Avis à lire par tous les lecteurs:

Les premiers articles du blog "Un médecin du sport vous informe" datent de 2013, mais la plupart sont mis à jour pour pouvoir coller aux progrè médicaux. Ce blog inter-actif répond à la demande de nombreux confrères, kinésithérapeutes, étudiants en médecine et en STAPS, patients et sportifs. Il est le reflet de connaissances acquises tout le long de ma vie professionnelle, auprès d'enseignants remarquables, connaissances sans cesse actualisées que je me suis efforcé de rendre accessibles au plus grand nombre par le biais d’images trouvées sur le Net, images qui sont devenues par la force des choses, la propriété intellectuelle de tous; si cela dérange, ces images seront retirées.

Certains articles peuvent apparaître un peu plus polémiques que d'autres et indisposer, mais il n'est pas question pour l'auteur de tergiverser ou de se taire, quand il s'agit de problèmes d'éthique, en particulier en matière de dopage et quand la santé des sportifs est en jeu, compte tenu du nombre élevé de blessures liées au surentraînement et à une pratique imbécile d'une certaine musculation, qui n'est plus au service de la vitesse et de la force explosive utile (et non de la force maximale brute), qui sont les deux qualités physiques reines, qui ne respecte pas les règles de la physiologie musculaire et qui, au lieu d'optimiser la performance, fait ressembler certains sportifs body-buildés à l'extrême, davantage à des bêtes de foire gavées aux anabolisants, qu’à des athlètes de haut niveau.

Ce blog majoritairement consacré à la traumatologie sportive, est dédié à mes maîtres les Prs Jacques Rodineau, Gérard Saillant et à tous les enseignants du DU de traumatologie du sport de Paris VI Pitié Salpétrière et en particulier aux docteurs Jean Baptiste Courroy, Mireille Peyre et Sylvie Besch. L'évaluation clinique y tient une grande place: "la clinique, rien que la clinique, mais toute la clinique" et s'il y a une chose à retenir de leur enseignement, c'est que dans l'établissement d'un diagnostic, l'examen clinique, qui vient à la suite d'un bon interrogatoire, reste l'élément incontournable de la démarche médicale. Toutefois dans le sport de haut niveau et guidé par la clinique, l'imagerie moderne est incontournable : radiographie conventionnelle, système EOS en trois dimensions pour les troubles de la statique rachidienne, échographie avec un appareillage moderne et des confrères bien formés, scanner incontournable dans tous les problèmes osseux et enfin IRM 3 Tesla, le Tesla étant l'unité de mesure qui définit le champ magnétique d'un aimant; plus le chiffre de Tesla est élevé et plus le champ magnétique est puissant ("à haut champ") et plus les détails des images sont fins et la qualité optimale.

Hommage aussi au Pr Robert Maigne et à son école de médecine manuelle de l'Hôtel Dieu de Paris ou j'ai fais mes classes et actuellement dirigée par son fils, le Dr Jean Yves Maigne. Je n'oublie pas non plus le GETM (groupe d'étude des thérapeutiques manuelles) fondé par le Dr Eric de Winter et ses enseignants, tous des passionnés; j'y ai peaufiné mes techniques et enseigné la médecine manuelle-ostéopathie pendant 10 années.

Dr Louis Pallure, médecin des hôpitaux, spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, médecin de médecine et traumatologie du sport et de médecine manuelle-ostéopathie, Pr de sport et musculation DE, ex médecin FFRugby et USAP Perpignan, Athlé 66, comité départemental 66, ligue Occitanie et Fédération Française d’Athlétisme, médecin Etoile Oignies Athlétisme.

