Avis à lire par tous les lecteurs:

Les premiers articles du blog "Un médecin du sport vous informe" datent de 2013, mais la plupart sont mis à jour pour pouvoir coller aux progrè médicaux. Ce blog inter-actif répond à la demande de nombreux confrères, kinésithérapeutes, étudiants en médecine et en STAPS, patients et sportifs. Il est le reflet de connaissances acquises tout le long de ma vie professionnelle, auprès d'enseignants remarquables, connaissances sans cesse actualisées que je me suis efforcé de rendre accessibles au plus grand nombre par le biais d’images trouvées sur le Net, images qui sont devenues par la force des choses, la propriété intellectuelle de tous; si cela dérange, ces images seront retirées.

Certains articles peuvent apparaître un peu plus polémiques que d'autres et indisposer, mais il n'est pas question pour l'auteur de tergiverser ou de se taire, quand il s'agit de problèmes d'éthique, en particulier en matière de dopage et quand la santé des sportifs est en jeu, compte tenu du nombre élevé de blessures liées au surentraînement et à une pratique imbécile d'une certaine musculation, qui n'est plus au service de la vitesse et de la force explosive utile (et non de la force maximale brute), qui sont les deux qualités physiques reines, qui ne respecte pas les règles de la physiologie musculaire et qui, au lieu d'optimiser la performance, fait ressembler certains sportifs body-buildés à l'extrême, davantage à des bêtes de foire gavées aux anabolisants, qu’à des athlètes de haut niveau.

Ce blog majoritairement consacré à la traumatologie sportive, est dédié à mes maîtres les Prs Jacques Rodineau, Gérard Saillant et à tous les enseignants du DU de traumatologie du sport de Paris VI Pitié Salpétrière et en particulier aux docteurs Jean Baptiste Courroy, Mireille Peyre et Sylvie Besch. L'évaluation clinique y tient une grande place: "la clinique, rien que la clinique, mais toute la clinique" et s'il y a une chose à retenir de leur enseignement, c'est que dans l'établissement d'un diagnostic, l'examen clinique, qui vient à la suite d'un bon interrogatoire, reste l'élément incontournable de la démarche médicale. Toutefois dans le sport de haut niveau et guidé par la clinique, l'imagerie moderne est incontournable : radiographie conventionnelle, système EOS en trois dimensions pour les troubles de la statique rachidienne, échographie avec un appareillage moderne et des confrères bien formés, scanner incontournable dans tous les problèmes osseux et enfin IRM 3 Tesla, le Tesla étant l'unité de mesure qui définit le champ magnétique d'un aimant; plus le chiffre de Tesla est élevé et plus le champ magnétique est puissant ("à haut champ") et plus les détails des images sont fins et la qualité optimale.

Hommage aussi au Pr Robert Maigne et à son école de médecine manuelle de l'Hôtel Dieu de Paris ou j'ai fais mes classes et actuellement dirigée par son fils, le Dr Jean Yves Maigne. Je n'oublie pas non plus le GETM (groupe d'étude des thérapeutiques manuelles) fondé par le Dr Eric de Winter et ses enseignants, tous des passionnés; j'y ai peaufiné mes techniques et enseigné la médecine manuelle-ostéopathie pendant 10 années.

Dr Louis Pallure, médecin des hôpitaux, spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, médecin de médecine et traumatologie du sport et de médecine manuelle-ostéopathie, Pr de sport et musculation DE, ex médecin FFRugby et USAP Perpignan, Athlé 66, comité départemental 66, ligue Occitanie et Fédération Française d’Athlétisme, médecin Etoile Oignies Athlétisme.

mardi 31 décembre 2024

La méralgie paresthésique par atteinte du nerf fémoro-cutané

Quatre fois sur cinq une méralgie paresthésique correspond à un syndrome canalaire par compression du nerf fémoro-cutané, nerf sensitif pur de la partie latérale de la cuisse, compression le plus souvent  dans le canal ostéo-fibreux situé en dessous de l'arcade crurale (ligament inguinal) et en dedans de l'épine iliaque antéro-supérieure (EIAS)Le nerf fémoro-cutané peut être aussi comprimé à d'autres niveaux au cours de son trajet pelvien (abdominal bas). Sur le plan thérapeutique, comme nous l'ont appris nos maîtres et le font de nombreux confrères, l'infiltration par de la xylocaïne, en l'absence de toute allergie à ce type de produit, fait disparaître quasi instantanément les signes cliniques. Si le test à la xylocaïne est positif cela souligne l'origine canalaire de la compression et ce test préalable doit être immédiatement suivi d'une injection d'un dérivé cortisoné : Diprostène ou équivalents = corticoïdes retard ou Hydrocortancyl 125mg (effet moins long que les dérivés retards) dans ce même canal ostéofibreux. Ce traitement par infiltration constitue le traitement de choix d'une méralgie d'origine canalaire. 
A souligner d'emblée qu'à ce syndrome canalaire peut être associé une névralgie d'origine lombaire haute qu'il faut traiter conjointement et quand c'est possible par un traitement manuel par manipulations vertébrales électives de la zone rachidienne lombaire haute en respectant toutes les règles et recommandations de la médecine manuelle comme le font tous mes confrères médecins ostéopathes membres de la SOFMMOO). 
Enfin la forme canalaire de la méralgie paresthésique se rencontre chez les gens actifs dont les randonneurs en montagne à cause du sac à dos, ou après une prise de poids rapide par infiltration graisseuse du canal ostéofibreux, ou encore les activités s'effectuant avec des vêtements trop serrés au niveau de la taille.

