Les tendons sont de formes (ronds, plats) et de dimensions diverses (courts, longs) et ils sont entourés aux endroits où les forces de frictions sont élevées d'une gaine, le paratendon ayant à la fois un rôle de protection pour les fibres tendineuses et de glissement des tendons au contact des pièces osseuses qui agissent alors comme des poulies. Cette gaine au sein de laquelle le tendon glisse, glissement favorisé par un liquide lubrifiant secrété par la gaine et appelé synovie.
L'enthèse présente la particularité d’être formée par quatre zones allant du collagène à une forme de plus en plus minéralisée (fibrocartilage associé à du collagène) pour finir par de l’os cortical.
Les tendons sont composés de faisceaux de fibres de collagène de type I, entourés d’une membrane appelée endotendon qui se prolonge du côté proximal jusqu’au périmysium pour former la jonction musculo-tendineuse et en distal vers le périoste pour former la jonction ostéo-tendineuse, l'enthèse. Ses capacités de régénération sont intimement liées à sa composition et à son architecture, en effet le tendon est un tissu conjonctif dense, mal vascularisé par ses 2 extrémités et avec des possibilités de cicatrisation lors de blessures qui physiologiquement ne sont pas à la hauteur du tissu osseux par exemple. Il sont composés de différents faisceaux de fibres de collagène de type I et d'Elastine entre lesquelles sont plaqués les ténocytes, cellules conjonctives spécialisées. La masse totale d'un tendon comprenant environ 30% de collagène I, 2% d'élastine (protéine élastique) au sein d'une matrice extracellulaire composée à 2/3 d'eau et 1/3 de cellules ténocytes et ténoblastes.
Une tendinite correspond à une inflammation du tendon. Si la gaine du tendon est touchée, on parle alors de ténosynovite, ce qui signifie que le terme de tendinite est impropre: il vaut mieux dès lors parler de tendinopathies. Elles font partie des troubles musculo-squelettiques. Le plus souvent, les tendinopathies sont liées, en particulier chez les sportifs, à la répétition d’efforts. Ce sont donc des lésions de sur-utilisation qui touchent préférentiellement les tendons de la coiffe des rotateurs de l’épaule, les tendons épicondyliens latéraux du coude, les tendons du poignet, le tendon rotulien et quadricipital du genou et le tendon d’Achille.
La réparation tendineuse
- la vascularisation est pauvre et indépendante autour et au sein du tendon; elle est multipliée par 3 à 7 lors d'un exercice physique
Ces tendinopathies par hyper-sollicitation sont les plus nombreuses et affectent tout particulièrement les sportifs et tous ceux qui surmènent de par leurs professions, leurs articulations. En effet les tendons sont sollicités en permanence dans la vie de tous les jours et à fortiori dans la pratique sportive, ce qui les expose à des lésions d'hyper-utilisation se traduisant sur le plan clinique de manière variable, qui va de la simple gène fonctionnelle jusqu'à la rupture (stades de Blazina).
Le diagnostic d'une tendinopathie est essentiellement clinique:
Classification de Blazina plus détaillée
Cette classification n'est pas corrélée à l'aspect histologique de la lésion. Dans le cadre d'un traitement médical, les stades 1 et 2 sont de bons pronostics et les lésions, réversibles.
- douleur à la contraction résistée
- douleur à l’étirement
- douleur à la palpation du tendon.
Dans certaines localisations comme le tendon d'Achille, une tendinopathie peut être visible à la simple inspection: tendon épaissi, ou palpable : nodule dans le corps tendineux.
Lorsque la tendinopathie est évoluée, il est classique de demander des examens complémentaires et suivant la localisation de la tendinopathie (épaules, coudes, bassin) on commencera volontiers par des radiographies qui peuvent mettre en évidence des calcifications ou montrer des signes indirects de rupture partielle ou totale des tendons. Ces radios seront couplées à un examen échographique ++ par un opérateur bien formé et avec un bon échographe; cette échographie qui peut être aussi dynamique, va permettre d'objectiver parfaitement la lésion qui affectera soit le tendon (enthèse, corps du tendon, jonction myo-aponévrotique) ou sa gaine tendineuse (ténosynovite très sensible aux AINS et aux infiltrations de dérivés cortisonés).