A l'attention des lecteurs de ce blog : certains d'entre vous m'interrogent pour des problèmes de santé en rapport avec les différents articles. Pour une raison que j'ignore les questions posées ne me parviennent pas comme auparavant, et je ne peux donc pas y répondre. Merci de me faire parvenir vos éventuelles questions sur ma boîte Mail : p6654@msn.com Dr LP
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mardi 19 août 2014

Mise au point sur le Syndrome de la Traversée Cervico-Thoraco-Brachiale (STCTB) ou TOS des Anglo-saxons (Thoracic Outlet Syndrome)

 Nombreux sont les lecteurs de l'article sur le syndrome du défilé thoraco-brachial qui présentant une symptomatologie de ce type s’interrogent sur ce syndrome et le plus souvent expriment leur désarroi, parce que le diagnostic est porté avec retard, et que le traitement le plus souvent médical à partir d’exercices de kinésithérapie, n’est jamais complètement satisfaisant.
 Idem quant il s’agit des formes chirurgicales ayant fait l'objet d'une kinésithérapie longue et fastidieuse qui n'a pas stabilisé la symptomatologie et  qu’il faut confier après une imagerie ciblée, à des chirurgiens rompus à la chirurgie thoracique et vasculaire compte tenu de la complexité  du défilé à cheval sur trois régions: le cou, le thorax et le membre supérieur.
Rappel de la définition
Le STCTB est un ensemble de symptômes résultant de la compression permanente ou intermittente du plexus brachial et/ou de l’artère sous-clavière et/ou de la veine sous-clavière dans la traversée cervico-thoraco-brachiale.




Généralités
Le STCTB est un très bel exemple d’errance diagnostique; en effet il faut entre 2 et 3 ans en moyenne pour suspecter le diagnostic, alors que sur la positivité du seul signe dynamique du chandelier de Roos couplé à un écho-doppler dynamique, le diagnostic doit fortement être évoqué. 


                                        Test du chandelier de Roos
                   
 La symptomatologie affecte la région de l’épaule (fausses épaules douloureuses) et le membre supérieur et devant une épaule douloureuse, l’évaluation clinique doit toujours inclure la recherche d’un Lasègue cervical à la recherche d’une épaule douloureuse d’origine vertébrale cervicale et le signe du chandelier dynamique de Roos.
Fréquent: affecte 2% de la population (1,2 Million ); 60% de la population a ressenti à 1 moment ou à 1 autre de sa vie, une symptomatologie fonctionnelle de type s. du défilé.
Poitevin a subdivisé ce défilé le plus long de l’organisme à cheval sur 3 régions anatomiques: le cou, le thorax et le bras en 6 zones dont 3 à risque++ : la zone inter-scalénique, la pince costo-claviculaire et la région rétro petit pectorale
traversées par le Plexus brachial et les Vaisseaux Sous-claviers (veine
avant et artère en arrière).
Chez les sportifs, Natation, Tennis, Randonnées en montagne = sports à risque de STCTB. Mécanisme Lésionnel = mouvements répétés en Abduction+Rétropulsion et en Adduction+Rotation interne.
Une ptose des épaules est souvent retrouvée à l’évaluation clinique(s. fonctionnel du havresac ou du randonneur).
Il y a 95% de formes neurologiques
La fille ou la jeune femme, est deux fois plus affectée que le garçon.
4% de formes veineuses (garçons surtout).
1% de formes artérielles.
Possibilité de formes aigües (thrombo - phlébites, nécrose des doigts, etc).
Les formes positionnelles relèvent du traitement conservateur kinésithérapique.
Principes de rééducation d’une forme positionnelle (posturale).
Protocole de Peet ou variantes + auto rééducation.
Relève d’un Masseur Kinésithérapeute rompu à cette pathologie+++
            1- récupérer la mobilité G-H.
            2- assouplir et étirer la musculature Cervico- Thoraco-Scapulaire.
            3- lutter contre la ptose (chute) du moignon de l’épaule par renforcement des muscles suspenseurs et propulseurs (grand dentelé, sous scapulaire).
            4- ouvrir la pince costo-claviculaire (trapèze supérieur, angulaire de l’omoplate, sterno-cléido-mastoïdien
Exemple d’un cas clinique récent suspect: évoluant depuis 2 années.
Il a fallu 4 Cs pour suspecter fortement le diagnostic :
Femme de 37 ans, active mais non sportive, antécédents rhumatologiques (Tendinopathie. de coiffe et cervico-dorsalgie traitées et suivi rhumatologique pendant 2 ans); antécédents psychiatriques (sous antidépresseurs et anxiolytiques).
J1 (1ére consultation): douleurs aigües du moignon de l’épaule droite, ne dépassent pas le coude, EVA= 7. Troubles statiques: ptose des épaules++, cyphose dorsale.
Douleurs à la mobilisation épaule droite, signes de conflit sous-acromial+, Jobe+.
Lasègue cervical. Rachis cervical: dérangements (DIM) étagés, pas de côte cervicale palpable.
Traitement: Biprofénid LP 100 mg (AINS) : 1x2.
J8 (2ème consultation): aucune amélioration (EVA=7), paresthésies des doigts, évaluation clinique similaire: infiltration sous acromiale droite.
J15 (3ème consultation): épaule droite normalisée, douleurs persistantes cervico-brachiales (EVA=7), paresthésies++ distales non systématisées, Lasègue cervical, aucun signe radiculaire déficitaire. Aucun signe vasculaire. Prescription: radios du rachis cervical et Cortancyl 60 mg pendant 5 jours.
J21 (4ème consultation): très algique du cou latéral jusqu’aux extrémités des doigts (EVA = 9), paresthésies +++; signe de Tinel à la percution du creux sus claviculaire++, test dynamique  du chandelier de Roos ++, majoration en inclinaison latérale homo-latérale et rotation controlatérale. Radios cervicales non contributives.
Suspicion de forme positionnelle du S. du défilé (forme non chirurgicale la plus courante).
Echodoppler dynamique confirme le diagnostic.
Traitement :
Prescription: Ixprim 2x3 + Kiné + auto-rééducation: protocole de Peet pendant 4 mois.
Evolution favorable, améliorée à 80%.
Auto rééducation à domicile recommandée le plus longtemps possible afin de pérenniser les résultats.


