mardi 16 janvier 2018

Les blessures de surcharge en Athlétisme de Haut niveau et leur prévention

L’Athlétisme de haut niveau est une des activités sportives les plus exigeantes qui soient et une école de patience. Derrière une performance de niveau international, il y a partagées avec les coachs et l’encadrement technique, des milliers et des milliers d’heures d’entraînement qui sollicitent les appareils ostéo-articulaire et cardio-vasculaire des Athlètes jusqu’à leur extrêmes limites.
Les nombreuses blessures de surcharge (cervicalgies et lombalgies, périostites, pubalgies, tendinopathies, claquages musculaires, fractures de fatigue, dystrophies de croissance pour les plus jeunes) sont là pour nous rappeler que des limites sont souvent franchies au détriment des disques intervertébraux, des articulations postérieures de la colonne vertébrale et de l’ensemble des structures des principales articulations. 
Blessures que les staffs médicaux prennent en charge très efficacement quand il s’agit de primo-blessures, mais avec beaucoup plus de difficultés quand elles sont récurrentes. D’où l’impérieuse nécessité de les diagnostiquer dès les premiers signes, de bien les traiter avant qu’elles n’évoluent défavorablement et surtout de les prévenir.
Facteurs de risque
Facteurs de risque classiques: 
- blessures antérieures (claquages musculaires++)



-  l’âge: les plus de 30 ans+++; moins en juniors
- le sexe: + 25% chez les athlètes masculins;
- la discipline: épreuves combinées+++, marathon, fond.



Autres facteurs de risque  identifiés: 
- le volume d’entraînement: 4 semaines avant une grande compétition et toute l’année sportive, quand la charge d’entraînement est trop élevée 
- la bonne influence du coach: moins de blessures si l’athlète s’entraîne avec un coach
- l’hygiène de vie : alimentation (poids optimal en fonction du morphotype; il doit rester stable
- l'hydratation : impératif d’avoir des urines claires
- le sommeil (Mélatonine?)
- la fatigue
- un défaut d’échauffement
- l’hyperlaxité (épaules, coudes, chevilles, poignets et doigts de la main)
- les troubles psychologiques (stress, troubles du comportement alimentaire, sommeil)
- l’utilisation de substances dopantes qui gomment la fatigue et fabriquent des muscles plus forts que les tendons avec risques élevés de rupture tendineuse. 
Trois facteurs de risque sont prépondérants: 
1 - Le geste technique (lancers, haies, perche +++) même s’il est parfaitement bien exécuté. 





2 - Les volumes et charges d’entraînement quand ils dépassent les seuils de résistance des disques inter- vertébraux, des articulations postérieures vertébrales et des cartilages articulaires.


3 - Les dystrophies tissulaires du syndrome cellulo-téno-périosto-myalgique (SCTPM) de Robert Maigne par atteinte de la branche antérieure des nerfs rachidiens, sur dysfonction vertébrale. Ce facteur de risque de blessures représenté par les dystrophies tissulaires, qui n'a jamais fait l'objet de communications médicales et pourtant omniprésent, devrait être davantage pris en compte par les différentes équipes médicales qui encadrent nos Athlètes et les sportifs en général. 
Ces dystrophies tissulaires du syndrome cellulo-téno-périosto-myalgique (SCTPM) indivisualisé par Robert Maigne, s'exprime dans le métamère (territoire) de la branche antérieure du nerf rachidien et associe de manière inconstante:
- des plaques de cellulalgies douloureuses au palpé-roulé dans certaines zones du dermatome, à bien connaître parce que c'est le signe clinique le plus constant.
- des douleurs périostées qui peuvent évoluer pour leur propre compte et donner des périostites, voire des fractures de fatigue (de stress), si les contraintes sont répétées, rythmées et à une intensité inférieure au seuil d'apparition d'une vraie fracture.
- des douleurs tendineuses (tendinalgies) qui s'apprécient en faisant rouler le tendon en plein corps ou par frictions transversales. Elles sont à différencier des tendinopathies, mais tout comme les périostalgies, elles peuvent évoluer pour leur propre compte et se transformer en tendinopathies vraies. 

- et enfin des douleurs musculaires (myalgies) qui correspondent à des modifications de la consistance et de la sensibilité de certains faisceaux musculaires qui prennent l'aspect de cordons grumeleux et douloureux susceptibles d'évoluer vers une lésion musculaire intrinsèque qui peut aller de la simple courbature, à l'élongation musculaire et au claquage.

Toutes les structures de l'organisme sont innervées à partir des branches antérieures des nerfs rachidiens (ici schéma de l'innervation d'un muscle squelettique)

Exemples de dystrophies tissulaires que l'on rencontre sur le territoire d'innervation  (métamère) des branches antérieures de L5 et de S1.

Prévention
La prévention est l’affaire de toute la filière Haut Niveau et commence pour chaque Athlète par une hygiène de vie irréprochable au niveau alimentation, hydratation et sommeil. Le recours à des compléments alimentaires n’est jamais une nécessité et le dopage doit être combattu de toutes les manières possibles : contrôles sanguins et urinaires réguliers et inopinés, passeport biologique, campagnes de prévention, etc. 
Qu'il me soit permis d'insister aussi sur la nécessité de ménager la colonne vertébrale, sur le rôle essentiel de la posture dans la gestuelle technique et l’entraînement physique, celui d’être vigilant dans la musculation avec charges additionnelles lourdes, l’impératif absolu d’être mentalement hors normes, physiquement fort et rapide et parfaitement gaîné si l’on veut tutoyer le très haut niveau. Insister aussi, après étirements préalables et jamais à froid, sur le renforcement sur un mode excentrique des muscles rotateurs des ceintures et des 4 groupes musculaires les plus exposés aux claquages musculaires (IJ, Droit fémoral, Adducteurs, Jumeau interne du mollet). 
Conclusion
Et s’il n’y avait au final qu’une seule chose à retenir, c’est qu'en Athlétisme de Haut niveau, la blessure qu'elle soit  réelle ou potentielle, du fait de la dangerosité du geste technique et de la préparation physique, est le lot commun de tout Athlète de Haut Niveau, constamment sur le fil du rasoir pour rester collé à la performance, la limite entre résistance de l'organisme et blessure étant éminemment variable suivant la forme du moment. Dans l’absolu, prévenir les blessures est la meilleure des choses, mais tellement difficile à tenir compte tenu des exigences de l’Athlétisme à très Haut niveau. Alors les diagnostiquer sur le stade d'Athlétisme, les prendre en charge du mieux possible dès les premiers instants et donner la bonne marche à suivre si l’on veut éviter complications et séquelles, s’avère de la plus haute importance.

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