Lanceur de haut niveau et de la précocité et de la précision du diagnostic lésionnel va dépendre la prise en charge la plus adéquate.
Le traitement des différentes pathologies cervicales des Lanceurs est le plus souvent médical conservateur. Sa finalité est l’indolence et la récupération d'une bonne mobilité rachidienne cervicale et à cet effet les manipulations vertébrales y sont d'une efficacité redoutable et comme toujours en médecine manuelle, elles sont exécutées par le thérapeute avec des bras de levier les plus courts possibles pour une meilleure sécurité, dans le paramètre de moindre amplitude, différent suivant les étages : rotation en C0-C1 avec manoeuvre thérapeutique en dérotation, inflexion latérale en C1-C2 avec manoeuvre thérapeutique en désinflexion et torsion à partir de C2-C3 et jusqu'à C7/T1 avec manoeuvre thérapeutique en détorsion (la torsion étant un mélange des 3 paramètres directionnels : sagittal de flexion/extension, frontal d'inflexion latérale et horizontal rotatoire). La libération des paramètres de moindre amplitude s'accompagnent de la libération des autres mouvements régionaux cervicaux de plus grande amplitude, limités du fait de la dysfonction cervicale. Toutefois leurs indications en raison de possibles anomalies anatomiques congénitales ou acquises du rachis cervical et du risque vasculaire lié à la présence des artères vertébrales qui le traverse de part en part, doivent être réfléchies et leurs applications toujours précédées d'un testing pré-manipulatif rigoureux et du respect des règles de sécurité édictées par la SOFMMOO (société française de médecine manuelle, orthopédie et ostéopathie).
Des mesures préventives par un travail isométrique de gainage des muscles cervicaux en parallèle à l'entraînement physique et technique et une surveillance médicale régulière par le médecin de terrain restent les meilleurs moyens pour ne pas tomber dans la blessure cervicale récurrente.
Le rachis cervical est particulièrement exposé dans les Lancers, de par :
- son anatomie assez singulière :
* présence d'un uncus au niveau de son plateau vertébral supérieur, sorte de rail qui guide le mouvement inter-vertébral cervical
* apophyse épineuse bifide
* présence de l'artère vertébrale qui le traverse de part en part dans le canal (foramen) transversaire (images ci-dessous en vue frontale et en coupe)
* sa proximité d'avec la chaine nerveuse du système sympathique
Le système nerveux sympathique cervical supérieur (ganglion cervical supérieur) est proche du rachis cervical supérieur; il innerve les organes sensoriels (appareil audio-vestibulaire, yeux, pharynx, larynx, glandes salivaires, appareil lacrymal et nasal, etc.) de la face et peut se trouver contraint par des contractures cervicales hautes et se manifester cliniquement par des vertiges et bien d'autres manifestations neuro-sensorielles du syndrome de Barré et Liéou.
Rappel : pour une meilleure information du lecteur, rappelons que le système nerveux sympathique cervical supérieur fait partie du système nerveux autonome, lequel régule certains processus physiologiques comme la tension artérielle et le rythme respiratoire. Ce système fonctionne de façon autonome, sans effort conscient de la personne et représente la partie du système nerveux qui est liée aux organes internes, y compris les vaisseaux sanguins, l’estomac, les intestins, le foie, les reins, la vessie, les organes génitaux, les poumons, les pupilles, le cœur, ainsi que les glandes sudoripares, salivaires et digestives.
Il se divise en deux parties principales, les systèmes nerveux sympathique et parasympathique. Ces derniers après avoir reçu des informations au sujet du corps et de l’environnement externe, répondent en stimulant des processus physiologiques en général par le système sympathique, ou en les inhibant en général par le système parasympathique. Dans l’ensemble, les deux systèmes collaborent pour veiller à ce que le corps réagisse de façon appropriée aux différentes situations.
Dans le cas qui nous intéresse, le système sympathique cervical supérieur régule les organes sensoriels de la face et son irritation par une dysfonction vertébrale haute est responsable du syndrome de Barré et Liéou.
- sa très bonne mobilité globale régionale (ci dessous mobilité sagittale en flexion extension) et inter-segmentaire (entre chaque vertèbre cervicale)
- la possibilité de malformations vertébrales cervicales en particulier au niveau du rachis cervical supérieur (jonction cranio-rachidienne+++), que les médecins doivent traquer afin d'éviter maintes complications.