I- FORME CANALAIRE

             

Anatomiquement
Le nerf fémoro-cutané naît des branches dorsales des deuxième et troisième nerfs lombaires, passe derrière le psoas, qu'il quitte vers le milieu de son bord latéral pour traverser obliquement et en avant l'iliaque et se diriger vers l'EIAS (épine iliaque antéro-supérieure). Il passe ensuite sous l'arcade crurale dans un tunnel ostéo-fibreux et se dirige vers le couturier où il se divise en une branche antérieure superficielle  et une branche postérieure.


C'est quand il passe  sous l'arcade crurale pour quitter le bassin et pénétrer dans la cuisse qu'il est le plus souvent comprimé, il chemine dans un canal ostéo-fibreux  limité en dehors par l'épine iliaque antéro-supérieure ou il est posé comme "un chevalet" et en dedans par le psoas.
La symptomatologie est dominée par
- des paresthésies douloureuses antéro-latérales de cuisse, qui d'intermittentes au départ, peuvent devenir permanentes et même nocturnes et peuvent en imposer pour une pathologie rhumatologique évolutive.
- une hypoesthésie en raquette latérale de cuisse.
- un signe de Tinel à la percussion de l'EIAS.


Le diagnostic de certitude viendrait de l'électromyogramme qui montrerait un ralentissement de la vitesse de conduction du nerf fémoro-cutané à l'E.LA.S. avec une diminution de l'amplitude du potentiel recueilli et une augmentation de la latence sensitive, mais à nos yeux il n'est 
pas indispensable et c'est une perte de temps surtout si l'on obtient un soulagement immédiat par le test anesthésique à la xylocaïne dans le canal ostéo-fibreux,  un peu en dedans de l'EIAS et à 2 cm en dessous de l'arcade crurale, que l'on fait suivre pour obtenir un soulagement durable par une infiltration de corticoïde retard ((diprostène ou hydrocortancyl 125 mg), infiltration que l'on peut répéter jusqu'à  3 fois, dans les cas rebelles. 

La symptomatologie peut résister aux infiltrations, par exemple chez des patients en surpoids qui doivent également s'astreindre à perdre du poids.
En cas d'échec des infiltrations, une neurolyse avec section des fascia est nécessaire.
 

II- FORME RACHIDIENNE
L'autre étiologie de la méralgie paresthésique est représenté par le syndrome de la charnière thoraco-lombaire de Maigne qui dans notre expérience co-existe avec le syndrome canalaire et peut expliquer certaines résistances (voir dans le sommaire du blog, au chapitre 12 sur la colonne vertébrale, l'article spécifique consacré à ce syndrome qu'il est conseillé de lire+++) :
-  antécédents de lombalgies chroniques
-  raideur douloureuse du rachis lombaire sagittale à la distance doigt-sol et au test de Schober et frontale du côté douloureux.
-  signes vertébraux de DIM thoraco-lombaire de Maigne du côté douloureux
-  discopathies lombaires étagées sur les radiographies 
-  la biologie est négative.
L'ensemble de ses signes rachidiens font évoquer un syndrome de la charnière thoraco-lombaire  ( les 2 pathologies de charnière et canalaire  seront traitées de concert+++)
La part rachidienne se traite préférentiellement par manipulations vertébrales  L1-L2 et L2-L3 et en cas d'échec de ces dernières par infiltrations du massif des articulaires postérieures L1-L2 et L2-L3


III- FORME INFECTIEUSE
La maladie de Lyme (borréliose) dans sa forme de méningo-radiculo-névrite, qui peut toucher aussi concomitamment le nerf crural: rechercher des antécédents de piqûre de tiques,



suivie d'un placard érythémateux.


La ponction lombaire (PL) mettra en évidence une hyper-albuminorachie et un taux élevé de lymphocytes; une à deux infiltrations sous-arachnoïdiennes de corticoïdes feront entièrement disparaître la symptomatologie.

IV- FORME APRES PRELEVEMENT D'UN GREFFON OSSEUX ILIAQUE

Dans le traitement chirurgical d'une pseudarthrose. 

mardi 26 novembre 2024

A propos des blessures de l'épaule dominante chez les lanceurs (ses) de javelot de haut niveau en 10 points

