Définition de la commotion cérébrale (concussion des anglo-saxons).
Une commotion cérébrale est un trouble soudain et rapidement résolutif du fonctionnement du cerveau secondaire à un traumatisme crânien ou à tout impact à un autre endroit du corps transmettant à l'encéphale des contraintes d'inertie importantes.
Florian Fritz (Stade Toulousain)
Le diagnostic:
Il est évident quant la commotion cérébrale entraîne une perte de connaissance:
1- Le premier geste à faire est de vérifier comme déjà dit l'état cardio-circulatoire (en cas d'arrêt cardiaque le pronostic vital est en jeu et il faut de suite entreprendre une réanimation).
2- Le deuxième geste à faire est de protéger le rachis cervical en le mettant en rectitude et de maintenir cette rectitude par un minerve.
3- Une commotion cérébrale avec perte de connaissances peut s'accompagner :
- de convultions (crise tonico-clonique généralisée)
- d'un rachis cervical hypotonique (nécessité absolue de le mettre en rectitude pour le protéger+++).
- d'une hypertonie des membres supérieurs (les bras sont tendus et implorent)
4- Mais toute commotion
cérébrale n'entraîne pas obligatoirement
de perte de connaissance. Le diagnostic de
commotion est alors porté sur la constatation des
symptômes suivants, chacun ayant la même valeur
et pouvant survenir isolément ou en
association :
- confusion mentale, obnubilation
- troubles de la vue
- amnésie
rétrograde (perte du souvenir des faits précédant
immédiatement le traumatisme)
- amnésie
antérograde (amnésie post-traumatique des
faits qui suivent immédiatement le
traumatisme)
- troubles de l'équilibre =ataxie = marche et équilibre instable
Conséquences immédiates:
La commotion cérébrale diminue les performances du
joueur pendant au moins quelques heures,
augmentant son risque de nouvelles
blessures. Elle a un effet cumulatif sur le
dysfonctionnement cérébral si elle se répète dans les 48
premières heures au moins, avec potentiellement
des conséquences graves, voire vitale, chez l'enfant et l'adolescent (le syndrome du deuxième
impact).
Il faut impérativement sortir le joueur et surtout si c'est un enfant, de l'aire de jeu dès le 1er impact+++.
Conséquences à long terme:
Les commotions cérébrales répétées sont susceptibles
d'augmenter à long terme le risque
de survenue d'une encéphalopathie chronique post traumatique par maladies neuro-dégénératives en particulier la maladie de Parkinson (exemple du boxeur Mohamed Ali).
Conduite à tenir
sur le terrain:
Toute suspicion
de commotion cérébrale impose de sortir immédiatement et définitivement le joueur du terrain pour le match en cours. La recherche d'un traumatisme du rachis cervical associé est systématique. Au moindre doute, le joueur doit être transféré vers une structure hospitalière pour avis spécialisé.
Retour au jeu:
Une consultation
spécialisée doit être réalisée après un délai de
48h de repos complet afin d'établir les
critères de retour au jeu qui doit se faire par paliers
successifs de 24 h, en s'assurant de l'absence de
tout symptôme entre chaque palier:
Palier 1 : repos
physique et intellectuel complet
Palier 2 :
travail aérobie doux (vélo, piscine, marche).
Palier 3
: entraînement physique normal.
Palier 4 :
entraînement sans contact.
Palier 5 :
entraînement avec contact
Palier 6 : retour
à la compétition
Conditions de
retour au jeu:
Lorsque le joueur
est arrivé au palier 4 sans symptôme, une
nouvelle consultation spécialisée dite " de
retour au jeu" est programmée dans un délai variable
selon la gravité de la commotion évaluée lors de
la consultation à 48H par la classification de
Cantu, afin d'autoriser la reprise:
Grade 1 : pas
de perte de connaissance,amnésie ou symptomatologie durant moins de 30 min; pas
de délai particulier.
Grade 2 : perte de connaissance de moins d'une minute,
amnésie ou symptômes de plus de 30 min
mais de moins de 24 h; délai d'une semaine.
Grade 3 : perte de connaissance de plus d'une minute ou
amnésie supérieure à 24 h, symptômes
présents encore à 7 jours; délai de deux semaines.
Chez l'enfant
et le jeune adulte (jusqu'à U 20), ou en cas de
deuxième commotion dans les douze
derniers mois (quelque soit le grade): délai de
trois semaines. A partir de
la troisième commotion en 12 mois: délai de
trois mois et reprise après expertise.
Conclusion:
La commotion
cérébrale est un traumatisme sérieux dont les
règles de prise en charge doivent être
rigoureusement respectées. Les délais prescrits de
repos sont incompressibles et peuvent être
rallongés en fonction d'autres éléments associés
qui restent à l'appréciation du médecin référent
spécialiste.
La commotion cérébrale, un traumatisme dont la fréquence ne cesse d'augmenter dans le rugby Pro.
