Avis à lire par tous les lecteurs:

Les premiers articles du blog "Un médecin du sport vous informe" datent de 2013, mais la plupart sont mis à jour pour pouvoir coller aux progrè médicaux. Ce blog inter-actif répond à la demande de nombreux confrères, kinésithérapeutes, étudiants en médecine et en STAPS, patients et sportifs. Il est le reflet de connaissances acquises tout le long de ma vie professionnelle, auprès d'enseignants remarquables, connaissances sans cesse actualisées que je me suis efforcé de rendre accessibles au plus grand nombre par le biais d’images trouvées sur le Net, images qui sont devenues par la force des choses, la propriété intellectuelle de tous; si cela dérange, ces images seront retirées.

Certains articles peuvent apparaître un peu plus polémiques que d'autres et indisposer, mais il n'est pas question pour l'auteur de tergiverser ou de se taire, quand il s'agit de problèmes d'éthique, en particulier en matière de dopage et quand la santé des sportifs est en jeu, compte tenu du nombre élevé de blessures liées au surentraînement et à une pratique imbécile d'une certaine musculation, qui n'est plus au service de la vitesse et de la force explosive utile (et non de la force maximale brute), qui sont les deux qualités physiques reines, qui ne respecte pas les règles de la physiologie musculaire et qui, au lieu d'optimiser la performance, fait ressembler certains sportifs body-buildés à l'extrême, davantage à des bêtes de foire gavées aux anabolisants, qu’à des athlètes de haut niveau.

Ce blog majoritairement consacré à la traumatologie sportive, est dédié à mes maîtres les Prs Jacques Rodineau, Gérard Saillant et à tous les enseignants du DU de traumatologie du sport de Paris VI Pitié Salpétrière et en particulier aux docteurs Jean Baptiste Courroy, Mireille Peyre et Sylvie Besch. L'évaluation clinique y tient une grande place: "la clinique, rien que la clinique, mais toute la clinique" et s'il y a une chose à retenir de leur enseignement, c'est que dans l'établissement d'un diagnostic, l'examen clinique, qui vient à la suite d'un bon interrogatoire, reste l'élément incontournable de la démarche médicale. Toutefois dans le sport de haut niveau et guidé par la clinique, l'imagerie moderne est incontournable : radiographie conventionnelle, système EOS en trois dimensions pour les troubles de la statique rachidienne, échographie avec un appareillage moderne et des confrères bien formés, scanner incontournable dans tous les problèmes osseux et enfin IRM 3 Tesla, le Tesla étant l'unité de mesure qui définit le champ magnétique d'un aimant; plus le chiffre de Tesla est élevé et plus le champ magnétique est puissant ("à haut champ") et plus les détails des images sont fins et la qualité optimale.

Hommage aussi au Pr Robert Maigne et à son école de médecine manuelle de l'Hôtel Dieu de Paris ou j'ai fais mes classes et actuellement dirigée par son fils, le Dr Jean Yves Maigne. Je n'oublie pas non plus le GETM (groupe d'étude des thérapeutiques manuelles) fondé par le Dr Eric de Winter et ses enseignants, tous des passionnés; j'y ai peaufiné mes techniques et enseigné la médecine manuelle-ostéopathie pendant 10 années.

Dr Louis Pallure, médecin des hôpitaux, spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, médecin de médecine et traumatologie du sport et de médecine manuelle-ostéopathie, Pr de sport et musculation DE, ex médecin Athlé 66, comité départemental 66, ligue Occitanie et Fédération Française d’Athlétisme, médecin Etoile Oignies Athlétisme.

vendredi 26 juillet 2013

Prise en charge chirurgicale des tendinopathies de coiffe et de l'instabilité d'épaule et cas particulier des prothèses d'épaule.