Il n'est pas rare que je sois encore sollicité, soit directement par un (e) lanceur (se) de javelot de bon niveau, soir par un entraîneur de lancer ou d'épreuves combinées, par rapport à une blessure récurrente  au niveau de l'épaule dominante qui n'arrive pas à être stabilisée sur le plan algo-fonctionnel, rendant impossible tout entraînement spécifique ou toute compétition.
1-  le lancer de javelot est le plus ancien et le plus naturel des Lancers. Nos lointains ancêtres se le sont approprié à la fois pour se nourrir et se défendre. Introduit, tout comme le lancer de disque, dans la Grèce antique aux Jeux Olympiques de 708 av J-C, il va constituer l'une des cinq épreuves du pentathlon et jusqu'à l'effondrement du monde grec il est resté l'une des activités les plus pratiquées dans tout le bassin méditerranéen. 
En 1908 c'est tout naturellement qu'il a été réintroduit aux Jeux Olympiques modernes. La masse du javelot est de 800 g chez les Hommes et de 600 g chez les femmes et le lancer de javelot est un lancer extrêmement technique et traumatisant. 
2- Techniquement et contrairement aux 3 autres lancers (poids, disque, marteau), sa course d'élan est longue (30m) et dans un premier temps, c'est une course classique, javelot placé sur le côté; dans un deuxième temps dit de préparation, le lanceur placé de profil se déplace en pas croisé (Hop), javelot placé au niveau de la tempe et bras lanceur en position d'armé; dans la dernière phase avant lancer, la course est arrêtée violemment sur un double appui et toute la vitesse de déplacement est transmise dans l'épaule, laquelle va se détendre comme une fronde pour propulser le javelot le plus loin possible, avec des contraintes au niveau de son plan antérieur (ligaments glénoïdaux-huméraux et bourrelet glénoïdien) allant bien au-delà de leur résistance naturelle.
3- l'aptitude à lancer loin est d'origine phylogénétique, progressivement acquise au cours du développement de notre espèce humaine et rendue possible grâce à l'extraordinaire souplesse des structures gléno-humérales de l'épaule qui a cette qualité biomécanique naturelle de pouvoir étirer son plan antérieur :
- capsule lâche et parsemée de solutions de continuité (propice aux luxations antérieures)
- ligament stabilisateur gléno-huméral inférieur 
- hauban antérieur du tendon du long biceps.
Le revers de la médaille de cette souplesse antérieure d'épaule et de son extrême mobilité est une instabilité antéro-inférieure permanente avec potentiel de sub-luxations, voire de luxations antérieures pour les plus laxes et base de toutes les pathologies de surcharge dans les lancers. 
4- anatomiquement et biomécaniquement le plan capsulo-ligamentaire antérieur de l'épaule est particulièrement lache an niveau de la capsule de recouvrement articulaire et donc taillée pour être une articulation naturellement mobile. Le plan capsulaire est renforcé par les 3 ligaments gléno-huméraux et le labrum ou bourrelet glénoïdien est une structure fibreuse épaisse qui s'insère en anneau autour de la glène de l'omoplate et réalise une sorte de "joint articulaire". Il permet d'augmenter la stabilité primaire de l'épaule qui en a bien besoin dans le lancer de javelot et se trouve, avec le ligament gléno-huméral inférieur, particulièrement contraint en position d'armé du bras lors de la phase de propulsion du javelot.

 Vue antérieure de l'articulation gléno-humérale de l'épaule

bourrelet labrum lesion slap lesion labrum epaule slap epaule lesion labrale epaule chirurgien orthopedique paris chirurgien de l epaule chirurgien du coude
Labrum ou Bourrelet G.

5- cliniquement lorsqu'on examine l'épaule dominante des lanceurs (ses), elle présente des modifications dîtes adaptatives  :
- hypertrophie musculaire généralisée
- hypotrophie des muscles rotateurs externes (infra épineux et petit rond)
- hyperlaxité naturelle ou acquise de sa partie antérieure et inférieure, rétractée dans sa partie postérieure, avec un excès de rotation externe de plus de 9° et un déficit de rotation interne de 15° en moyenne (Philippe Valenti).
- augmentation de la translation antérieure de la tête humérale en abduction/rotation externe
- modifications osseuses avec accentuation de la retroversion de la tête humérale et de la glène de l'omoplate. 
6- physiologiquement les muscles rotateurs internes et externes de l’épaule sont des éléments influençant la performance dans les sports de lancer et les adaptations musculaires induites par la répétition de ce geste de lancer du javelot et la recherche de performances doivent être considérés comme des facteurs de risque de blessure de l’épaule par déséquilibre musculaire.
7- sur le plant anatomo- pathologique l'instabilité gléno-humérale antérieure correspond à une lésion du labrum et du ligament gléno-huméral inférieur et constitue la lésion primaire chez un  (e) lanceur (se) de javelot. 
8- le recours à l'avis d'un chirurgien spécialiste de l'épaule doit intervenir rapidement dès le diagnostic d'instabilité primaire gléno-humérale posé et lorsque la stabilité des lésions primaires n'est pas acquise  malgré une prise en charge bien conduite de plusieurs mois, c'est sans trop attendre que cette instabilité antérieure doit être corrigée chirurgicalement (intervention de Bankart sous arthroscopie: par 2 orifices de quelques millimètres (un en arrière et un autre en avant) permettant le passage d'une caméra et des instruments miniaturisés, les différents éléments capsulaires et ligamentaires sont réinsérés et retendus sur l’os de la glène au moyen de plusieurs ancres. Placées à l’intérieur de l’os, ces ancres (généralement résorbables) serviront à attacher des fils qui permettront de recoudre les éléments arrachés contre l’os.
9- l'instabilité gléno-humérale antérieure par lésion de Bankart est à différencier d'une slap lésion qui correspond à une désinsertion du complexe labrum supérieur/ tendon bicipital proximal dont le traitement est également chirurgical et consistera à soit réinsérer le labrum abimé sur la galène de l'omoplate, soit à réaliser une section et une ténodèse (fixation) du tendon long biceps, cette ténodèse semblant être préférable car efficace et évitant les problèmes de cicatrisation du labrum.
10- la prévention au niveau de l'épaule: l'épaule devrait pouvoir bénéficier d'un travail spécifique de renforcement excentrique des rotateurs externes, d'un étirement des rotateurs internes raccourcis et faire l'objet d'une évaluation isocinétique de la force des rotateurs d'épaules et d'une prise en charge en médecine de rééducation spécialisée. 
Dr LP

