De tous les termes utilisés pour désigner les accidents musculaires intrinsèques, le claquage est celui qui est le mieux compris des sportifs qui l'ont eux même inventé et qui correspond à un traumatisme survenant sur un groupe musculaire mis en tension trop brutalement, s'accompagnant le plus souvent d'un claquement caractéristique à la manière d'un coup de fouet qui l'empêche de poursuivre son effort et parfois d'une douleur syncopale.
1- l’élongation
Elle correspond sur le plan histologique à la déchirure de quelques fibres musculaires. Sur le plan clinique, la douleur est soudaine mais limitée, l'EVA est inférieur à 6 (entre 3 et 4 en moyenne). L’impotence fonctionnelle est relative avec possibilité pour le sportif de poursuivre son match de football ou de rugby (ce qui n’est jamais une bonne chose et source d’aggravation et le médecin de terrain doit s'y opposer). Le diagnostic échographique est difficile et nécessite un opérateur entraîné. Le repos est la thérapeutique essentielle. Il est d’au moins quinze jours et idéalement de trois semaines, avec l’appoint de la kinésithérapie après glaçage initial qui réduit considérablement la lésion.
2- le claquage ou la déchirure
Il correspond sur le plan anatomique à la lésion d’un ou plusieurs faisceaux musculaires. Sur le plan clinique, le claquage est parfois audible, il s’accompagne d’une douleur fulgurante qui s’étend rapidement à la totalité du groupe musculaire lors de l’évaluation clinique avec apparition rapide d’un œdème et constitution d’un hématome. L' EVA est comprise entre 4 et 7. L'impotence fonctionnelle est variable et corrélée à l'intensité de la douleur. L’échographie montre des zones hypo ou hyper échogènes et peut guider une possible ponction. Le repos est également ici le traitement essentiel. Il peut aller de quatre à huit semaines en fonction de l’étendue de la lésion.
3- les ruptures ou les désinsertions musculaires
Sur le plan clinique c’est un accident grave et spectaculaire qui survient en plein effort. Le sportif paraît foudroyé et chute; la douleur est syncopale EVA à 10 et plus et l’impotence fonctionnelle totale. Dans l’immédiat, l’encoche musculaire est palpable cliniquement, l’œdème survient rapidement. Le mouvement actif est quasi-impossible, le mouvement passif est hyperalgique, mais il est déconseillé de les rechercher. L’échographie objective les dégâts. Sur le plan thérapeutique, le repos varie de 70 à 90 jours. Certaines lésions peuvent relever de la chirurgie.
B/ Classification des accidents musculaires de la Pitié Salpétrière (Rodineau et Durey) en 5 stades à la phase aigue:
Stade 0 : atteinte réversible des fibres musculaires, douleur modérée, contracture musculaire diminution de la force, récupération en quelques heures, indécelable à l'échographie.
Stade 1: atteinte irréversible de quelques fibres musculaires, mais respect du tissu de soutien conjonctif, douleur, contracture musculaire, diminution de force sont plus intenses que le stade 0, régénération des fibres musculaires et récupération en quelques jours; lésions non décelable à l'échographie, remaniements oedémateux à l'IRM.
Stade 2: désinsertion irréversible d'un contingent réduit de fibres musculaires et atteinte modérée du tissu de soutien; pas d'hématome; douleur vive lors de la pratique sportive n'obligeant pas à l'arrêt; retentissement fonctionnel variable. Evolution : rapidement favorable cicatrisation en 10 à 15 j. Reprise du sport : fondée sur les tests cliniques, pas de douleur à la contraction contre résistance et à l'étirement.
Stade 3: désinsertion irréversible d'un contingent étendu de fibres musculaires et atteinte sévére du tissu de soutien, hématome intra-musculaire localisé, douleur vive lors de la pratique sportive, obligeant à l'arrêt, retentissement fonctionnel sévère. Evolution : longue 4 à 12 semaines. Reprise du sport fondée sur les tests cliniques: pas de douleur à la contraction contre résistance et à l'étirement.
Stade 4: rupture-désinsertion partielle ou complète du muscle avec atteinte sévère du tissu de soutien conjonctif, hématome volumineux, douleur vive lors de la pratique sportive, obligeant à l'arrêt, retentissement fonctionnel sévère avec impotence totale, Evolution : parfois rapidement favorable, le moignon musculaire rétracté n'est pas soumis à des phénomènes de traction et vient s'accoler aux structures musculaires avoisinantes.