 

Natation, tennis, randonnées en montagne = sports à risque.

lundi 24 février 2014

Désinsertion musculo-aponévrotique du muscle jumeau interne du mollet (Tennis Leg).

Extrêmement sollicité dans la pratique sportive: activités de courses, d’impulsions, de démarrages, de changements de direction, de sauts, le muscle Jumeau (Gastrocnémien) interne peut se désinsérer partiellement ou totalement par décollement de ses fibres musculaires, entre en arrière le muscle Soléaire et en avant et en dedans le Jumeau interne; le décollement sera comblé par un hématome. Fréquente chez les sportifs puisqu'elle arrive en quatrième position après les lésions des ischio-jambiers (IJ) de la face postérieure de la cuisse (1ère), celles des Adducteurs de la face interne de cuisse (2ème) et celles du Droit fémoral du Quadriceps de la face antérieure de la cuisse (3ème). Cette désinsertion du muscle Jumeau interne qui affecte tout particulièrement le joueur de Tennis de la quarantaine et dont la gravité est proportionnelle à l'importance de la déchirure aponévrotique et de l'hématome qui viendra combler l'interstice laissé par le décollement, a reçu l'appellation de Tennis Leg (jambe du joueur de tennis). On la rencontre également en football, au squash, au badminton et en course à pied. Point important, cette désinsertion musculo-aponévrotique ne peut pas être considérée comme un véritable claquage musculaire qui survient lui, en plein corps musculaire. C'est en réalité un décollement entre deux muscles (similaire au décollement de Morel Lavallée à la cuisse) et sa gravité est liée à la présence d'un hématome qu'il faut ponctionner sous échographie et qui peut récidiver après ponction qu'il faut toujours faire suivre par du glaçage et de la compression. A ce propos, les injections  d'hydro-cortancyl 125 mg après évacuation de l'hématome, un temps recommandées, sont maintenant non conseillées, car il s'ensuit des récidives en plein corps musculaire, récidives qui elles, sont  de vrais claquages.
Autre point important+++, comme pour tout accident musculaire des membres inférieurs  sur les 4 zones anatomiques précédemment citées, il y a un rapport avec une dysfonction vertébrale lombaire : dysfonction L5/S1 pour les IJ internes et le Jumeau  du mollet, dysfonction L4/L5 ou L5/S1 pour le Biceps fémoral, dysfonction L3/L4 pour le Droit fémoral et dysfonctions L1/L2 ou L2/L3 pour les Adducteurs) et les conséquences dystrophiques tissulaires du syndrome cellulo-téno-périosto-myalgique (SCTPM) de Robert Maigne de ces dysfonctions, constamment retrouvées quand elles sont recherchées et pourtant ignorées de la plupart de mes confrères, dysfonctions vertébrales et SCTPM qui vont faire le lit de ces accidents musculaires qu'il faut savoir dépister, traiter concomitamment à la lésion musculo-aponévrotique et ensuite surveiller dans le temps pour éviter toute récidive. (Confer les deux autres articles du blog: bases médicales des blessures tendino-périostées et musculaires en Athlétisme et blessures et performance sportive, dont je recommande vivement la lecture)