Une fois l'indication opératoire légitimement posée, la prise en charge chirurgicale d'un certain nombre de tendinopathies, d'épaules instables et d' omarthroses, ont fait l'objet d'une mise au point par la haute autorité de santé (HAS) sur la base d'un accord professionnel. 
I - Prise en charge chirurgicale des tendinopathies
En l’absence d’un niveau de preuve satisfaisant (séries de cas, comparaison de séries de cas, deux essais contrôlés réunis dans une méta-analyse), la haute autorité de santé (HAS) a émis en 2008 des recommandations fondées sur un accord professionnel à propos de la prise en charge chirurgicale des tendinopathies rompues de la coiffe des rotateurs de l’épaule chez l’adulte une fois l’indication opératoire posée. L’absence de gradation ne signifiant pas que les recommandations ne sont pas pertinentes et utiles.
Rappel anatomo-clinique
La coiffe des rotateurs de l’épaule est un élément musculaire stabilisateur dynamique de l’articulation gléno-humérale, comprenant d’avant en arrière à leur insertion humérale sur le tubercule mineur (trochin) et sur le tubercule majeur (trochiter): sous-scapulaire et sus-épineux, sous-épineux et petit rond. La rupture tendineuse de la coiffe des rotateurs est définie comme une solution de continuité d’un ou plusieurs tendons de la coiffe des rotateurs, survenant le plus souvent dans le cadre de l’évolution d’une tendinopathie chronique dégénérative, symptomatique ou non, les ruptures aiguës sur tendon antérieurement sain étant exceptionnelles.
Une rupture transfixiante est définie comme une solution de continuité intéressant la totalité de l’épaisseur du tendon.
Une rupture partielle n’affecte pas la totalité de l’épaisseur du tendon.
L’histoire naturelle 
L'historique des tendinopathies rompues de la coiffe des rotateurs n’est actuellement que partiellement connue. La prévalence et l’importance des ruptures dégénératives des tendons de la coiffe des rotateurs suggèrent une progression lésionnelle au cours du temps et ne sont pas toujours symptomatiques. Il n’y a pas de parallélisme anatomoclinique. Douleur et incapacité pouvant correspondre à un état inconstant ou transitoire dans l’histoire naturelle des tendinopathies rompues.
Le diagnostic pré-opératoire 
Il est est du ressort de l'imagerie.
La prise en charge chirurgicale
L'intervention chirurgicale est effectuée a ciel ouvert, ou le plus souvent par voie arthroscopique; les principales étiologies relevant de la chirurgie sont les suivantes:
- tendinopathies rompues: la prise en charge chirurgicale est conceptuellement logique dans un but de récupération fonctionnelle, en cas d’épaule douloureuse s'accompagnant de faiblesse ou de raideur incapacitante et après échec du traitement conservateur.
- tendinopathies calcifiantes subintrantes
- omarthroses
- épaules instables récidivantes.
Les techniques non chirurgicales: elles sont diverses et parmi elles les injections de PRP semblent promises à un bel avenir (voir l'article spécifique consacré aux PRP).
Les techniques chirurgicales 
1- la chirurgie « non réparatrice » ou débridement à visée antalgique porte sur la bourse sous-acromiale, le ligament coraco-acromial, la face inférieure de l’acromion, l’articulation acromio-claviculaire et le tendon du muscle long biceps brachial.
Elle comporte un ensemble d’actes dont les principaux sont : l’acromioplastie, la bursectomie sous-acromiale, la régularisation des lésions tendineuses, la résection du ligament acromio-coracoïdien, la ténotomie ou la ténodèse du long biceps et les gestes sur l’articulation acromio-claviculaire. Il est recommandé de réaliser cette chirurgie non réparatrice ou débridement par des techniques sous arthroscopie.

a- l'Acromioplastie isolée
Elle est rare; on peut y associer la résection de la clavicule externe; dans cette indication le conflit d'épaule est pur et il n'y a pas de tendinopathie associée; à l'imagerie, l'acromion est agressif et souvent crochu (stades de Bigliani), l'arthrose acromio -claviculaire souvent présente avec ostéophytose inférieure qui rétréci le défilé; l'objectif de l'intervention sera de redonner de l'espace en supprimant le conflit mécanique.