C/ Equivalences entre classification d'Andrivet et de Rodineau
contracture : stade 0
claquage ou déchirure: stade 2 ou 3
rupture: stade 4
Cette classification distingue les accidents musculaires sévères pour lesquels une reprise sportive peut être espérée entre le 50 ème et le 60 ème jour (52 jours pour Guillodo) et ceux peu sévères dont la reprise sur le terrain est inférieure ou égale à 3 semaines. Les critères de gravité sont basés sur le retentissement algo-fonctionnel:
- intensité de la douleur : grave quand > 6 à l'EVA (échelle visuelle analogique de la douleur qui va de 1 à 10).
- impotence fonctionnelle avec son retentissement dans la vie de tous les jours et donc sur la marche : grave quand les douleurs et l'impotence persistent au delà du 3ème jour.
- présence d'un craquement ou claquement audible par le blessé et parfois à distance par l'entourage.
- apparition d'une ecchymose retardée.
- à l'examen physique : asymétrie avec angle d'au moins 15° à l'étirement du groupe musculaire lésé.
L'échographie est l'examen roi (avec la sonde d'échographie, on peut comprimer l'hématome et ainsi bien le repérer pour évacuation à l'aiguille) et non pas l'IRM.
A faire en post traumatique immédiat+++: glace, compression, béquillage. Inutilité d'injecter des PRP.
E/ Complications des lésions musculaires intrinsèques
Ces différentes lésions musculaires peuvent se compliquer:
- la récidive est fréquente surtout si la prise en charge initiale est inadaptée et si la reprise des activités sportives trop précoce.
- l’hématome compressif va nécessiter une évacuation à l’aiguille sous échographie, voire chirurgicale si nécessaire.
- la myosite ossifiante est favorisée par des massages locaux intempestifs.
- la thrombophlébite doit toujours être redoutée; elle est favorisée par un mauvais état circulatoire et par un hématome compressif.
Traitement : étirements. Prévention +++ (entraînement de type excentrique+++).
2- Les contractures
Elles correspondent à une courbature exagérée qui met en tension involontairement un groupe musculaire. Elles sont peu douloureuses et d'apparition lente avec l’effort. Elles cèdent au repos et reprennent à l'effort. A l'examen : diminution du ballottement du muscle.
Traitement : repos 2 à 3 jours; préventif surtout du dysentraînement.
Traitement: étirement du muscle; préventif des facteurs favorisants+++.
Anatomie des muscles des faces antérieure et interne de la cuisse
L’aponévrose musculaire est une structure fibreuse entourant ou pénétrant le muscle et lui servant de squelette. Les faisceaux musculaires, avec leur structure de soutien (épimysium et périmysium), viennent s’insérer fermement sur les différentes aponévroses qui se terminent par le tendon d'insertion. Les fascias et les septas sont la réunion de plusieurs aponévroses qui délimitent et font adhérer plusieurs muscles. La plupart des accidents musculaires sont des lésions de désinsertion myo-aponévrotiques, par étirement brutal.
Cette désinsertion musculaire entraîne une hémorragie qui va se localiser en périphérie autour du fascia périphérique du muscle. Dans certaines formes sévères, elle se collecte dans la zone de rétraction du muscle.
Diagnostic d'un claquage de cuisse
Les lésions du muscle droit fémoral
Anatomie
- le tendon réfléchi s’insère sur la gouttière sus-cotyloidienne.
- le tendon récurrent est une expansion fibreuse qui se détache du bord externe du tendon direct et s’étale à la face antérieure de la capsule pour aller renforcer le faisceau supérieur du ligament ilio- fémoral et se fusionner plus en dehors sur le bord antérieur du grand trochanter.
Le trajet du muscle droit fémoral est vertical et se termine sur la face supérieure et centrale de la rotule (patella).
Le droit fémoral sous l’effet d’une contraction brusque peut être aussi le siège d’une déchirure particulière, interstitielle ou centrale, (il présente une volumineuse lame aponévrotique centrale qui peut se désinsérer).
Classiquement : douleur brutale +/- claquement audible, impotence fonctionnelle immédiate; discontinuité musculaire en frais; écchymose retardée qui fuse vers le genou; à la palpation: douleur vive, exquise, étendue; ballotement musculaire diminué.
Mais ce qui compte c'est le degré de gravité du claquage, basé sur l'intensité de la douleur > 6 sur l'échelle EVA de la douleur et la répercussion fonctionnelle immédiate sur la marche.