Biomécanique
A la fois volumineux et très puissant, le Triceps sural et ses 3 chefs musculaires: le Soléaire en profondeur et les muscles Jumeaux (Gastrocnémiens) interne et externe en superficie est le muscle qui anatomiquement donne son galbe au mollet et physiologiquement intervient à la fois dans le maintien de la station debout et la propulsion des membres inférieurs.
Mécanisme lésionnel
La désinsertion du muscle Jumeau interne est la résultante d’un conflit entre le chef mono-articulaire soléaire et le chef poly-articulaire jumeau interne qui s’insère par l’intermédiaire d’une lame tendino-aponévrotique commune aux 2 chefs musculaires. La lésion résultant d’un mécanisme d'étirement brusque, mais pas toujours, avec asynchronisme articulaire (extension du genou et flexion dorsale de cheville). Elle survient chez le sportif soit à froid sur un muscle non échauffé, ou à chaud sur un muscle fatigué et même chez tout un chacun dans la vie de tous les jours.


Symptomatologie immédiate et conduite à tenir
La douleur est d’emblée violente voire syncopale avec parfois claquement audible, accompagnée d’une impotence fonctionnelle totale. Si l'évaluation clinique est immédiate et comparative, l'examinateur constate un segment jambier tendu et perçoit la masse rétractée du muscle Jumeau interne qui surplombe une encoche rapidement comblée et masquée par un hématome fluctuant, tandis que la palpation soigneuse du tendon d'Achille s'avère infructueuse, le tendon ne présentant lui, aucune encoche (à savoir quand même qu'avec une rupture du tendon d'Achille qui est le principal diagnostic différentiel, la douleur est fulgurante, mais passé les premières minutes, la marche à plat est possible et l'indolence devient rapidement totale). La recherche des 2 autres signes musculaires: étirement passif et contraction isométrique contre résistance est punitive et nous la déconseillons car source de vives douleurs.  
Une imagerie en post traumatique immédiat n'est pas nécessaire et le plus pertinent est d'appliquer immédiatement le protocole thérapeutique Rice ou Grec: Glacage, Repos relatif avec béquillage à l'aide de cannes anglaises de quelques jours, Elévation (mise en position déclive favorisant le drainage de l'hématome, Compression ++  avec mise en place d'une bande de contention grade 2 qui part des orteils jusqu'au genou et portée en permanence les 10 premiers jours.
Diagnostic de gravité par l'imagerie
La gravité de la lésion étant corrélée à la désinsertion aponévrotique et à la persistance de l'épanchement liquidien, c'est l'imagerie grâce à l'échographie qui sera décisive. Elle permet de distinguer les désinsertions partielles qui seront traitées comme des déchirures stade II, et les désinsertions totales qui seront traitées comme des ruptures.  
Nos confrères radiologues du sport du DU de la Pitié Salpétrière, conseillent de  pratiquer l'échographie entre le 8ème et 10 ème jour.
  

Comme il ne s'agit pas d'une lésion en pleine masse musculaire mais d'une désinsertion musculo-aponévrotique vraie entre le secteur profond et superficiel du mollet, zone de mobilité et de glissement entre le plan musculaire superficiel (jumeau interne) et le plan profond (soléaire), le problème est de savoir quelle est l'importance du décollement profond et s'il existe ou non un hématome en voie d'organisation et de liquéfaction. L'utilisation de sondes à hautes fréquences permet une analyse fine intramusculaire et des adhérences musculo-aponévrotiques (Dr Folinais): la poche de décollement entre jumeau interne et soléaire, se traduit pas une masse hypo-échogène liquidienne, ovalaire dans le plan transversal, fusiforme dans le plan sagittal, et s'étendant parfois très haut jusqu'à la jonction diaphyso-métaphysaire tibiale supérieure et dont le volume peut varier de 30 cc à 200 cc qu'il faut ponctionner et surveiller afin d'éviter la survenue d'un pseudo-kyste cloisonné que l'on a pu prévenir dans le passé en faisant suivre la ponction d'une infiltration de 5 cc d'hydro-cortancyl 125 mg (ces infiltrations ne sont plus maintenant conseillées).