jeudi 17 octobre 2024

La marche déficitaire

Une marche normale est une condition importante de l'indépendance d'un sujet vis à vis du milieu extérieur; elle suppose l'intégrité de différents systèmes:

- squelette et articulations
- muscles
- voies motrices (centrale et périphérique)
- voies sensitives qui renseignent en permanence sur la position dans l'espace des segments de membre
- système vestibulaire qui assure l'équilibre
- cervelet qui participe à l'équilibre et à la coordination des mouvements
- noyaux gris centraux qui ont un rôle important dans le tonus musculaire et l'automaticité de la marche
- sous-cortex et cortex frontal .
Une marche déficitaire est très souvent secondaire à une pathologie ostéo-articulaire ou neurologique

I- LE DIAGNOSTIC D'UN TROUBLE DE LA MARCHE
1- Analyse

       


L'analyse est à la fois clinique et para clinique:
- vidéo et instrumentale à l'aide de capteurs opto-électroniques qui vont enregistrer les phénomènes cinématiques des différents mouvements segmentaires des principales articulations
- à l'aide d'un enregistrement électromyographique de surface sur les muscles pour les phénomènes cinésiologiques
- sur plateformes de force pour l'enregistrement du déplacement du centre de gravité et des forces de réaction au sol pour les phénomènes cinétiques.
 Cette analyse des différents phénomènes cinématiques, cinésiologiques et cinétiques va permettre de quantifier et de suivre l'évolution du cycle de marche et des paramètres du pas pathologiques.
2- résultats de cette analyse clinique et para-clinique: 
c'est la mise en évidence d'une boiterie qui correspond à une marche asymétrique avec des phénomènes de compensation dans les 3 plans de l'espace.
3- classification 
La classification des boiteries va s'établir en fonction à la fois du cycle de marche et de l'étiologie ostéo articulaire ou neurologique.
A- en fonction du cycle de marche:
1- à la phase oscillante, il y a nécessité de raccourcissement du membre inférieur et nécessité de passer le pas et de se projeter vers l'avant.
2- à la phase d'appui, il y a nécessité d'une fonction de support par le talon, d'amortissement par le déroulé du pas et de propulsion par les orteils.
B- étiologies
1/ les causes ostéoarticulaires avec le plus souvent esquive du pas à l'appui
- les douleurs articulaires ou non articulaires
- l'instabilité de genou ou de cheville
- la raideur de hanche, de genou ou de cheville, sur ankylose arthrosique, flexum de hanche ou de genou, orthèse en extension pour genou instable, arthrodèse de genou ou de cheville
- inégalité de longueur constitutionnelle des membres inférieurs.
2/ les causes neurologiques et la nécessité d'avoir des muscles sains
- les atteintes centrales par faiblesse ou paralysie des muscles agonistes et spasticité des muscles antagonistes
- les atteintes périphériques radiculaires des racines de L2 (psoas) à S1 (triceps sural) ou tronculaires (nerf crural pour le quadriceps, nerf SPE (sciatique poplité externe) pour les dorsi-fléchisseurs de cheville et les péroniers et SPI (sciatique poplité interne) pour le triceps sural.
4- caractéristiques
 Les caractéristiques de la boiterie:
A- à la phase oscillante par défaut de raccourcissement et difficulté à se projeter vers l'avant
1- le défaut de raccourcissement du membre inférieur qu'il soit d'origine musculaire par faiblesse ou paralysie des muscles fléchisseurs de hanche, de genou ou de cheville ou par raideur dans le secteur de mobilité de la flexion des articulations de hanche, genou et tibio-astragalienne sera compensé.

en frontal par monoplégie

en frontal par:
- une circumduction de hanche (fauchage) sous condition de muscles abducteurs de hanche sains (moyen Fessier ).
- une élévation du bassin côté oscillant par contraction des muscles du tronc en cas de monoplégie avec déficit des fléchisseurs et abducteurs de hanche.
- une inclinaison du tronc côté appui
- un appui sur pointe des pieds pour élever la garde au sol du côté sain
- une bascule autour de la hanche saine.
en sagittal par:
- 1 steppage: flexion exagérée de la hanche et du genou pour passer le pas, sinon accrochage de la pointe du pied et risque de chute.