Traitement
On les classe en fonction de leur profondeur. D'arrière en avant se trouvent respectivement le grand adducteur, le petit adducteur, le pectiné, le droit interne et le moyen adducteur. Pour Reboul ils se répartissent en deux « rideaux » :
Le 2éme rideau, le plus puissant, comporte trois plans, plan profond : le grand adducteur, plan moyen : le court adducteur, plan superficiel : le long ou moyen adducteur et le pectiné.
Ce sont des muscles mono articulaires qui n'interviennent que sur la mobilité de la hanche. Ils sont à la fois pennés (implantation oblique) et fusiformes (implantation parallèle au tendon) et leurs fonctions sur le mouvement est de courte ou longue action qui définie leurs limites. Ils sont à vocation excentrique dans la marche et statique au niveau du bassin et au total peu extensibles (il faudra les étirer en permanence par un entraînement adéquat). Les muscles Adducteurs, dits de courte action, sont habitués à travailler en freinage avec un raccourcissement et une extensibilité réduite comme le pectiné et le faisceau antérieur du court adducteur. Le faisceau postérieur du grand Adducteur par contre, est un muscle de longue action et présente des fibres fusiformes (parallèles aux fibres tendineuses), avec une facilité à se laisser distendre. Petit et Moyen Adducteur ont une origine fusiforme et une terminaison pennée. Le Gracile ou Droit interne a une insertion proximale pennée et distale fusiforme.
Neuro-physiologiquement
Mécanismes lésionnels
Cliniquement
L’IRM précise au mieux les lésions difficiles à diagnostiquer et à traiter de l’interface musculo-tendineuse. Son intérêt est majeur dans les claquages importants, pour poser l’indication de l’évacuation par ponction ou chirurgie. On sait le problème et les délabrements musculaires qu’entraînerait l’ablation secondaire d’une calcification « en os de seiche » d’un volumineux hématome (Reboul).
Testing des muscles adducteurs:
- en décubitus latéral pour le testing unilatéral de leur force excentrique
Traitement
En post traumatique immédiat le traitement est en tout point similaire à celui des IJ, et repose sur le protocole Grec ou Rice suivi d'une kinésithérapie excentrique adaptée à la gravité du claquage. Grand intérêt du système Game Ready+++.
Les temps de repos sportifs sont variables et vont de 3 à 8 semaines, la reprise sportive toujours progressive allant de 6 à 12 semaines. Une prévention anti-thrombotique sera discutée en fonction de l'impotence fonctionnelle. La recherche d'une épine irritative d'origine vertébrale lombaire L1/L2 ou L2/L3 doit être systématique.
Le système Game Ready glace et comprime à la fois la lésion musculaire
20 mn et 25-50 Hg
2 - Lésion musculaire intrinsèque
20 mn et 50 Hg
3 - Entorse genou LLI
20 mn et 50 Hg
4 - Tendinopathie rotulienne
20 mn et 25 Hg
5 - Contracture/ élongation
15 mn et 50 Hg
Prévention
Dans une majorité d'accidents musculaires de cuisse en rapport avec des actions spécifiques de sprints, sauts, accélérations, changements de direction, on retrouve des déséquilibres musculaires entre les différents groupes musculaires. Ces déséquilibres musculaires que l'on peut quantifier en isocinétisme peuvent être prévenus par des programmes de musculation spécifique destinés à assurer l'intégrité des masses musculaires les plus faibles, le renforcement musculaire de type excentrique devant intervenir toujours après une phase d'étirements des structures musculaires.
Enfin nous ne le répéterons jamais assez, tout au long de nos quarante cinq années de pratique de la médecine sportive, nous avons constamment retrouvés chez les sportifs claqués, des troubles tissulaires du SCTPM en rapport avec une dysfonction vertébrale lombaire, comme indiqué en début d'article, qu'il faut traiter en même temps que la lésion musculaire (comme le fait si bien le Dr Müller-Wolfhart, médecin du Bayern de Münich et de la Mannschaft et des plus grands sprinters de la planète) et surveiller afin d'éviter les récidives.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe vous contacte pour une douleur sur le côté interne latéral du genou par intermittence depuis plus de 5 ans.
Diagnostique clinique sur IRM :
Ménisque interne fêlé.