b- Acromioplastie le plus souvent associée à une réparation de coiffe et à une bursectomie sous-deltoïdienne




 et une bonne analgésie post-opératoire et une écharpe simple de soutien. La mobilisation passive doit être précoce jusqu'à la zéro-position de Saha. 


mobilisations passive jusqu'à la postion de Saha


Après 6 à 8 semaines, on peut commencer la mobilisation active; à 3 mois on récupère la gestuelle complexe; au 4ème mois on récupère la gestuelle professionnelle ou sportive. Les complication de l'acromioplastie  peuvent être prévenues: en cas de résection trop importante ou si la coiffe est trop dégénérative, les élévations actives seront difficiles à récupérer.
La chirurgie réparatrice de coiffe:

La réparation est le traitement spécifique des tendinopathies rompues de la coiffe des rotateurs. Elle est indiquée si les conditions anatomiques et le contexte général le permettent : réinsertions tendineuses, transferts tendineux, lambeaux musculaires, etc. 

- la réparation par suture simple (réparation directe) se définit par la remise en contact sans tension des 2 fragments macroscopiquement sains .

Cette définition conditionne la limite de la réparabilité ou pas des ruptures dégénératives. La suture simple peut se réaliser  lors d’une chirurgie à ciel ouvert par une voie d’abord delto-pectorale ou latérale ou supérieure, par une chirurgie assistée par arthroscopie (mini-open = mélange de chirurgie à ciel ouvert et arthroscopique) avec un temps arthroscopique exploratoire et thérapeutique gléno-huméral, puis sous-acromial, auquel succède une réparation tendineuse par un abord chirurgical réduit sans désinsertion du deltoïde.

Tous ces gestes d’exploration et de réparation sont de plus en plus réalisés exclusivement par technique arthroscopique.

- la réparation par avancements myo-tendineux et lambeaux à ciel ouvert:

l’avancement myo-tendineux en direction de la rupture, a été proposé pour les ruptures étendues du supra-épineux et de l’infra-épineux n’autorisant pas une réparation directe sans tension.

Les lambeaux sont proposés pour traiter les ruptures transfixiantes étendues et non

réparables par suture ou réinsertion transosseuse sans tension.

Le principe réside dans la réalisation d’une transposition tendino-musculaire afin de combler la rupture de manière active. Les principaux lambeaux utilisés sont transposés à partir du deltoïde, du grand dorsal et du grand pectoral.

Le choix entre avancement myo-tendineux ou lambeaux dépend de l’étendue de la rupture, de l’importance de la rétraction tendineuse et du degré d’infiltration graisseuse des muscles de la coiffe dont le tendon est rompu. 
Dans les ruptures partielles, les traitements chirurgicaux proposés sont le débridement et la réparation qui  peuvent être isolés ou associés, et il est recommandé de les pratiquer par technique arthroscopique exclusive.
Malgré l’absence de données comparatives prouvant la supériorité de la réparation par rapport au débridement, il est recommandé de réparer une rupture touchant plus de 50 % de l’épaisseur du tendon plutôt que de réaliser sa simple régularisation, recommandation ne faisant pas l’unanimité.
Dans les ruptures transfixiantes accessibles à la réparation directe, les procédés de réparation par chirurgie à ciel ouvert, mini open ou par arthroscopie ont des résultats comparables à travers des séries de cas. Les trois procédés sont acceptables actuellement. En conséquence, le choix de la voie d’abord (ciel ouvert, mini open ou par arthroscopie) dépend des habitudes du chirurgien et des possibilités techniques locales.
Les indications des réparations tendineuses des ruptures transfixiantes dégénératives sont les ruptures de coiffe symptomatiques, sur épaule souple, chez un patient actif etmotivé, avec un bon état musculaire ( peu d'infiltration graisseuse de la coiffe à la classification tomodensitométrique de la dégénérescence graisseuse des muscles de la coiffe des rotateurs de Goutallier).
Si les ruptures transfixiantes sont non accessibles à la réparation directe car non réductibles sans tension ou avec une dégénérescence graisseuse, le traitement envisageable dans cette indication est le débridement par arthroscopie.
simple déchirure curable par suture simple
rupture partielle avec perte de substance nécessitant une plastie
La technique sous arthroscopie est privilégiée s'il n'y a pas de lésion du sous-scapulaire qui n'est pas visible en arthroscopie, cette technique est moins traumatisante bien que les structures soient moins abordables; la technique à ciel ouvert par voie antérieure ou latérale, expose bien les différentes structures lésées mais est beaucoup plus délabrante et retarde la rééducation;  l'intervention est suivie de la mise en place d'un attelle post opératoire pour 1 mois; le temps de cicatrisation tendineuse est long: 50% de la solidité tendineuse se récupère entre 2 et 4 mois;  le travail actif n'est entrepris qu'après 6 à 8 semaines; dans un 1er temps on procède à la récupération des amplitudes passives jusqu'à la position de Saha ce qui permet un bon réveil musculaire du deltoïde, recentre la tête humérale et protège la coiffe; dans un 2ème temps on procède à un travail excentrique  de type Stanisch.