                                                                                           steppage

les défauts de raccourcissement neurologique par:
- déficit des fléchisseurs de hanche sur séquelles de poliomyélite, de radiculalgie L2: ici pas de possibilité de steppage, la compensation va se faire par un fauchage de hanche.
- déficit à la fois des fléchisseurs et des abducteurs de hanche (monoplégie): ici pas de possibilité ni de fauchage ni de steppage; la compensation va se faire uniquement par l'élévation de l'hémi-bassin du côté oscillant avec inclinaison du tronc côté appui, bascule autour de la hanche saine et appui sur pointe pour élargir la garde au sol.
- déficit des dorsi -fléchisseurs de cheville (atteinte radiculaire L5 ou tronculaire SPE) ou spasticité du triceps sural: ici compensation par steppage et + ou - fauchage.
les défauts de raccourcissement ostéo-articulaires:
ce sont toutes les causes de raideur de hanche, de genou surtout et de cheville; les amputés de cuisse appareillés et verrouillés en extension; les orthèses de genou en extension pour stabiliser les entorses; les arthrodèses de genou.
 La compensation se fera par fauchage et élévation hémi-bassin côté oscillant, inclinaison tronc côté appui et appui pointe côté sain pour élever la garde au sol.
2- l'impossibilité de déplacer vers l'avant le membre oscillant par:
- déficit des fléchisseurs compensée par élan postérieur et projection passive pendulaire du membre inférieur vers l'avant.
- déficit des fléchisseurs ou raideur de hanche compensés par rotation interne côté appui et et rotation du tronc.
- altération de la commande des fléchisseurs de hanche compensée par rétroversion du bassin.
B- à la phase d'appui avec fonction de support, d'amortissement et de propulsion
1- défaut de la fonction de support
C' est la difficulté à assurer la rigidité du membre inférieur d'appui d'étiologie neurologique ou ostéo-articulaire.
a- Les causes neurologiques:

marche en hyperlordose                   

- le déficit d'extension de hanche ( polio) sera compensé par la bascule du tronc vers l'arrière à l'attaque du pas pour éviter la flexion de hanche et la chute vers l'avant et par une hyperlordose dynamique.
- le déficit du muscle moyen fessier (atteinte radiculaire L5 ou tronculaire du nerf fessier supérieur) mais aussi sur coxarthrose sera compensé par la boiterie de Trendélembourg avec élévation de l'hémi-bassin du côté oscillant + inclinaison du tronc côté appui.
- déficit du muscle quadriceps (polio, radiculalgie L2, L3 ou L4, cruralgie) qui entraîne un dérobement du genou qui sera compensé par une hyper extension du genou, une Salutation du tronc vers l'avant, un appui sur la face antérieure de la cuisse avec le membre supérieur homolatéral pour ramener le genou vers l'extension (polio), un équin du pied.

salutation du tronc
                         
- le déficit des muscles dorsi-fléchisseurs de cheville (radiculagie L5, tronculaire SPE) avec instabilité à l'attaque du talon qui sera compensé par appui sur le bord latéral du pied.
- la spasticité du triceps sural qui sera compensée par l'appui sur le bord latéral de l'avant pied.
b- Les causes ostéo-articulaires et fonction de support:
- les douleurs articulaires se traduiront par une esquive du pas avec raccourcissement du temps d'appui monopodal (N de 40%).
- les laxités frontales et sagittales des genoux dégénératifs seront compensées par un genu valgum et récurvatum qui va s'accentuer.