Le recours à l’IRM ne s’impose que si la lésion tendineuse relève de la chirurgie (et dans ce cas c’est au chirurgien à poser l’indication et non pas au médecin de 1er recours comme préconisé par la règle des 3M).
Les thérapeutiques les plus utilisées sont les anti-inflammatoires locaux et par voie générale, les antalgiques, les infiltrations cortisoniques, la kinésithérapie (massages transverses profonds, différentes techniques d’étirement et de stretching, renforcement excentrique de Stanish, la cryothérapie par refroidissement, l’électrothérapie, les ultra-sons, les ondes de choc, les contentions).
Certaines structures médico sportives utilisent depuis quelques années et de plus en plus, des injections de PRP ( dérivés sanguins) avec des résultats intéressants et tout spécialement dans les tendinopathies fissuraires et les entésopathies (tendinopathies d'insertion).
NB: Les ruptures relèvent uniquement de la chirurgie orthopédique.
Traitement par ondes de choc
D'après notre confrère Hervé de Labareyre, fin connaisseur de ce type de traitement, il ne demande qu’un nombre limité de séances et donne de bons résultats qui peuvent même être potentialisés par l’utilisation simultanée des thérapeutiques classiques. La simplicité de la mise en oeuvre du traitement est également à mettre en avant ainsi que le très faible risque iatrogène.
Protocole du Pr Stanish et tendinopathies
Professeur d’Orthopédie Surgery au Dalhousie University et médecin-chef de l’équipe canadienne lors des jeux olympiques d’été, à Los Angeles en 1984 et à Séoul en 1988, le Dr Stanish a mis au point un protocole de rééducation pour les tendinopathies qui fait appel à des techniques sollicitant le tendon en torsion et en traction, par un travail musculaire excentrique.
Le repos et l’immobilisation allongeant le temps de réparation, de rééducation, ainsi que la cicatrisation dans les lésions du tissu conjonctif, Stanish préconise une pratique du renforcement musculaire, de type excentrique, afin d’obtenir une cicatrisation tendineuse optimale grâce à l’apport vasculaire, l’innervation et la traction mécanique.
Le protocole de Stanish comporte, durant six à douze semaines, des séances quotidiennes d’exercices de freinage du tendon concerné. Au début, ils sont initiés par un kinésithérapeute qui apprend au malade à les réaliser correctement. Cette méthode est la seule qui stimule la synthèse du collagène et permet la réorganisation du tissu tendineux. De nombreux travaux scientifiques publiés dans les plus grandes revues médicales ont confirmé l’excellence des résultats chez des malades réellement motivés.
La technique de Stanish sur un protocole excentrique est effectuée en chaîne fermée classique mais elle peu aussi se faire sur un dynamomètre isocinétique et donne d'excellent résultats.
1- d'abord un travail statique qui consiste à augmenter la longueur et l’élasticité de l’unité muscle/tendon par des étirements: le patient fléchit les genoux pieds à plats, haut du corps vertical en débutant par une flexion à 30°. Cette position est maintenue quinze à trente secondes et répétée trois à cinq fois. Chaque jour la flexion est augmentée pour obtenir en fin de compte 45 à 60°. Ces exercices seront les seuls à exécuter pendant la 1ère voire la seconde semaine, en fonction de l’importance des phénomènes douloureux. Si les douleurs semblent se majorer, il faudra alléger le programme et recommander au patient de se relever de cette position à la force des bras.