                    rupture totale tendon et muscle sain, fonctionnellement mobile, réparation par ancrage

II- Prise en charge chirurgicale d'une épaule instable:




Les étiologies d'une instabilité d'épaule:

- la primo-luxation gléno-humérale ( faire bilan de coiffe et bilan osseux : trochiter, glène)

luxation gléno-humérale

- les luxations récidivantes (encoche sur le cliché de face, profil de glène de Bernageau à la recherche d'une lésion osseuse antérieure de la glène)



EDI (épaule douloureuse et instable) du jeune.
Le diagnostic est clinique et para clinique (imagerie).
Le traitement chirurgical à ciel ouvert expose bien les lésions.
3 techniques dominent:
- l'intervention de Bankart, réinsère le labrum et le ligament gléno-huméral inférieur.

Bankart
- la capsulorraphie  remet en tension le sous-scapulaire; pas de rotation externe (RE) de 4 à 6 semaines y compris en balnéothérapie.



- la butée de Latarjet avec la coracoïde expose à une arthrose secondaire à long terme.
La rééducation passive doit être introduite rapidement; sa progression se guide sur les douleurs; pas de RE pendant 6 semaines y compris en balnéothérapie; le travail musculaire progressif est introduit prudemment : celui des abaisseurs longs, celui des RE et RI et celui des stabilisateurs de la scapula (grand dentelé); propioception en chaîne fermée d'abord; réapprentissage de la gestuelle en ergothérapie.



Les instabilités par slap-lésions de stade 3 et 4, les instabilités neurologiques par atteinte nerveuse des nerfs sus scapulaire ou grand dentelé (EMG++), l'instabilité du long biceps dans sa gouttière peuvent faire l'objet de prises en charge chirurgicale spécifiques déjà envisagées.
Choix thérapeutique: le score ISIS et ses 6 facteurs de risque.
Le score ISIS est une aide précieuse pour choisir entre l'intervention de Bankart et la butée de Latarjet.
BALG et BOILEAU, ont codifié le Score ISIS ( Instability Severity Index Score) qui permet grâce à des facteurs pronostiques pré-opératoires d’orienter l’indication thérapeutique en faveur de l’une ou de l’autre technique; la présence de ces facteurs peut favoriser la récurrence de l’instabilité en cas d’intervention de BANKART sous arthroscopie, particulièrement s’ils sont associés:
- L’âge < 20 ans.
- Le niveau de la pratique sportive (compétition, loisir ou pas de sport)
- Le type de sport pratiqué : contact, armée-contré ou sport « calme ».
- L’hyperlaxité de l’épaule atteinte : hyperlaxité antérieure avec une rotation externe coude au corps >85° ou une hyperlaxité inférieure avec un test d’hyperabduction >20° de différentiel entre les 2 épaules.
- Une lésion osseuse de Hill-Sachs (encoche sur la tête humérale) sur la radiographie de l’épaule de face en rotation externe.
- Une lésion osseuse du rebord glénoïdien sur la Radiographie de Face (rebord fracturé ou émoussé).
Le score ISIS intègre ces six facteurs de risque en leur attribuant à chacun un nombre de points déterminé en fonction de leur gravité.
Plus le nombre de points sera haut moins l’indication de BANKART arthroscopique sera retenue et inversement.
Nous avons donc le tableau ci-dessous indicatif du nombre de points attribués :