genu valgum et genu recurvatum              

2- défaut de la fonction d'amortissement: 
- impossibilité de freinage excentrique des muscles moyen fessier, quadriceps, des dorsi- fléchisseurs, du triceps sural
- déficit du quadriceps
- déficit des dorsi-fléchisseurs de cheville: le pied va claquer au sol avec appui latéral par le bord du pied.
- spasticité du triceps sural et appui sur l'avant pied.
- en cas de raideur tibio- astragalienne , de genou ou de hanche, la boiterie est peu visible à la marche normale; la boiterie devient plus probante à la marche rapide ou à la course.
3- défaut de la fonction de propulsion
- par impossibilité de contraction musculaire concentrique du triceps sural et des extenseurs de hanche avec impossibilité d'utiliser le secteur articulaire d'extension de la cheville et de la hanche: Sciatique S1 déficitaire, atteinte tronculaire du SPI ou du nerf fessier inférieur (nerf petit sciatique).
- par ankylose de cheville du pied équin, du pied talus ( prévalence des dorsi fléchisseurs de cheville sur le triceps sural avec hyper-pression sur le talon osseux, hyperkératose, sorte de coussin amortisseur alors que l'avant pied est atrophique).
II- LES DIFFERENTES PATHOLOGIES AVEC TROUBLE DE LA MARCHE
1- la marche de l'hémiplégique. 
Elle est secondaire à une atteinte unilatérale de la voie motrice centrale, la voie pyramidale. Elle s'effectue avec un fauchage de hanche en arc de cercle à concavité interne, le membre inférieur étant trop long et rectiligne et le pied en varus équin. Le membre supérieur est en flexion pronation.
2- la marche du paraplégique. 
Elle est secondaire à une atteinte bilatérale de la voie centrale. Dans une première phase, la marche est raide, les pas sont courts, ralentis, réguliers et les mouvements peu amples, la marche est dite "sautillante". L'attaque du sol se faisant par la pointe des pieds.
A un degré de plus la contracture est telle que le pas n'est possible qu'avec une inclinaison du tronc du côté de l'appui. C'est la marche dite de "gallinacé". Enfin, la démarche "pendulaire" désigne la marche avec béquilles servant de support au corps qui avance par oscillations successives. Les membres supérieurs sont indemnes.
3- la marche de la paralysie périphérique.
 La paralysie est flasque, s'accompagne d'une amyotrophie et d'une abolition des réflexes ostéo-tendineux. Le steppage est en rapport avec un déficit des muscles de la loge antéro-externe de la jambe. Le pied est tombant, en varus équin et de ce fait, à chaque pas, la jambe doit être levée haut avec flexion exagérée de la hanche et du genou. Dans les formes plus discrètes la pointe du pied bute surtout en terrain accidenté ou en montant les escaliers.
4 - la marche dandinante du myopathe.
Celle-ci résulte de l’atteinte des muscles moyens fessiers. Le bassin n’étant pas retenu du côté portant, retombe à chaque pas du côté opposé, entraîné par le poids du membre ballant, l’inclinaison du tronc du côté de la jambe portante n’étant qu’un acte de compensation pour protéger l’équilibre.
À un stade plus évolué, le myopathe avance les reins fortement cambrés en lordose, le tronc et la tête rejetés en arrière ce qui, s’ajoutant au dandinement et parfois à un steppage, fait ressembler la marche à celle d’un « roi de comédie ».
5 - La marche ataxique d'origine proprioceptive.
C'est une marche talonnante. Le sujet n'est plus informé sur la position précise de ses membres et présente des difficultés à les mouvoir harmonieusement. Il compense ce déficit en s'aidant de la vue. Ses troubles sont majorés par l'obscurité. Le sujet lance ses jambes brusquement plus haut que normalement, le talon retombant en premier, tape sur le sol. Signe de Romberg à l'occlusion des yeux, le malade pieds joints, oscille et chute si l'on ne le retient pas.
6- La marche vestibulaire. 
Le système vestibulaire assure l'équilibre en maintenant le centre de gravité du corps à l'intérieur du polygone de sustentation. Dans les syndromes vestibulaires périphériques, la marche est déviée du côté du labyrinthe malade. Debout, yeux fermés et pieds joints le sujet est attiré dans une direction précise le plus souvent latéralement, parfois jusqu'à la chute. C'est le signe de Romberg labyrinthique. Yeux fermés, le déséquilibre postural s'exprime aussi par la déviation des index vers le labyrinthe lésé.
7 - La marche cérébelleuse. 
Les troubles à la fois de la statique et de la marche sont secondaires à des lésions du Vermis cérébelleux. La marche est titubante, pseudo-ébrieuse, festonnante; les pas sont irréguliers en rythme et en amplitude. En position debout il existe un élargissement du polygone de sustentation, le sujet se présentant jambes écartées avec des oscillations non aggravées à la fermeture des yeux et se traduisant par des mouvements incessants des tendons du cou de pied, la "danse des tendons". Le 1/2 tour est lent, décomposé, l'arrêt s'effectue avec retard; les chutes sont rares et l'obscurité n'aggrave pas les troubles.
8 - La marche extrapyramidale. 
L'akinésie et l'hypertonie sont responsables des troubles de la posture et de la marche observés chez ces patients. L' attitude est raide, d'un bloc, les pieds collés l'un à l'autre, les genoux fléchis, le tronc légèrement penché en avant, les bras collés au corps. L'équilibre est précaire surtout au demi tour. La marche se fait à petits pas courts et traînants, les pieds à peine levés du sol. Le démarrage est lent, le malade qui parait cloué au sol, piétine avant d'effectuer ses premiers pas. La marche est entrecoupée de kinésies paradoxales, le patient se mettant à courir.
9 - Les ataxies cortico sous corticales. 
Elles sont le fait de lésions dégénératives frontales ou fronto- calleuses. Classiquement le patient élargit son polygone de sustentation et à tendance à chuter en arrière (rétropulsion). L'apraxie de la marche en est l'expression la plus complète. Le sujet ne sait plus marcher, il se tient debout, immobile, piétine, ébauche quelques mouvements désorganisés, les pas sont petits et non symétriques.
10 - Les troubles paroxystiques de la marche:
a- Les drop attacks sont des chutes brusques et inopinées sur les genoux sans trouble de la vigilance.
b - La claudication médullaire intermittente, expression du syndrome pyramidal à l'effort. Elle est très fréquente dans toutes les affections médullaires chroniques et se caractérise par une diminution du périmètre de marche, le patient étant obligé d'interrompre sa marche par une faiblesse des membres inférieurs. Elle s'accompagne d'un syndrome pyramidal clinique (hyper-réflexie ostéo-tendineuse, signe de Babinski) qu'il faut parfois mettre en évidence par une épreuve d'effort sur tapis roulant.
c- La claudication radiculaire est, à l'opposé de la précédente, une claudication douloureuse; elle survient surtout chez les patients qui présentent un canal lombaire rétréci et apparaît à l'effort ou à la station debout prolongée. C'est une radiculalgie bilatérale souvent asymétrique des membres inférieurs, atténuée par la position en anté-flexion du tronc (signe du caddy).
11- La marche de l'arthrosique
Toute les atteintes ostéo-articulaires du bassin et des membres inférieurs; l’arthrose de hanche ou de genou et la raideur du cou de pied peuvent entraîner une boiterie avec esquive de l'appui et douleurs.
12- La marche du vasculaire.
La claudication vasculaire des membres inférieurs se manifeste par une douleur intermittente à type de crampes unilatérales du mollet, survenant après une certaine distance de marche et qui disparaissent immédiatement au repos.
13- La marche précautionneuse de la personne âgée.
 La marche de la personne âgée est une marche prudente, caractérisée par un léger déséquilibre, un discret élargissement du polygone de sustentation, un raccourcissement des pas et un ralentissement de la marche. C'est lié à une anxiété qui apparaît à la suite de chutes, conduisant à une véritable régression psycho-motrice.