Le foramen arcualé = une parmi d'autres anomalies anatomiques du rachis cervical supérieur. La présence de ce monticule postérieur (anomalie osseuse ou fibreuse), ou d'autres anomalies comme la fermeture de son canal transversaire au niveau de la 1ère vertèbre cervicale peut contraindre l'artère vertébrale, très proche anatomiquement. Cette conformation anatomique, ainsi que les autres possibles anomalies vertébrales cervicales hautes font que toute manipulation vertébrale cervicale haute peut être potentiellement très dangereuse.
- en raison de présence de l'artère vertébrale qui traverse le rachis cervical de part en part, risques potentiels liés aux manipulations vertébrales cervicales (arme thérapeutique sans pareille mais qui ne saurait être laissée entre des mains peu expertes) dans le traitement des problèmes vertébraux cervicaux et dont les indications doivent être minutieusement réfléchies.
Les artères vertébrales se détachent des artères sous clavières, pour remonter dans le cou à travers les trous intertransversaires des vertèbres cervicales et passer dans le crâne pour vasculariser la partie postérieure du cerveau.
Cette artère vertébrale qui remonte dans le canal transversaire, avant de pénétrer dans le crâne au niveau de la 1ère vertèbre cervicale (C1) présente un trajet très sinueux et peut se trouver contrainte par toute manoeuvre thérapeutique (manipulation vertébrale cervicale++) intempestive sur le rachis cervical supérieur.
Risques potentiels des manipulations vertébrales cervicales et recommandations médicales : toute manoeuvre manuelle du rachis cervical est potentiellement dangereuse.
La pathologie
Les cervicalgies
Ce sont des douleurs des régions du cou et de la nuque, quasi constantes chez les Lanceurs. Elles peuvent devenir gênantes et même invalidantes par certaines de leurs complications : céphalées (maux de tête), névralgies cervico-brachiales.
Elles siègent le plus souvent au niveau des étages les plus mobiles du rachis cervical: C4-C5, C5-C6 et C6-C7 (étages qui ont les plus hauts surplombs) et peuvent avoir un caractère aigu, c'est le fameux torticolis.
Le plus souvent elles évoluent à bas bruit avec un tableau douloureux en règle modéré qui s'accompagne d'une limitation fonctionnelle en rotation homolatérale (du même côté que la douleur cervicale) et de contractures musculaires.
Leur évolution se fait par poussées de cervicalgies douloureuses aigues sur un fond douloureux chronique.
Le plus souvent elles évoluent à bas bruit avec un tableau douloureux en règle modéré qui s'accompagne d'une limitation fonctionnelle en rotation homolatérale (du même côté que la douleur cervicale) et de contractures musculaires.
Leur évolution se fait par poussées de cervicalgies douloureuses aigues sur un fond douloureux chronique.
La lésion originale vertébrale cervicale est une discopathie du disque intervertébral qui peut retentir sur les éléments de voisinage: nerf spinal, artère et veine vertébrales avec troubles vasculaires, système nerveux sympathique cervical avec symptomatologie de type Barré et Liéou = ensemble de manifestations neuro-sensorielles de type ophtalmologique, audio-vestibulaire, pharyngé (autant de signes trompeurs avec en particulier des vertiges) s'accompagnant de maux de tête .
Vue schématique du rachis cervical (ici vu de profil). Il est soumis à d'importantes contraintes dans les lancers, source de douleurs, limitations d'amplitude du côté douloureux et pouvant se compliquer de névralgies quand les racines nerveuses qui s'échappent par les foramen de la colonne cervicale sont irritées
Radiographies de face et de profil du rachis cervical
Les névralgies cervico-brachiales (NCB) représentent déjà une complication de la pathologie cervicale
Topographie de la douleur en cas de névralgie d'une racine nerveuse cervicale. Cela correspond à une névralgie cervico-brachiale ou NCB, complication d'une cervicalgie avec irradiation brachiale, trajet spécifique sur un territoire cutané en rapport avec les racines nerveuses C5, C6, C7, C8, T1 et associant troubles sensitif, moteur et réflexe.
Les céphalées (maux de tête) d'origine rachidienne cervicale haute de Robert Maigne
Ces céphalées ont pour origine les 3 premières racines nerveuses cervicales dont les branches postérieures innervent le vertex (C3 est interne, C2 est médian, C1 est externe). En cas d'irritation des branches antérieures la palpation retrouve classiquement:
- des signes d’examen rachidien: empâtement douloureux du massif articulaire postérieur, habituellement C2-C3
- des signes crânio-faciaux: palper rouler douloureux avec pli cutané épaissi notamment au niveau du sourcil, de la tempe, de l’angle maxillaire inférieur, signe du shampoing à l’occiput et plus spécifiquement une zone cellulalgique pour C3 sur le sourcil et la joue du côté de la dysfonction cervicale; pour C2 sur la tempe; pour C1 en temporal sus et rétro auriculaire. Les douleurs localisées le plus souvent au-dessus des yeux et à l’arrière de la tête peuvent s'accompagner de nausées.