Si le Score ISIS > 6 POINTS : Indication de Butée vissée type LATARJET.
Si le Score ISIS < 3 POINTS : Indication de BANKART arthroscopique


Si : 3 < Score ISIS < 6 POINTS : Risque de récidive du BANKART ARTHROSCOPIQUE > 10 %, nécessité de faire une butée vissée ou de réaliser un geste complémentaire avec la technique arthroscopique.Le score ISIS est de réalisation rapide avec des critères reproductibles en consultation pré-opératoire. C’est une aide précieuse pour dicter avec le patient l’indication opératoire. Toutefois, les règles qu’il applique ne permettent de façon absolu d’éradiquer tous les risques de récidive post-opératoire. D’autres critères sont importants avec notamment les traumatismes post-opératoires récurrents ainsi que le niveau de reprise des activités sportives.

III- Cas particulier des prothèses d'épaule
Deux types de prothèse sont utilisables : prothèse humérale (simple ou à cupule mobile) et prothèse totale inversée (cupule humérale concave et sphère glénoïdienne).
Cette chirurgie est exclusivement pratiquée à ciel ouvert.
La fragilité des données sur la longévité prothétique à 10 ans incite à ne pas proposer
l’arthroplastie trop tôt dans l’histoire du patient et à tenir compte de son espérance de vie
lorsque ce traitement est envisagé.Les indications sont ciblées et ne sont retenues qu'après épuisement des autres options thérapeutiques:
- pour rétablir l'indolence quand tout a échoué
- si la raideur d'épaule est incapacitante: épaules pseudoparalytiques par rupture massive de la coiffe des rotateurs
- si la rééducation bien conduite a échoué.
Chez le jeune:
- cals vicieux de la tête humérale (TH)
- ostéonécrose de la TH
Chez la personne âgée:
- omarthrose décompensée
- fractures complexes de l'extrémité supérieure de l'humérus
- coiffe dégénérative et incapacitante.
Le médecin de rééducation doit toujours disposer du compte rendu opératoire (CRO) et des consignes écrites du chirurgien+++.
1- la prothèse totale anatomique:

La prothèse totale anatomique est mobile, peu stable avec risque de descellement secondaire et nécessite un bon environnement musculo-tendineux apprécié sur l'IRM.
Une écharpe est portée en post -opératoire, pendant 3 semaines; le coussin d'abduction est porté 6 semaines en cas de suture de coiffe associée ou après fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus complexe.
2- la prothèse inversée d'épaule