La marche normale d'Homo-Ordinatus.

La marche humaine est une tache locomotrice complexe, quasi automatique, à dépendance corticale, variable en fonction de l'âge, de la taille, de la vitesse volontairement choisie. Elle est la résultante d'une longue évolution et s'effectue avec une dépense énergétique faible.






La marche normale est une condition importante de l'indépendance d'un sujet vis à vis du milieu extérieur; elle suppose l'intégrité de différents systèmes:
- squelette et articulations
- muscles
- voies motrices (centrale et périphérique)
- voies sensitives qui renseignent en permanence sur la position dans l'espace des segments de membre
- système vestibulaire qui assure l'équilibre
- cervelet qui participe à l'équilibre et à la coordination des mouvements
- noyaux gris centraux qui ont un rôle important dans le tonus musculaire et l'automaticité de la marche
- sous-cortex et cortex frontal.
La marche sollicite les 2 membres inférieurs qui progressent alternativement vers l'avant, avec à chaque pas, un membre arrière propulseur et un membre avant récepteur et amortisseur. Sa mise en place se fait entre 9 et 18 mois. 
Elle nécessite un certain nombre de pré- requis (acquisition des retournements, qualité du redressement du tronc, de la station assise, de la position à genoux, alternance régulière des mouvements des membres. Dans tous les cas, elle doit être présente à l’âge de 24 mois.
La marche acquise ne se stabilise que vers 6 ans. L’enchaînement harmonieux nécessite des amplitudes articulaires suffisantes au niveau des pieds, chevilles, genoux, hanches, bassin, rachis et membres supérieurs et des contractions musculaires efficientes de la part des différents muscles qui conditionnent la qualité du schéma de marche.
Rendre la marche la meilleure possible, est un objectif prioritaire en médecine de rééducation en particulier le périmètre de marche dont va dépendre l'autonomie, la qualité de vie et la condition physique gage d'un bon fonctionnement cardio-respiratoire.
I- ANALYSE CLINIQUE 

        

L'analyse de la marche, nécessite un clinicien expérimenté et un local suffisamment vaste. Les phénomènes observés sont relativement rapides et il est relativement malaisé d'observer en même temps plusieurs segments qui se meuvent dans les 3 plans de l'espace.
 Ce qui est observable en clinique:
- symétrie, continuité et rythme du pas.
- pas antérieur qui réceptionne et amortit et pas postérieur qui propulse.
- pas pelvien = ce qui revient en propre à la hanche et au bassin.
Dans les cas de marche pathologique et en raison de la fatigabilité et des douleurs liées à une observation nécessairement longue, le recours à la vidéo et à l' analyse quantifiée de la marche (AQM) est un complément inestimable. 
A partir des différents éléments observationnels et para-cliniques, il est possible de définir et de quantifier un certain nombre de paramètres:




1- l'enjambée = la distance parcourue pendant un cycle de marche, soit la  longueur du pas droit+ longueur du pas gauche.
2- la longueur du pas = 65 cm en moyenne pour Ducroquet; 75 cm pour la marche militaire française; 80 cm pour l' allemande.
3- la largeur du pas = distance entre la talon et la ligne de progression = 6 cm de part et d'autre soit 12 cm; cette largeur du pas est directement en relation avec le mouvement d'Abduction de Hanche qui dépend entièrement du muscle moyen fessier.
4- l'angle du pas est de 15° de part et d'autre de la ligne de progression, soit de 30°.
5- la cadence du pas = le nombre de pas par minute; 110 en moyenne ( de 80 à 150).
6- la vitesse du pas en m/s ou en Km/ H; modulable par la volonté; diminue avec l'âge; comprise entre 2 et 6 Km/H.
7- le périmètre de marche est une notion éminemment variable et fonction de l'intégrité physique.
8- le test des 6 minutes est corrélable avec la condition physique et garant de l'autonomie et de la qualité de vie. Il peut aller de quelques dizaines de mètres à 600 m et plus
II- RESULTATS. 
On peut quantifier un certain nombre de phénomènes et en particulier le cycle de marche et le pas.
 Par convention, on désigne par contact au sol l'attaque du talon droit.
1- le cycle de marche, c'est l'ensemble des phénomènes compris entre 2 contacts au sol, par le même membre inférieur ( entre 2 attaques du talon droit= pas droit+ pas gauche). 
2- le pas, c'est l'ensemble des phénomènes compris entre 2 contacts au sol, d'un membre puis de l'autre ( entre attaque du talon droit et attaque du talon gauche= 50% du cycle de marche.
Par convention, on découpe le cycle de marche en pourcentage de temps et en distinguant:

                       

- 1 phase d'appui = 60% du cycle
- 1 phase oscillante = 40% du cycle.
- 1 phase de double appui = 20% du cycle (diminue à la marche rapide et disparaît à la course).


