lundi 5 février 2018

Données nouvelles sur les fascias et leurs applications pratiques en Médecine physique (Thérapeutiques manuelles et Acupuncture)

Les fascias (3ème Fascia Research Congress) sont partie prenante de tous les grands systèmes corporels (cardio-vasculaire, respiratoire, gatro-intestinal, musculo-squelettique et neurologique) et la connaissance de leur rôle présente un intérêt certain pour tous les thérapeutes et tout particulièrement pour le système musculo-squelettique.
Regard neuf sur les cinq fonctions des fascias
1 - d'abord continuité des fascia 
Cette continuité à travers tous les muscles du corps, suggère une unité fonctionnelle myo-fasciale.
2 - grâce aux connexions myofasciales
30% de la force déployée par la contraction musculaire est transmise par le secteur extramusculaire (épimysium) et non par le tendon. Le rôle des fascias est de répartir et disperser la force musculaire vers les différents muscles synergistes et antagonistes. La force musculaire ainsi transmise localement et à distance peut modifier la tension ou l’étirement de muscles éloignés (système de tension réciproque).
3 - implication du fascia dans la mécanotransduction 
la force mécanique myofasciale  transmise au niveau tissulaire et cellulaire, affecte le fonctionnement biologique (mécano - transduction). Les fibroblastes composant les fascia participent à la synthèse et au remodelage de la matrice extra-cellulaire, et changent de forme en fonction des tensions et des forces transmises à travers le réseau fascial. La répétition des contraintes mécaniques sur ces fibroblastes est susceptible d’induire ainsi des changements dans le remodelage tissulaire (cicatrisation) et la sécrétion de médiateurs de l’inflammation.
4 - capacité de glissement du tissu fascial sur lui même glissement bien visible en échographie et fonction de l'hydratation, cette dernière en rapport avec la production d’acide hyaluronique par les fascias profond. Cet acide hyaluronique favorisant le glissement entre le muscle et ses fascias et entre les différentes unités motrices. Toute altération de la production d’acide hyaluronique va se traduire par un défaut de glissement du muscle qui va entraîner des troubles de la sensibilité et des douleurs myofasciales.
Rappelons que les fascias sont organisés en couches qui ménagent des interfaces qui permettent le mouvement (le fascia sous cutané glisse sur le fascia profond et le muscle se contracte grâce aux glissements entre fascia profond et épimysium). 
Ces glissements que l'on retrouve retrouve à tous les niveaux d’organisation du système musculo-squelettique, sont possibles grâce à un système  visco-élastique qui se comporte comme un gel qui lubrifie et absorbe les forces de cisaillement et permet un mouvement sans friction (système coulissant). 
5 - existence d’une innervation fasciale
on sait de longue date que les fascias sont impliqués dans les douleurs de la fasciite plantaire, du syndrome des loges ou des trigger points myofasciaux. Moins connu, certaines lombalgies auraient pour origine le fascia thoraco-lombaire, en rapport avec la dégénérescence de ce fascia et l'activation de leurs récepteurs intra-fasciaux et de leurs fibres afférentes nociceptives et sympathiques. 
Terminaisons nociceptives et sympathiques également observées autour des vaisseaux qui pourraient expliquer les douleurs ischémiques, mais aussi identification de récepteurs proprioceptifs de Ruffini et de Pacini dans diverses expansions fasciales ou localisés dans des zones de transmission de la force myo-fasciale (fuseaux musculaires) suggérant une fonction proprioceptive statique et dynamique. Il n’y aurait ainsi pas de division claire entre les terminaisons nerveuses musculaires et ligamentaires ou fasciales, toute contraction musculaire entraînant un étirement simultané du tissu fascial. Tout dysfonctionnement des structures fasciales peut alors potentiellement jouer un rôle important dans la douleur,influencer la proprioception. Présence aussi dans les fascias, d'innombrables intérocepteurs et  de leur rôle dans les douleurs sine materia comme la fibromyalgie et les douleurs dîtes psychogènes, ce terme devant disparaître à tout jamais.
Blessures et fascia
L’inflammation après lésion pourrait avoir un rôle dans la modification du tissu fascial. La production de substances inflammatoires, combinée à un environnement tendu peuvent entraîner l’activation des fibroblastes (cellules des fascias et du tissu conjonctif général) en myo-fibroblastes créant des modifications de l’expression des gènes et entraînant des changements dans la matrice extracellulaire (altération de la production d’acide hyaluronique). Cela peut entraîner une restriction dans le fascia, conduisant à une modification de la force et de la contraction musculaire. Ces processus peuvent également contribuer à la diminution du mouvement entre les couches fasciales. Avec le temps, ces changements biomécaniques pourraient conduire à une diminution de la force et de la coordination et finalement conduire à des douleurs et du dysfonctionnement.
Ces mécanismes physiopathologiques peuvent expliquer certaines pathologies telles que la fibromyalgie ou certaines lésions musculo-squelettiques avec altération de la proprioception. 
Traitement
Si des altérations des fascias peuvent causer douleurs et dysfonctionnements, l’effet des thérapeutiques manuelles (massages superficiels et profonds, mobilisations, étirements, manipulations vertébrales) pourrait être expliqué par la restauration de l’état physiologique des fascias  : rétablissement de la mobilité par réoptimisation de la distribution des lignes de force dans les fascias, normalisation de la morphologie des fibroblastes et atténuation des réponses inflammatoires, action sur la production d’acide hyaluronique et les propriétés de glissement, changements immédiats et retardés au niveau cellulaire.
Validation aussi de l'acupunture : les stimuli mécaniques par acupuncture pourraient induire un remodelage de la matrice extracellulaire et contrecarrer tout dysfonctionnement du fascia. 
Mais nécessité quand même de conduire d‘autres recherches sur la façon dont les fascias peuvent être traités par l’exercice physique, les médicaments ou la chirurgie.
Discussion 
La médecine physique relève du modèle biomédical fondé sur les preuves. De nouvelles recherches seront ainsi nécessaires pour compléter les expériences des thérapeutes qui traitent les troubles musculo-squelettiques, mais aussi de se pencher de plus en plus sur le réseau fascial qui  fournira bientôt des informations importantes susceptibles de changer la pratique clinique : lorsque la structure et les fonctions du fascia seront élucidées, la physio-pathologie de nombreux troubles musculo-squelettiques dont la fibro-myalgie et leurs conséquences pourront être mieux expliquées et les stratégies de traitement, optimisées. 
Conclusion
Les fascias ne sont pas seulement une structure anatomique mais un concept qui peut amener un changement de perspective sur la façon dont fonctionne le système musculo-squelettique et plus de 100 ans après c'est aussi reconnaître, moi qui suis et reste un inconditionnel du Pr Robert Maigne et de son remarquable enseignement sur les manipulations vertébrales, qu' A. T. Still, fondateur de la médecine ostéopathique (que mon bon maître n'avait jamais manqué de critiquer), était dans le vrai quand il avait attribué dans sa pratique clinique, un rôle essentiel au système fascial.

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