 C'est une invention géniale qui redonne au deltoïde toute son importance dans la mobilité de l'épaule bien que sidéré au début et pouvant en imposer pour une pseudo-luxation; ne pas travailler la RE si le sous scapulaire a été réparé. La bonne évolution de la mise en place d'une prothèse, se mesure sur la récupération rapide de l'indolence, une bonne mobilité passive et une coiffe efficiente. En cas d'évolution mitigée avec persistance de la raideur, il ne faut pas hésiter à poursuivre la réhabilitation passive et une stratégie de suppléances fonctionnelles. Si les douleurs persistent, il faut envisager une AND (clinique, imagerie dont scintigraphie), un sepsis (signes généraux, locaux et biologiques, un descellement (radiographies), une rupture de coiffe (imagerie), une instabilité par usure de la glène.
Les objectifs sont de retrouver surtout de l' indolence et beaucoup moins de la mobilité: au moins 90° et maximum 130° d'élévation antérieure, une RE de 20-30°, une RI en main-lombes.
IV- Rééducation d'une épaule opérée
La rééducation est recommandée pour tous les patients ayant bénéficié d’une chirurgie de rupture de la coiffe des rotateurs de l’épaule ou d’une arthroplastie, quelle que soit la technique chirurgicale proposée (recommandations HAS).
Particularités d'une épaule opérée:
1- les principes généraux sont les mêmes que pour une épaule non opérée: la douleur est à traiter et à respecter en utilisant au maximum la cryothérapie que l'on complète par des antalgiques en fonction de l'EVA; une séance de rééducation ne doit jamais se solder par une exacerbation des douleurs le lendemain de la séance de kinésithérapie, car ce peut être le début d'une AND qui est la complication à redouter; la récupération des mobilités passives d'abord en position de décubitus puis assis, constitue toujours le 1 er temps de la réhabilitation; il s'accompagne classiquement de massages décontracturants cervico-scapulaires de balnéothérapie en eau chaude++++, d'électro-stimulation du deltoïde, de mobilisations omo-thoraciques, de travail pendulaire et de décoaptation gléno -humérale douce; entre les séances , l'attelle d'abduction ou coude au corps est remise en place; à compter de la 6ème ou de la 8ème semaine et en tout cas pas avant d'avoir atteint la position de Saha, les mobilisations actives peuvent être introduites et d'abord en actif aidé; on y associe le travail de recentrage de la tête humérale par l'intermédiaire des muscles abaisseurs longs et courts, un travail de resynchronisation des rotateurs externes et internes, une rééducation globale du geste puis une adaptation du geste ou un réentrainement à la gestuelle sportive; ne pas oublier de respecter les interdits et toujours bien se donner des objectifs et des limites fonctionnelles en fonction de la profession du patient opéré ou du sport pratiqué.
2- particularités de la chirurgie de coiffe: si résection + suture du sous scapulaire par voie chirurgicale antérieure, la rotation externe passive ne doit pas être introduite avant la 6ème semaine.
3- après chirurgie de coiffe il faut théoriquement bannir tout travail actif au delà de l'horizontale chez les travailleurs et interdire le lavage de carreaux pour les ménagères.
4- la contention thoraco-brachiale: l'attelle doit être gardée nuit et jour pendant les 1ers 45 jours post-opératoires; on ne l'enlève que pour la rééducation passive en position allongée le 1er mois et en position assise après le 1er mois et elle est replacée sitôt la séance de kinésithérapie terminée; ne pas oublier de mobiliser le coude, le poignet , la main et les doigts; le sevrage de la contention s'effectue sur 2 semaines avec retour progressif coude au corps si attelle d'abduction.
Résumé de la rééducation d'une rupture transfixante de coiffe
Les ruptures transfixiantes symptomatiques des tendons de la coiffe des rotateurs sont fréquentes, puisqu'elles touchent de 4 % à 32 % de la population générale et leur incidence augmente avec l'âge. À la suite d'une rupture transfixiante de la coiffe des rotateurs, un traitement conservateur est initialement recommandé. Dans le cas d'un échec du traitement conservateur, une réparation chirurgicale est envisagée. La réparation chirurgicale consiste à lier les tissus tendineux rompus au moyen de sutures et, dans la situation où le ou les tendons sont détachés de leur point d'insertion sur la tête humérale, de rattacher les tendons à l'os. À la suite de la chirurgie, les patients prennent part à un programme de rééducation postopératoire. Les principaux objectifs de la rééducation postopératoire sont d'améliorer le niveau fonctionnel, l'amplitude articulaire et la force musculaire de l'épaule, tout en minimisant les symptômes et les risques de récidive. 
Le protocole est basé sur des données probantes directes et indirectes, mais également sur l'expérience clinique et l'opinion d'experts puisque les données probantes sont actuellement insuffisantes pour justifier toutes les étapes de la rééducation. Ce protocole de rééducation suit une progression en quatre phases. La première phase, la phase de repos, a pour but de protéger la réparation chirurgicale. La deuxième phase, la phase passive, a comme objectif la récupération des amplitudes articulaires passives de l'épaule. Durant la troisième phase, la phase active, l'objectif est la récupération des amplitudes articulaires actives et du contrôle neuro-musculaire de l'épaule. Finalement, le but de la quatrième phase, la phase de renforcement, est l'augmentation graduelle des forces produites par la coiffe des rotateurs et la reprise des activités professionnelles, sportives ou de loisir.