2- puis une seconde phase qui débute à la 3ème semaine, composée d’exercices à orientation excentrique en augmentant progressivement la charge pour faire progresser les limites de la résistance du tendon à base d’exercices dynamiques de flexion entre 10° et 45° de flexion des genoux, avec une descente puis « un relevé » du tronc en veillant à ne pas avoir d'arrêt brutal et en essayant d’amortir le plus possible. Cet exercice est répété 3 fois par séries de 10. Au début les flexions sont lentes puis intermédiaires et le 6 ème et le 7 ème jour, les flexions sont rapides. Ce travail de la vitesse de contraction et donc des amortissements, augmente les possibilités de résistance aux contraintes sur le tendon.
Toute séance de travail doit être précédée d’exercices d’échauffement, de massages et surtout d’étirements de l’appareil extenseur du genou. Ces mêmes étirements seront répétés en fin de chaque exercice. Le glaçage du tendon douloureux sera systématique en fin d’exercice.
Le traitement s’étale sur 4 à 6 semaines, en fonction de l’importance de la tendinopathie. Les sports non traumatisants pour le tendon, (notamment natation et vélo en moulinant) sont à réintroduire dès la 2ème semaine, à condition d’être pratiqués après une séance d’échauffement et d’étirements et que le tendon soit glacé en fin d’activité.
1- les contusions tendineuses par choc direct
Les lésions tendineuses par choc direct sont rares et correspondent à une contusion du tendon, le terme de tendinopathie, paraissant alors impropre pour celui qui connaît un tant soit peu l'anatomie, de par la présence des diverses bourses séreuses qui sont impliquées quasi systématiquement dans la contusion. Ces contusions tendineuses se rencontrent volontiers dans les sports de contact ou secondairement à une chute sur les genoux pour ce qui concerne le tendon rotulien et quadricipital. Les lésions sont variables, suivant le type d’agent vulnérant et la violence du choc. Si l'impact est étendu à la face antérieure du genou, à une souffrance tendineuse, peut s'associer une souffrance de l'appareil extenseur du genou: contusion osseuse de la TTA, bursite quasi constante, chondromalacie rotulienne par souffrance cartilagineuse avec épanchement intra-articulaire qu'il ne faut pas oublier de traiter après ponction, par injections d'acide hyaluronique. Au niveau du tendon rotulien par exemple, on peut rencontrer des lésions péri tendineuses, intra tendineuses, au niveau du corps ou de l’insertion du tendon avec une rupture de quelques fibres tendineuses. Le processus de cicatrisation commence avec l'apparition d'un cal tendineux, la régénération complète se situant à la fin du 3ème mois, le tendon restant quand même fragile pendant quelques mois encore. Si la contusion a été violente, il peut persister au sein du tendon, des foyers de nécrose, des nodules fibro - cicatriciels, des cavités kystiques, des calcifications, signant une cicatrisation de mauvaise qualité qui va relever de la chirurgie.
Sur le plan thérapeutique, la prise en charge de ces contusions tendineuses par choc direct quant elles sont simples, doit se faire à minima (glace, repos), de manière à ne pas exciter davantage le tissu tendineux contus et de ne pas risquer d'aggraver des lésions qui seront glacées les 3 premiers jours, mises sous AINS la 1ère semaine et puis rééduquées progressivement selon le protocole de Stanish, d'abord en statique puis en dynamique de type excentrique. Il est recommandé d'associer à cette rééducation, en se guidant sur les douleurs, de la natation et du vélo à condition exclusivement de mouliner. La Thécarthérapie, pourtant largement utilisée par les kinésithérapeutes, n'a pas encore été évaluée de manière à emporter l'adhésion de l'ensemble de la communauté médicale (médecine par les preuves). En cas de contusion de l'appareil extenseur du genou, ne pas oublier de traiter la contusion articulaire du genou avec hydarthrose réactionnelle quand elle est présente, ou celle de la TTA (tubérosité tibiale antérieure).