La guérison en échographie, s'effectue sous la forme d'une zone iso-échogène.
L'IRM est un examen d'exception dans cette pathologie, à faire en  deuxième intention, et seulement en cas d'échec de l'échographie. 
Le diagnostic différentiel est la rupture du tendon d'Achille, de diagnostic essentiellement clinique avec ses 5 signes (se rapporter à l'article sur les tendinopathies et ruptures du tendon d'Achille) que tout bon praticien de médecine du sport sait cliniquement différencier.
Le traitement est celui de tout accident musculaire 
Il est médical dans une majorité des cas et ne se différencie pas de celui d'un accident musculaire classique. Il peut parfois être chirurgical en fonction de l'importance de l'hématome qu'il faut réduire au maximum en appliquant le protocole Grec en post traumatique immédiat: 
- G comme glaçage++
- R comme repos relatif avec béquilles
- E comme élévation du membre lésé avec position déclive dans le lit
- C comme compression ++++ par une bande de compression de grade 2 des orteils jusqu'au mollet à porter une bonne dizaine de jours.
Si l'hématome est important ne pas hésiter à le ponctionner comme le recommande notre confrère Folinais en complétant la ponction par une injection d'hydrocortancyl.
La reprise de la marche est fonction de la douleur résiduelle. Elle doit être précoce avec l'aide de béquilles pour alléger l'appui et dans le respect de la douleur.  
La Kinésithérapie doit précéder la reprise sportive
Une kinésithérapie de rééducation à la marche en cas de gène fonctionnelle, d'étirements du triceps, de massage transverse profond et de travail actif du triceps en concentrique, puis en excentrique est recommandée (10 séances).
La reprise du sport et en particulier de la course à pied et des sports collectifs va dépendre de l'importance de l'hématome et va de 3 à 4 semaines jusqu'à plusieurs mois si l'hématome persiste. Cette reprise du sport doit être précédée d'un testing musculaire par le médecin et la triade musculaire doit être négative à la contraction résistée, à l'étirement et à la palpation. 
Une échographie en cas de doute clinique est parfois nécessaire; elle doit mettre en évidence une  zone iso-échogène. 
Natation, vélo sans forcer, rameur sur appareil Concept 2 sont possibles précocement en se guidant sur la douleur
Un traitement chirurgical est parfois nécessaire en cas de complications ou pour évacuer un volumineux hématome ou s'il persiste après ponctions répétées.
Prévention
Les muscles jumeaux étant des muscles poly-articulaires, la meilleure des prévention consiste à les étirer progressivement puis à les renforcer par un travail musculaire excentrique, et de dépister, traiter et surveiller une dysfonction vertébrale L5/S1 et ses conséquences dystrophiques tissulaires métamériques du syndrome cellule-téno-périosto-myalgique  (SCTPM) de Robert Maigne qui sont à la base de cette désinsertion du jumeau interne.
NB: l'important comme toujours en traumatologie sportive est de bien traiter la lésion primaire sous peine de complications secondaires à type de récidives, calcifications, pseudos-kystes, etc, dont certaines peuvent relever de la chirurgie. L'essentiel consistant comme toujours à éviter cette désintertion du jumeau interne par intégration à l'entraînement physique de toutes les techniques d'étirement des muscles du mollet et de renforcement excentrique.