18 commentaires:

  1. Bonjour docteur.
    Je reviens vers vous car on m a opéré de l epaule mardi :acromioplastie, réparation du sus epineux ainsi que tu long biceps. Je vous avait évoqué avec mes pb de dos ceux de mes épaules. Tout s est bien passé et je vais commencer la rééducation passive semaine prochaine.
    J aurais une question par rapport aux activités sportives futures....j aime le renforcement musculaire et j ai ete adapte de la musculation poids de corps dont certains mouvements abandonnés car douloureux. Apres des mois de rééducation quels peuvent etre les sports de "force " musculaire que l on peut reprendre ou pas, bien entendu, pour ne plus solliciter l epaule.
    Merci docteur.
    Jérôme

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    1. Bonjour Jérome, il faut d'abord bien rééduquer votre épaule et retrouver une indolence totale et des amplitudes symétriques par rapport à l'épaule non opérée. Ensuite, dans mon expérience, il faut une bonne année avant de récupérer un bon niveau. Mais les mêmes choses produisant les mêmes effets, vous pouvez reprendre toutes vos activités précédentes, mais un cran en dessous. Personnellement, j'aime beaucoup le rameur et la poulie basse en relai de la rééducation, pendant les 6 mois suivant. Dr LP

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    2. Merci docteur pour votre réponse.
      C est encourageant.
      Bien cordialement
      Jérôme

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    3. bonjour docteur,
      je reviens vers vous après 3 semaines post opératoire.
      La douleur était pratiquement absente limite génante pendant 10 jours. J'ai un hématome qui est sorti face antérieure de l'épaule allant le long du biceps.
      Alors que je dormais sans douleurs, cela fait des jours que les douleurs me reveillent. J'ai de grosses douleurs face posterieures de l'épaule et au bras.
      Est ce normal que des douleurs apparaissent maintenant plus ? est ce du à la rééducation passive et aux exercices que j'effectuent au quotidien ?
      j'avoue passer des journées sans douleur même en bougeant et d'autres ou ça "tire"... :)
      Je précise que la kiné est très contente de l'évolutions car j'ai récupéré ( en passif bien sur) quasiment toutes les amplitudes de l'épaule.
      je dois voir le chirurgien le 27 prochain mais j'aurais besoin de votre avis.

      Merci beaucoup pour votre réponse docteur.
      Le bonjour de Carcassonne :)

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    4. Bonjour Jérome et à nos cousins Languedociens de la belle ville de Carcassonne. Je m'explique mal ces douleurs et cet hématome. Contactez très vite votre chirurgien (faîtes avancer le rendez vous du 27) et contentez vous de faire uniquement du passif en kiné et tenez moi au courant. Dr LP

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    5. bonjour dr.
      Merci pour votre réponse. je fais un point avec ma kiné en début d'après midi ce jour. Elle m'a mis au repos (sans exercices à la maison sauf pendule et glaçage) et aujourd'hui passif et massages avec elle. j'ai confiance en elle. Elle est satisfaite quand aux résultats qui donnent de bonnes amplitudes. l'hématome se résorbe doucement mais les muscles sont sensibles et douloureux (surtout face postérieure, petit rond, sous epineux, grand rond...)je vous ferais un retour. Merci pour votre bienveillance. Si vous préférez je peux vous contacter par mail.
      Bien cordialement,
      Jérôme

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    6. Bonjour Docteur,

      je reviens vers vous après mon rdv post opératoire chez le chirurgien.
      Depuis mon dernier message tout s'est amélioré de jour en jour pour, au final, que je reprenne même la conduite et le travail le lendemain de mon rdv.. :)
      Il faut dire que ma kiné m'a rassuré et aussi bien préparé avant l'opération mais aussi pendant la phase passive et active aidée de la rééducation.
      Le chrirugien m'a dit que j'avais récupéré d'excellentes mobilités avec une épaule encore douloureuse ce qui est normal à ce délai.
      J'ai encore de grosses contractures sur le plan postérieur mais aucunes douleurs dans l'épaule.
      j'ai vraiment récupéré toutes mes amplitudes que j'avais perdu.