La Fédération anglaise de rugby a annoncé que la commotion cérébrale était, pour la troisième année consécutive, la blessure la plus fréquente en match (12,5% du total des blessures). Un constat plus inquiétant a également été dressé: les traumatismes crâniens auraient, selon une étude, augmenté de 59% entre les saisons 2012-2013 et 2013-2014. Alors que 54 cas avaient été recensés il y a deux ans, le chiffre a grimpé de façon impressionnante l'année passée (86, matches et entraînements compris).
«Pour réduire le risque de blessure, il est nécessaire de coordonner l'approche entre les professionnels de la santé, les préparateurs physiques, les coaches, les arbitres et les instances», a commenté Simon Kemp, responsable de la Sports Medicine Rugby Football Union. Pour Richard Bryan, président du syndicat des joueurs, «la connaissance de la commotion est un facteur déterminant». Or, ce type de blessure n'est pas toujours géré correctement (lire L'Équipe Explore, "jeu de massacre").
A méditer aussi l'interview dans le journal MIDI OLYMPIQUE de décembre 2015 de Marc Dal Maso, l'ancien talonneur international qui livre un combat contre la maladie de Parkinson, qu'il attribue à de multiples commotions cérébrales et "aux nouveaux comportements en matière de préparation physique (musculation imbécile avec recherche à tous prix de l'hypertrophie musculaire induisant un jeu en percussion) dont la première génération de joueurs semble avoir payé quelques pots cassés" (Emilie Dudon, journaliste MIDOL) et qui perdure.
La protéine S100 béta
A noter une avancée dans la protection des commotionnés du rugby, le travail mis en place par le staff médical de l'AS Montferrand, en collaboration avec le Professeur Vincent Sapin (Chef de service de Biochimie Médicale au CHU Gabriel Montpied de Clermont-Ferrand) qui étudie depuis de longues années les dosages de la protéine S100 béta, lors des traumatismes crâniens).
Le staff Clermontois a mis en place un dosage systématique de la S100B après commotion cérébrale , dans le but de trouver une corrélation entre état de choc cérébral et élévation de cette protéine S100 béta dans le sang.
Le cerveau n'étant pas un organe pas comme les autres, l’élévation de cette protéine après un choc cérébral, témoigne de façon significative de l’état traumatique du cerveau. Le staff Clermontois (les Drs Stiernon et Abbot ont constaté, une hausse systématique du taux sanguin de cette protéine après toute commotion cérébrale avérée et surtout une hausse qui perdure dans le temps, en corrélation avec les signes cliniques et retour au dosage normal de base propre à chaque joueur, lorsque celui ci ne ressent plus rien. Il y a également contraste avec les dosages des joueurs qui ont reçu de nombreux chocs durant un match mais sans être commotionné.
Sur le thème des commotions cérébrales, je recommande vivement à tous les lecteurs, cet autre article du Blog: "Boxe et cerveau " à chercher dans le sommaire, au paragraphe 4.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe pratique la boxe loisir (sans objectif de compétition) plusieurs fois par semaine. J’affectionne particulièrement ce sport pour les qualités physiques et tactiques qu’il demande.
Après plusieurs heures passées à lire des études / articles sur les dommages causés au cerveau, j’en viens à me demander si je ne devrais pas arrêter la pratique de ce sport. Toutes ces études sont en revanche faites sur des boxeurs compétiteurs (professionnels ou amateurs) et je ne sais pas dans quelle mesure celles-ci seraient extrapolables à mon cas.
En boxe loisir, les KO sont inexistants et je ne me suis jamais blessé jusqu’à présent. En revanche, les touches à la tête sont fréquentes. Je précise aussi que le port du casque est obligatoire.
Quel est votre avis sur la pratique de la boxe « loisir », c’est dire avec des séances de combat où les coûts ne sont pas portés avec puissance ?
Merci d’avance
Bonjour Damien, je vous remercie pour votre question qui me donnera l'occasion d'écrire un futur article sur les commotions cérébrales du boxeur. En ce qui vous concerne, la boxe de loisir que vous pratiquez me paraît sans danger (mais je vais approfondir le sujet), à la réserve près quand même de porter un casque de protection, ce que vous faîtes. De tous les sports de combat, la boxe est avec la lutte gréco-romaine, le sport que je préfère. encore merci à vous . Dr LP
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe me nomme Marcel j'ai 35 ans, je souffre depuis près de 4 mois une cervicalgie. Le résultat du scanner effectué à 1 mois après le début du mal,a révélé une saillie discale en C3-C4 position centro-postérieure. Àpres 10 séances de kinésithérapie prescrit par mon neurologue il n'y a pas eu d'évolution notable actuellement je suis un traitement composé de ( Melex cp, pronerv gélules, surmenalit et Iperprazol).malgré ce traitement je ressens fréquemment des céphalées survies de fatigue intense, des douleurs gastriques et abdominaux. J'aimerais savoir si les douleurs abdominaux et gastriques ainsi que la fatigue sont liées à la saillie discale ec C3-C4 ? Merci d'avance de m'éclairer sur cette situation