mercredi 19 juin 2013

Injections de PRP en traumatologie sportive

                                          PRP sur lésion de la coiffe des rotateurs de l'épaule

Le PRP (Platelet Rich Plasma) est une préparation biologique dérivée du sang, riche en facteurs de croissance. Ces facteurs de croissance sont nombreux et se rencontrent principalement dans les plaquettes sanguines; ils interviennent dans la coagulation et participent à la réparation des tissus. ils sont obtenus à partir d'un concentré de plaquettes sanguines, que l'on injecte directement dans des lésions tendineuses en souffrance chronique (de nature fissuraires++, ou sur les entésopathies) que n'améliorent pas les traitements classiques habituellement utilisés et validés par la communauté scientifique médicale, mais aussi sur des lésions musculaires fraiches, entre les 3ème et 7ème jour, après évacuation à l'aiguille sous échographie de l'hématome musculaire pour tenter de raccourcir les délais de reprise sportive. Autres indications des injections de PRP, les lésions chondrales du genou, dans des lésions intra-articulaires chroniques pour lesquelles la visco-supplémentation par de l'acide hyaluronique (AH) n'a pas eu d'effet. Ne pas oublier que ces PRP sont des dérivés du sang et que leur utilisation est rigoureusement réglementée, les injections devant en théorie être faîtes dans la même  pièce ou ils ont été préparés, avec des règles d'hygiène draconiennes, afin d' éviter une contamination toujours possible. Le but de ces injections de PRP est de réparer les tissus altérés. Toutefois si ces injections ne présentent pas de risques quand toutes les bonnes conditions de préparation et d'injection sont réunies, leurs indications méritent d'être affinées et soumises à une évaluation rigoureuse (médecine par les preuves) afin d'arriver à un consensus méthodologique (techniques, dosage) et à une variation des protocoles sur des tissus qui ne sont pas identiques. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que suite à la mise au point qui a eu lieu à l'INSEP à Paris, le 30/03/2018 à l'initiative des sociétés françaises de médecine et de traumatologie du sport dont je suis un des membres et alors que nous ne somment quand même pas les derniers venus, c'est toujours à peu près le grand n'importe quoi dans les indications et les protocoles, chacun dans son petit coin de France et de Navarre faisant sa petite sauce et comme dirait l'autre, Dieu seul arrive à reconnaître les siens. En ce qui me concerne, présent à ce colloque médical à l'INSEP, je retiens que ce qui est injecté est tout sauf des PRP (avis d'une éminente spécialiste Hématologiste), que l'injection de ce que l'on continue à appeler PRP et qui en réalité n'en sont pas, dans les suites immédiates d'un claquage musculaire aux alentours du 3 ou 4ème jour, et après évacuation sous échographie d'un éventuel hématome, n'occasionne certes pas de douleurs, mais ne raccourcit pas le temps de reprise sportive (Guillodo), que les injections dans un tendon rotulien ou d'Achille, structure qui ressemble à un mille-feuilles, ça fait très mal et que si l'on note un petit avantage des injections de PRP par rapport à l'Acide Hyaluronique dans les chondropathies articulaires ou dans l'arthrose du genou à son tout début, tout ça est très loin encore d'être considéré comme une méthode validée scientifiquement.
Historique
Logiquement dans les années 80, sur le modèle de l'hématome fracturaire autour duquel s'organise la consolidation osseuse physiologique, il  a été envisagé d’utiliser du sang pour permettre à des tendons ou à des muscles de se régénérer, cette méthode s'avérant plus efficace à long terme que les AINS ou les corticoïdes.
La première étape a été celle d'injections de sang autologue. Puis les chercheurs ont essayé de fabriquer des préparations de facteurs de croissance le plus concentrés possible.
De 30 à 60 millilitres de sang,  sont prélevés dans un tube spécial qui est centrifugé, permettant de disposer de 3 à 6 millilitres de plasma enrichi en plaquettes auquel est adjoint du bicarbonate de sodium à 8,4 %.
La préparation ainsi obtenue est de 300 à 500 fois plus concentrée en plaquettes que le sang complet et sera  réinjectée dans les 30 minutes qui suivent.
Modalités de traitement