      Il n'y a plus qu'a travailler en rééducation active et attendre janvier pour entamer le renforcement musculaire.
      Bien cordialement,
      Jérôme


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    7. Tant mieux Jérome si tout s'arrange, mais soyez prudent jusqu'à cet été. Dr LP

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    8. Merci docteur.
      Il est certain que je vais être très prudent.
      Bien à vous
      Jérôme

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    9. Bonjour Docteur et meilleurs vœux !!!

      Je reviens vers vous car les douleurs postérieures sont toujours présentes (zone de l'omoplate). traitement en cours (doliprane et AI). Je continue la kiné en renforcement musculaire depuis debut janvier.
      J'ai fait le point avec mon médecin traitant après IRM cervical car il pensait à une NCB car les douleurs allaient de la base du trapèze au bras. Il n'y a pas d'hernie expliquant la source. Il en a conclu à des contractures...
      J'avais posté sur la page des cervicalgies que j'avais des discopathies étagées à toutes les cervicales (ancien IRM) et discarthrose mineure C4/C5 à la radio.
      Avec tous les étirements du monde, le contracté/lâché, le traitement et la chaleur/massage, cela ne passe pas.
      Il m'a proposé une infiltration de la zone, que me conseillez vous ? aurais-je un nerf qui me joue des tours et à quel niveau? dois je prendre le temps de me remettre (3ans de douleurs voir plus de cette épaule avant opération).

      Merci pour vos conseils bienveillants docteur !! :)

      Jérôme

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    10. Si vous avez un problème de rachis cervical Jérome, merci de poser votre question au bon endroit après avoir lu attentivement l'article. Dr LP

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    11. j hésitais, je vais donc le faire.
      merci

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  3. Bonjour docteur,
    Suite à des douleurs récalcitrantes au niveau de l'épaule et de l'omoplate, mon docteur m'a prescrit radio et echo, la radio n'a rien mis en évidence, par contre le compte rendu de l'echo indique : pas de particularité du sous scapulaire, de l'infra epineux ou du supra tendineux, à l'exception d'un aspect grêle et de disjonctions myo-tendineuse de ces tendons; on ne visualise plus le tendon du long biceps, la goutiere bicipitale apparaît vide.
    Pourriez vous , s'il vous plait m'indiquer ce que cela implique? Aide soignante en service de gériatrie mes bras sont régulièrement sollicités.
    Mon aptitude physique à mes fonctions avait déjà été remise en question suite à une hernie discale opérée il y a 4 ans, je redoute que cela soit de nouveau le cas et que l'on me déclare inapte? Dois je en parler à la médecine du travail et/ou faire des examens complémentaires? Merci pour votre réponse, cordialement, Julie.

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    1. Bonjour Julie, avec l'accord de votre médecin traitant, il serait préférable de consulter un chirurgien orthopédique spécialiste de l'épaule qui décidera avec vous de la marche à suivre la plus adaptée: soit prise en charge médicale par la rééducation, soit chirurgie. Dr LP

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  4. Merci pour la rapidité de votre réponse; pensez vous que la médecine du travail emette des réserves? Dois je lui en parler?Je me soucie de mon avenir professionnel, pourrais je continuer d'exercer ma profession dans mon service? ( je ne souhaite pas en changer).
    Cordialement,
    Julie

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    1. Julie, je ne lis pas dans les astres; faîtes d'abord bien soigner votre épaule et si tout se passe bien, vous pourrez reprendre votre activité professionnelle en gériatrie ou ailleurs sur un poste aménagé en fonction des résultats. Dr LP

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    2. Vous avez raison Docteur, je pense qu'en fait je voudrais être soignée avant d'avoir commencé le traitement, merci pour vos réponses,
      bien cordialement,
      Julie

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