Découpe du cycle de marche
- 0% = attaque du talon droit.
- 0 à 10% + double appui droit et gauche.
- 10% décollage de l'Hallux gauche.
- 10 à 50% = phase d'appui unilatérale droite et phase oscillante gauche
- 50% attaque du talon gauche.
- 50 à 60% double appui gauche et droit
- 60% décollage de l'Hallux droit.
- 60 à 100% phase oscillante droite et phase d'appui unilatéral gauche.
Pour chaque membre:
-  l'appui commence à l'attaque du talon, puis le pas déroule et se termine par le décollage de l'Hallux.
- la phase oscillante démarre au décollage de l'Hallux, puis le membre inférieur passe passe par la verticale pour franchir le pas et se termine par l'attaque du talon, précédée d'une phase de pré-contrainte des muscles porteurs.
III- A.Q.M. (analyse quantifiée de la marche)
1- en phase oscillante, le membre inférieur se raccourcit pour passer le pas et se projeter vers l'avant:
- F de hanche et action concentrique des Fléchisseurs
- F de genou jusqu'à 60° de F et action concentrique des IJ++
- DF de cheville en concentrique pour ne pas accrocher avec la pointe du pied.
Une fois le pas passé, il va s'étendre progressivement avec système pré contraint des muscles moyen fessier, quadriceps, dorsi Fléchisseurs  de cheville, avant d'attaquer le sol.
2- en phase d'appui à l'attaque du talon, chaque membre inférieur doit assurer une triple fonction:
- 1 fonction de support: le poids du corps est entièrement supporté par le talon; la hanche est fléchie de 20°; le genou est proche de l'extension (entre 5 et 10° de flexion); l'angle du cou de pied est en position neutre à 90°. 
Pour éviter l'effondrement du membre inférieur, il y a action musculaire majeure de freination déjà en état de pré-contrainte par moyen fessier et quadriceps en excentrique et dorsi fléchisseurs de cheville.
- 1 fonction d'amortissement avec déroulé rapide du pied à plat, le poids du corps se reportant successivement du talon au bord latéral du pied, puis en antérieur sur la tête des Métacarpiens.
 Cet amortissement est le fruit de l'action combinée du frein quadricipital en excentrique : la flexion du genou passant de 10 à 20°, de l'action des muscles intrinsèques du pied et de l'aponévrose plantaire, empêchant l'écrasement du pied et le pied plat valgus et du frein tricipital.
 La hanche participe par le muscle grand fessier et surtout le moyen fessier en excentrique = moment adducteur de stabilisation de la hanche.
- 1 fonction de propulsion: le poids du corps est réparti sur les orteils (surtout le 1er rayon); action conjointe concentrique du triceps sural et du grand fessier; la cheville s'étire jusqu'à 30° de planti- flexion; il y a aussi élan latéral par le moyen fessier.
IV- COUT ENERGETIQUE DE LA MARCHE.
 Le coût énergétique de la marche est peu élevé, l'élan provenant de l'énergie cinétique cumulée lors des cycles de marche précédents et restituée à la manière d'un ressort.
 Pour Ducroquet, la dépense d'un sujet de 70 Kilos qui se déplace à 4,7 Km/H est de 200 Kilos joules et couvert par 1 à 2 biscuits.


V- REMARQUES.
La marche ne se met en place qu'à partir du 1er double appui et ne se stabilise qu'après 2 ou 3 enjambées d'amplitudes initialement réduites. 
Au démarrage, c'est la forte activation du muscle jambier antérieur, starter de la marche, associé au relâchement de l'activité tonique  permanente à la station debout du triceps sural qui prévôt.
 Le choix du côté qui décolle et donc du 1er pas, provient du déplacement de la ligne de gravité par ajustement des muscles posturaux du bassin et du tronc, le transfert de charge se faisant paradoxalement du côté oscillant puis rapidement revient du côté de l'appui.
VI- NEURO PHYSIOLOGIE DE LA MARCHE
                                          

La marche est une activité locomotrice quasi automatique, à dépendance corticale, variable en fonction de la direction et de la vitesse de marche volontairement choisie, suppose un contrôle postural dynamique efficace afin de maintenir la position debout stable et donc l'intégrité des différents appareils vestibulaires, visuels, proprioceptifs et cérébelleux. 
Les différents groupes musculaires participant à la marche sont sous le contrôle d'un générateur spinal de marche (GSM), situé au niveau de la moelle épinière lombaire qui assure leur activation cyclique et coordonnée.



Ce GSM est lui même régulé par les centres supérieurs:
- aires locomotrices mésencéphaliques, du tronc cérébral et des noyaux sub-thalamiques
- un des noyaux gris de la base: le striatum antérieur qui initie la marche et son déroulement.
- le cortex associatif fronto-pariétal planifie l'action et le choix d'un programme moteur.
- le cervelet qui régule l'équilibre et la coordination des mouvements
- les noyaux vestibulaires pour l'équilibre
- les voies extra-pyramidales par les faisceaux rubro et réticulo-spinal pour le tonus musculaire et l'automaticité.