Ligaments croisés OK
Lorsque ma douleur est présente, j'ai l'impression que c'est surtout le ligament latéral interne qui me fait souffrir. Il y a inflammation des tissus de la zone avec gonflement dur visible flagrant à cet endroit. c'est pas un gonflement mou mais dur.
Ma question est la suivante :
Est ce que cette douleur est forcément due au ménisque interne fêlé ? ou est ce qu'elle peut être une tendinite du sartorius / gracile?
Sachant que la douleur N'est PAS située à la patte d'oie, mais plus en amont vraiment sur l'interligne.
Pourquoi cette question :
1) Parce que parfois je n'ai pas mal durant des mois (alors que le ménisque interne est toujours fêlé) Donc gros doute sur l'origine systématique du ménisque.
2) Parce que si c'est une tendinite du sartorius ou du gracile, j'ai espoir d'éviter que la douleur ne se déclenche ou dure des mois...
3) parce que je n'ai pas de réponse satisfaisante de mon médecin, j'ai l'impression que l'anatomie n'était pas sa matière préférée.
Je vous remercie de l'attention que vous porterez à ma question.
Cordialement
Maxime B.
Bonjour Nuad ou Maxime, quelle étrange idée de poser des questions concernant le genou, sur l'article consacré aux claquages musculaires (vous n'avez pas du lire l'avis préalable). Alors commencez par poser vos questions au bon endroit et au préalable lire l'article spécifique sur les lésions méniscales du genou. Dr LP
SupprimerDésolé...
SupprimerJe suis arrivé sur cette page en recherchant les douleurs caractéristiques du ligament latéral Interne ou de la patte d'oie.
Pour savoir si elles pourraient correspondre à celles que je ressens périodiquement:
Je repose mes questions sur la page ménisque.
Cordialement
Maxime B.
Bonjour
RépondreSupprimerSvp j ai une hyperthrophie du muscle peut etre le gracile et j ai des difficultés quant à la rotation extere aussi en abduction je demande dans ce cas c est quoi la solution j ai essayé les etirement et ca n a pas donné beaucoup de resultat 30% de soulagement
Et merci
Bonjour Mustapha, une hypertrophie du muscle gracile, impossible. comme son nom l'indique c'est un muscle allongé et filiforme. Si vous avez des restrictions d'amplitude d'un seul côté, il faut chercher du côté de l'articulation de la hanche, bien qu'en principe ce soit la flexion la rotation interne et l'adduction qui soient touchés en premier dans une chondropathie de hanche ou une coxarthrose débutante. Des radios de hanche, suivies d'un avis orthopédique sont nécessaires. Dr LP
SupprimerD abord merci louis pour ta reponse .je voulais ajouter que de temps en temps j ai du douleur au et au dessous du talon comme une epine de plus quand je marche je deboite et je ressens des douleurs au niveau des fesses et cuisse y a t il une relation entre douleurs au adducteurs et douleurs au fesses+cuisse+mollet
SupprimerMerci louis
Non Mustapha, il n'y a pas de relation entre une douleur de la région des Adducteurs qui est innervée par le nerf obturateur et les racines lombaires hautes: L2 et L3 dès fois L4 et douleurs de fesse, cuisse postérieure et mollet, innervés par le nerf sciatique et les racines nerveuses L5 et S1. Faîtes faire une radio du rachis lombaire et faîtes vous traiter le dos par manipulations vertébrales lombaires. Dr LP
SupprimerOui je comprends mais j ai un muscle cote gauche gros que a droite peut un adducteur ou gracile qui le rotation du pieds de plus peut etre comme vous avez dit j ai un probleme orthopedique et aussi depuis des annees je sens que mon dos est courbé
Supprimersans oublier je tiens a vous remercier Dr LP
bonjour docteur lors d'un shoot au football j'ai ressenti une douleur sur le droit fémoral accompagner d'un tout petit claque (bruit fessant référence au claquage ) ceci dit la douleur n’était pas très forte j'ai pue continuer a trottiner faire quelque passe courte mais impossible de shooter a nouveau et a la mitent du match je suis sortie par précaution le soir même j'ai glacer ainsi que le lendemain selon vous quel est le diagnostique élongation ou déchirure? j'ai oublier de vous préciser 24h après l'accident muscle douloureux a l’étirement et a la palpation mais pas d’hématome visible sous la peau je suis a 48h après l'accident toujours le muscle douloureux a un endroit précis cordialement zakaria
RépondreSupprimerCommencez anonyme par lire l'avis préalable. Dr LP
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