Les injections intra tendineuses de plasma enrichi se font au niveau de la lésion chronique autour des fibres lésées; elles sont guidées par échographie et souvent réalisées par nos confrères radiologues. Ces injections habituellement douloureuses sont précédées par une petite anesthésie locale du site à injecter.
Suivant les auteurs et la sévérité de la lésion chronique, de une à trois injections sont nécessaires,  injections suivies d'une période de repos de quelques semaines.
Les indications en traumatologie sportive
Elles sont essentiellement représentées par les tendinopathies sévères (Achille, épicondyliens, coiffe des rotateurs, tendon rotulien) et les lésions musculaires chroniques intrinsèques (claquages) pour lesquelles l’injection de plasma enrichi doit être précoce. Sous contrôle échographique, l’hématome est ponctionné et remplacé par du plasma enrichi. L’objectif étant d’obtenir la formation d’un tissu de cicatrisation plus rapide et de meilleure qualité.
Certains chirurgiens orthopédistes les incorporent dans le protocole opératoire des réparation de coiffe des rotateurs de l'épaule et même lors de reconstruction du LCA du genou.
De nombreuses études sont en cours pour préciser et valider ces technique qui n'ont pas fait l'objet de mise en garde par l'AMA (Agence Mondiale Antidopage) qui dès 2010 a autorisé ces méthodes pour les tendons et en janvier 2011 pour les muscles.
Il n’y a pas actuellement d‘éléments pour conclure que ces procédés sont utilisés afin d’amélioration de la performance et rien n'indique qu'il faut les interdire ou les réglementer.
Dans une revue de la littérature, Guglielmetti relève qu'en traumatologie du sport,  nombreuses sont les études afin de démontrer l’efficacité des injections de PRP dans les lésions musculaires, les tendinopathies chroniques et dans de nombreuses indications chirurgicales.
Dans les tendinopathies épicondyliennes, Al Mishra et Pavelko, Edwards et Calandruccio ont inclus des patients en échec de traitements  incluant la kinésithérapie, les infiltrations et la contention. Le diagnostic d'épicondylite est confirmé par une IRM ou une échographie. 
Le traitement par PRP est toujours suivi du protocole habituel de renforcement musculaire excentrique avec retour progressif aux activités en 6 à 8 semaines.
L’étude de Mishra et Pavelko en 2006 a inclu 20 patients, dont 15 traités par PRP et 5 pour le groupe contrôle traités par la seule injection d’un anesthésique local. 
Dans le groupe traité, il note 60% d’amélioration à 8 semaines, 81% à 6 mois, 93% en fin de suivi (12-38 mois).
Edwards et Calandruccio en 2003 rapportent 79% de bons résultats sur une étude incluant 22 patients traités par du sang total non centrifugé, sans groupe contrôle.
Les  tendinopathies achilléennes avec échec des traitements conservateurs (25 et 45% selon les études), offrent au PRP une prometteuse alternative au traitement chirurgical.
La tendinopathie corporéale générée par des micro-traumatismes répétés sur une zone hypovascularisée, conduisant parfois à la rupture. L’hypothèse que le PRP pourrait permettre la revascularisation et améliorer la cicatrisation tendineuse est retenu. 
R.J. de Vos  dans une étude randomisée en double-aveugle, avec un groupe traité de 27 patients et un groupe contrôle traité par solution saline, ont obtenu des résultats similaires dans les 2 groupes.
Mikel Sanchez a publié une série en 2007 utilisant le PRP comme adjuvant chirurgical dans la rupture du tendon d’Achille; Miquel est sans doute celui qui a le plus travaillé et publié sur cette technique dans des indications diverses et en particulier les tendinopathies du genou et la pubalgie chronique et avec des résultats tellement probant qu'il est devenu une référence parmi les médecins du sport espagnols, consulté par les plus grands champions de son pays et très récemment par le tennisman et numéro 1 mondial Rafael Nadal qui n'arrivait pas à guérir d'une tendinopathie rotulenne particulièrement coriace qui l'a tenu éloigné des cours de tennis pendant presque 1 année .
La fasciite plantaire a fait l’objet d’une publication par Barret et Erredge en 2004  sur une petite série de 9 patients résistants au traitement médical habituel, injectés sous contrôle échographique et obtient 77,9% de guérison à 1 an, sans groupe contrôle.