Ces céphalées ont pour origine les 3 premières racines nerveuses cervicales dont les branches postérieures innervent le vertex (C3 est interne, C2 est médian, C1 est externe). En cas d'irritation des branches antérieures la palpation retrouve classiquement:
- des signes d’examen rachidien: empâtement douloureux du massif articulaire postérieur, habituellement C2-C3
- des signes crânio-faciaux: palper rouler douloureux avec pli cutané épaissi notamment au niveau du sourcil, de la tempe, de l’angle maxillaire inférieur, signe du shampoing à l’occiput et plus spécifiquement une zone cellulalgique pour C3 sur le sourcil et la joue du côté de la dysfonction cervicale; pour C2 sur la tempe; pour C1 en temporal sus et rétro auriculaire. Les douleurs localisées le plus souvent au-dessus des yeux et à l’arrière de la tête peuvent s'accompagner de nausées.
Les céphalées d’origine cervicale sont très fréquentes et les Lanceurs ont de plus en plus recours aux thérapeutiques manuelles, excepté s'il existe des contre-indications aux manipulations vertébrales cervicales.
A retenir:
Lorsqu’aucune affection organique n’est susceptible de prendre le pas sur une étiologie rachidienne fonctionnelle à ces maux de tête et si le bilan radiographique l’y autorise, un traitement manuel est indiqué qui devrait faire disparaître les signes fonctionnels et les signes d’examen physique.
A retenir:
Lorsqu’aucune affection organique n’est susceptible de prendre le pas sur une étiologie rachidienne fonctionnelle à ces maux de tête et si le bilan radiographique l’y autorise, un traitement manuel est indiqué qui devrait faire disparaître les signes fonctionnels et les signes d’examen physique.
Vertiges et syndrome de Barré et Liéou
Le syndrome de Barré et Liéou est un ensemble de manifestations neuro-sensorielles de type ophtalmologique, audio-vestibulaire, pharyngé qui accompagnent les céphalées cervicales, liées à l'irritation du système nerveux sympathique cervical supérieur avec entre autres des vertiges. Ces symptômes apparaissent rarement tous ensemble. Leur combinaison de même que leur intensité varient selon chaque individu et peuvent inclure des:
- troubles vestibulaires: vertiges+++, étourdissements, particulièrement lors de mouvements rapides du cou, et sensation de perte d’équilibre.
- troubles de l'audition: sensation d’entendre moins bien et bourdonnements ou sifflements dans les oreilles (acouphènes).
- troubles visuels: fatigue visuelle, sensation d’avoir de la poussière dans les yeux ou de voir des petits points dansants.
- troubles pharyngés: sensation d’avoir quelque chose dans la gorge, difficulté à avaler
- troubles des sécrétions: avoir des chaleurs, une transpiration abondante, des sécrétions nasales et lacrymales.
- troubles cérébraux: difficulté à se concentrer, perte de mémoire, anxiété.
- troubles vestibulaires: vertiges+++, étourdissements, particulièrement lors de mouvements rapides du cou, et sensation de perte d’équilibre.
- troubles de l'audition: sensation d’entendre moins bien et bourdonnements ou sifflements dans les oreilles (acouphènes).
- troubles visuels: fatigue visuelle, sensation d’avoir de la poussière dans les yeux ou de voir des petits points dansants.
- troubles pharyngés: sensation d’avoir quelque chose dans la gorge, difficulté à avaler
- troubles des sécrétions: avoir des chaleurs, une transpiration abondante, des sécrétions nasales et lacrymales.
- troubles cérébraux: difficulté à se concentrer, perte de mémoire, anxiété.
L'arthrose cervicale (cervicarthrose) du vieux Lanceur
- souvent muette avec juste une impression de grains de sable avec raideur progressive du cou.
- parfois symptomatique et se manifestant alors par des cervicalgies aigues ou chroniques, ou une NCB.
- possibilité de formes intriquées avec le syndrome de Barré et Liéou.
Autre complication possible, rare mais sévère : la myélopathie cervicarthrosique
Elle correspond a une compression lente de la moelle sur un ou plusieurs étages cervicaux par dégénérescence des disques et des uncus des corps vertébraux cervicaux; elle touche le lanceur âgé avec un mode de début insidieux, parfois progressif, parfois brutal et iatrogène après manipulation cervicale intempestive ou secondaire à un traumatisme en hyper-extension.