3- les tendinalgies d'origine vertébrale de Robert Maigne (SCTPM = syndrome cellulo-téno-périosto-myalgique)
Notion moins connue et déjà signalée il y a un demi-siècle par Robert Maigne et que nous avons pu observer tout le long de notre vie professionnelle, une tendinopathie de surcharge est la plus part du temps précédée pendant de longs mois et même pendant plusieurs années années, par des tendinalgies qui correspondent à des douleurs se projetant sur les tendons, d'origine vertébrale, par dysfonction d'un joint intervertébral et entraînant une souffrance souvent à minima de la branche antérieure du nerf rachidien, avec des signes cliniques souvent discrets qu'il faut toujours s'attacher à mettre en évidence: cellulalgie métamérique locale en regard du tendon (qui rentre dans le cadre du syndrome cellulo-téno-périosto-myalgique de Robert Maigne) et signes de DIM (dérangement inter-vertébral mineur) en para vertébral, avec au moins un point exquis douloureux articulaire postérieur.
Une fois la tendinopathie locale installée, elle cohabite avec la tendinalgie d'origine vertébrale et dans la prise en charge, il ne faudra pas oublier de les traiter concomitamment.
Exemples de tendinalgies projetées: celles de la coiffe des rotateurs et ou du tendon du long biceps en relation avec la racine nerveuse C5 (joint intervertébral C4/C5), les tendons épicondyliens latéraux avec la racine nerveuse C6 (joint C5/C6), les tendons médiaux du poignet avec C8 (joint C7/T1), la pubalgie avec T12 (joint T12/L1), la patte d'oie avec L2 ou L3 (joint L2/L3), les tendons quadricipitaux et rotuliens avec L4 (joint L3/L4), les tendons fibulaires avec L5 (joint L4/L5), le tendon d'Achille avec S1 (joint L5/S1).
A noter +++ que cliniquement, les dysfonctions vertébrales responsables des tendinalgies projetées, peuvent parfois être extrêmement discrètes sur le plan clinique et se résumer à peu de chose: un point articulaire postérieur en para-vertébral et une cellulalgie métamérique sur le trajet de la racine nerveuse en périphérie.
Ces tendinalgies projetées sont par ailleurs faciles à diagnostiquer quand elles affectent le membre supérieur, ce dernier étant entièrement innervé par les branches antérieures du plexus brachial issues des nerfs rachidiens de C5 à T1 et parce qu'au niveau cervical, les branches postérieures sont bien individualisées et à l'origine :
- des contractures para-vertébrales d'origine inter-segmentaire de C5 à T1
- d'un trouble du mouvement intervertébral localisé accessible à l'examen clinique du rachis cervical
- de la cellulalgie inter-scapulaire à rechercher par le palpé roulé en dedans des omoplates.
Tandis que les branches antérieures des Nerfs rachidien de C5 à T1 sont à l'origine:
- des névralgies cervico-brachiales C5 à T1
- ou de leur forme atténuée la cervico-brachialgie avec Lasègue cervical
- ou le plus souvent de la forme projetée qui nous intéresse: le syndrome cellulo-téno-périosto-myalgique de Maigne (SCTPM) sur un même métamère, correspondant à une tendinalgie (douleur de type réfférée).
Par exemple le SCTPM au niveau du coude va s'exprimer par une tendinalgie et une cellulalgie de localisation différente suivant la racine impliquée:
- racine nerveuse C5: tendinalgie bicipitale ou de la coiffe des rotateurs et cellulalgie antérieure ou latérale du moignon de l'épaule et sus épicondylienne latérale
- racine C6: épicondylalgie latérale et cellulalgie latérale sous épicondylienne latérale
- racine C7: cellulalgie et tendinalgie de l'olécrâne
- racine C8 et T1: épicondylalgie et cellulalgie médiale sous et sus épitrochléenne.
Le SCTM est également bien individualisé quand la dysfonction vertébrale affecte le segment intervertébral T12/L1 avec tendinalgie sur les adducteurs.
Par contre le SCTM est beaucoup plus difficile à individualiser lorsque la dysfonction vertébrale affecte les segments lombaires bas, à ce niveau, la branche postérieure
n'ayant aucun territoire cutané en para-vertébral, il faudra soigneusement par le pincé-roulé, balayer tous les métamères du membre inférieur de L1 à S1.
Conclusion