L'attention, fonction supérieure fragile, a été définie dès 1890 par W. James comme une prise de possession par l'esprit de façon claire, d'un stimulus parmi une foule d'autres. Avec la Mémoire, l'Attention constitue le tonus et un pré-requis de la cognition.
I- Les différents modèles cognitifs:
- modèle de Posner avec un système postérieur pariétal pour l'automatique; un système antérieur frontal pour le volontaire avec organisation d'une réponse adaptée et un système interne cingulaire pour la motivation qui va retenir le stimulus en relation avec les zones de l'éveil et de l'alerte de la substance réticulée.
- modèle de la mémoire de travail de Baddeley permettant la manipulation de la mémoire à court terme, pour des opérations courtes et utiles dans la vie quotidienne.
Elle désigne un ensemble de processus qui permettent de maintenir active l'information nécessaire à l'exécution d' activités cognitives courantes. Elle permet de retenir un certain nombre d'informations durant un temps limité et d'en manipuler les données.
Elle est, elle aussi, dépendante de la capacité attentionnelle que Miller (1956) avait évaluée à 7 ± 2 items.
- modèle de Shallice et Norman et le superviseur de l'attention préfrontal qui coordonne 2 systèmes esclaves, la boucle phonologique et le calepin visuo- spatial pour la rétention de l'information sonore et celle de l'information visuelle.
II- Les modèles opérationnels en clinique:
on retient 3 modèles attentionnels
1- l'Attention sélective: elle permet d’extraire une information pertinente d’un ensemble d’informations de nature plus ou moins comparables en inhibant la réponse des autres stimuli. C’est un filtre au travers duquel les informations doivent être sélectionnées une à une, pour être réellement bien perçues. Les sujets inattentifs éprouvent des difficultés particulières à mobiliser leur énergie sur une tâche qui requiert une démarche systématique de focalisation de l’attention sur les éléments à détecter.
2- l'Attention soutenue: elle amène le sujet à orienter intentionnellement son intérêt vers une source d’information et à maintenir cet intérêt pendant une longue période (de 10 à 30 minutes). Elle permet notamment de détecter ou de réagir à une cible imprévisible parmi des distracteurs: la réponse du sujet ne change pas la probabilité d’apparition du stimulus suivant; la tâche doit être monotone et continue, requérant peu d’effort cognitif, au point de devenir presque automatique. Les sujets hyperactifs-impulsifs éprouveraient de grandes difficultés à maintenir cette attention à un niveau optimal.
3- l'Attention divisée.
C'est une habileté qui est requise pour effectuer simultanément 2 tâches d’attention sélective. Elle demande un niveau plus ou moins élevé de contrôle sur la réponse attendue. Plus les modalités sensorielles sont éloignées, plus l’exécution en est facilitée.
Les tâches seront d’autant plus en compétition qu’elles partagent la même modalité d’entrée ou de sortie et que les exigences de mobilisation cognitive sont élevées dans les deux cas. Les ressources attentionnelles peuvent d’autant mieux se diviser que l’une des tâches requises a déjà fait l’objet d’un apprentissage antérieur.
Rôle de l'activité automatique et de l'activité intentionnelle dans l’attention divisée: plus une tâche est automatisée, plus elle laisse intactes les ressources d’énergie disponibles pour effectuer l’autre tâche de façon simultanée, les automatismes peuvent créer des interférences, venant parasiter les réponses du sujet, c'est l' «effet Stroop».
4- La Capacité attentionnelle
C'est la quantité d’information que le sujet peut retenir d’emblée, à travers toutes modalité
sensorielle, sans mobilisation cognitive particulière. Elle conditionne la rétention de toute l’information. Elle peut être mesurée par l’empan mnésique. Elle est affectée par la fatigue, le stress ou l’état psychologique.
III- Rôle des fonctions exécutives dans l’attention.
Les fonctions exécutives sont impliquées dans le contrôle attentionnel par des
mécanismes d’inhibition et par la flexibilité cognitive qui permettent le déplacement de l’attention d’un objet à un autre. Dans le déficit d’attention c’est surtout le mécanisme d’inhibition des réponses impulsives qui ferait défaut. C’est le plus souvent une mauvaise gestion de ces fonctions qui affecte les enfants qui souffrent d’un déficit d’attention avec hyperactivité.
Les sites anatomiques impliqués
- les aires frontales droites en association avec l’activation du gyrus cingulaire (rôle de maintien de la vigilance et de la motivation) dans les processus attentionnels en général.
- la formation réticulaire ascendante avec ses prolongements à travers les noyaux thalamiques vers les structures frontales droites pour les états d’alerte.
- le cortex limbique pour l'attention soutenue.
- le thalamus en raison de ses étroites connexions avec le cortex visuel à travers le pulvinar pour l'attention sélective.
IV- Évaluation de l’attention
- le questionnaire de Ponsford et de Kinsella dans la vie quotidienne.
- les tests de contrôle mental.
- la vitesse de traitement de l'information et le temps de réaction par le TMT.
- l'empan mnésique auditif et visuel pour la capacité attentionnelle.
- test pour la mémoire de travail: boucle phonologique ou tablette visuo-spatiale.
- le Test of Everyday Attention for Children TEA-Ch.
- le TEA (test d'évaluation de l'attention) chez l'adulte.
V- Rééducation de l'Attention
L'attention est un processus complexe et fragile et les troubles attentionnels doivent être rééduqués spécifiquement, longtemps et les patients motivés, de manière à impacter la vie quotidienne. Il y a des techniques globales de stimulation par jeux vidéos avec capture de cibles en mouvement et d'autres techniques spécifique qui ciblent le déficit sur l'alerte, la vigilance, l'attention sélective et divisée avec suivi par le TEA.
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