Sur le plan clinique il y a association d'un syndrome lésionnel avec mono ou pluri radiculalgie cervico brachiale suivant le niveau de l'atteinte + un syndrome sous lésionnel : syndrome irritatif pyramidal + trouble sensitifs discrets : fourmillements et pseudo algie sciatique.
Les signes d'examen d'une myélopathie
Ils sont majorés à la fatigue , minorés par le repos; 2 signes sont à rechercher : les signes de Lhermitte : décharges électriques le long de la colonne vertébrale provoquées par la flexion de la tête et d'Aboulker (astéréognosie pour les mouvements fins comme se boutonner la chemise par exemple avec impossibilité d'effectuer ces gestes fins).
Signes négatifs : aucun signe d'atteinte supra-médullaire++ ; confirmation diagnostique par radio conventionnelle et IRM++.
Diagnostic différentiel :
La SLA (sclérose latérale amyotrophique) de Charcot avec présence de signes supra-médullaires bulbaires et pseudo-bulbaires.
Elle est l’affaire de toute la filière Haut Niveau et commence pour chaque Athlète par une hygiène de vie irréprochable au niveau alimentation, hydratation et sommeil. Le recours à des compléments alimentaires n’est jamais une nécessité et le dopage doit être combattu de toutes les manières possibles : contrôles sanguins et urinaires réguliers et inopinés, passeport biologique, campagnes de prévention, etc. Pour tout Lanceur nous avons vu le rôle essentiel de la posture dans la gestuelle technique et l’entraînement physique et l'intérêt d’être parfaitement gaîné et pas seulement en lombaire, mais aussi en cervical par un renforcement isométrique des muscles du cou qui ne se discute pas tellement c'est une évidence, si l’on veut tutoyer le très haut niveau. Nous insistons aussi sur les bienfaits d'un travail aérobie, d'un renforcement sur un mode excentrique des muscles rotateurs des ceintures et des 4 groupes musculaires les plus exposés aux claquages musculaires et ce, après étirements préalables et jamais à froid.
Conclusion
L’Athlétisme de haut niveau en général et les Lancers tout spécialement sont des activités sportives parmi les plus exigeantes qui soient et une école de patience. Derrière une performance de niveau international il y a, partagées avec les coachs et l’encadrement technique, des milliers et des milliers d’heures d’entraînement qui sollicitent les appareils ostéo-articulaire et cardio-vasculaire des Athlètes jusqu’à leur extrêmes limites.
Les nombreuses blessures de surcharge (cervicalgies et lombalgies, périostites, pubalgies, tendinopathies, fractures de fatigue, dystrophies de croissance pour les plus jeunes) sont là pour nous rappeler que les limites physiologiques de résistance vertébrale et articulaire sont franchies au détriment des disques intervertébraux, des articulations vertébrales postérieures, de l'isthme de L5 et des cartilages des principales articulations.
Blessures que les staffs médicaux prennent en charge très efficacement quand il s’agit de primo-blessures, mais avec beaucoup plus de difficultés quand elles sont récurrentes. D’où l’impérieuse nécessité de les diagnostiquer dès les premiers signes, de les traiter avant qu’elles n’évoluent défavorablement et surtout de les prévenir.
Les nombreuses blessures de surcharge (cervicalgies et lombalgies, périostites, pubalgies, tendinopathies, fractures de fatigue, dystrophies de croissance pour les plus jeunes) sont là pour nous rappeler que les limites physiologiques de résistance vertébrale et articulaire sont franchies au détriment des disques intervertébraux, des articulations vertébrales postérieures, de l'isthme de L5 et des cartilages des principales articulations.
Blessures que les staffs médicaux prennent en charge très efficacement quand il s’agit de primo-blessures, mais avec beaucoup plus de difficultés quand elles sont récurrentes. D’où l’impérieuse nécessité de les diagnostiquer dès les premiers signes, de les traiter avant qu’elles n’évoluent défavorablement et surtout de les prévenir.
Au final et compte tenu du nombre et de la sévérité potentielle des blessures de surcharge chez les Lanceurs, surtout quand elles relèvent de la chirurgie et comme l'on n'est jamais sûr de guérir à 100%, il serait judicieux d'observer une longue coupure à la fin de chaque saison sportive de manière à bien laisser cicatriser les blessures.
Dr Louis Pallure
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