Le traitement médical n’incluant pas le traitement par ondes de choc extracorporelles qui donnent d‘excellents résultats et qui devrait être un préalable au PRP.
La tendinopathie patellaire chronique ou jumper’s knee est une pathologie sportive invalidante; dans cette indication, technique moins invasive et avec des suites courtes, le PRP peut présenter une alternative intéressante à la chirurgie dans ces tendinopathies résistantes au traitement médical incluant physiothérapie, massage transversal profond (MTP), AINS et travail dynamique excentrique de Stanish.
Sanchez et col ont étudié de manière prospective, l’efficacité de l‘injection intra- articulaire de PRGF dans la gonarthrose sur 30 patients comparés à un groupe contrôle de 30 patients traités par l’injection intra articulaire d’acide hyaluronique, à raison de 3 injections à une semaine d’intervalle, obtenant 33,4% de résultats positifs sur la douleur à 5 semaines dans le groupe PRGF et 10% dans le groupe acide hyaluronique. Les effets bénéfiques à 6 et 12 mois n’ont pas été analysés, relativisent l’intérêt de cette étude.
Yoann Bohu, chirurgien orthopédique et médecin du Racing -métro rugby a établi un catalogue des indications chirurgicales du PRP et semble assez critique sur cette technique:
- os: oncologie maxillo-faciale, dentisterie et orthopédie: perte de substance osseuse, pseudarthrose, ostéonécrose aseptique, pathologie de la douleur, ostéotomie tibiale de valgisation);
- tendon : tendinopathies, en cas d’échec du traitement médical , ruptures tendineuses et ligamentoplasties
- peau : perte de substance ( ulcères)
- cartilage : traumatologie et arthrose.
Une étude argentine datant de 2008 a présenté des résultats intéressants au niveau des lésions ligamentaires. Le PRP a été injecté dans le tunnel osseux des ligamentoplasties;  les images IRM ont montré une amélioration du signal osseux et de la jonction os-tendon, avec une récupération anticipée.
 Il convient toutefois de rester très prudent en matière de reprise précoce, s’agissant d’une population hétérogène entre sportif de haut niveau et sportif tout venant qui n’ont pas le même délai de récupération. C’est d’ailleurs le biais majeur de cette étude. De manière générale, sur la ligamentoplastie, la galénique est inadaptée pour le moment.
Un autre résultat intéressant concerne la prise de greffe, sachant qu’un des écueils de cette prise  os-tendon-os est la douleur résiduelle sur le tendon. 
Une étude milanaise a récemment montré une diminution de la douleur à un an chez les patients traités au PRP. En revanche, aucun élément significatif n’a été mis en évidence sur les autres critères de reprise (fonctionnels, mobilité).
Sur le plan cartilagineux, un travail datant de 2009 a permis d'observer une amélioration, à 18 mois, des patients souffrant de chondropathies focales.
Concernant la peau, des cas rapportés d’ulcération ont montré que l’utilisation du PRP à répétition conduit à une cicatrisation. En revanche, son efficacité n’est pas démontrée sur le cartilage post traumatique.
Dans le service du Pr Catonné (orthopédie et traumatologie de la Pitié Salpétrière), une étude en 2009 sur 19 patients, qui avait pour objectif d’évaluer l’efficacité du PRP sur la tendinopathie d’Achille et la tendinopathie rotulienne.avec protocole identique pour tous les patients. Les injections de PRP n’ont donné lieu à aucune complication. Les résultats sont les suivants:
- aucun effet sur 4 patients.
- effet temporaire sur 13 patients et dégradation secondaire six à huit semaines après. 
Autre étude sur 14 patients souffrant de Jumper’s Knee, d’une rupture du tendon d’Achille et d’épicondylites, qui ont été injectés  à trois semaines d’intervalle: aucun effet clinique à court terme.
 De manière générale, aucune amélioration par le injections de PRP sur des lésions  à un stade irréversible  relevant de la chirurgie.
 Conclusions de Bohu: " L'efficacité réelle du PRP et son intérêt sur les reprises sportives précoces ne sont pas démontrées. Si l’information médicale est très riche en biologie cellulaire et tissulaire, elle est très pauvre au niveau clinique. Sept questions fondamentales restent en suspens: le volume par injection, la préparation, l’activation, la technique, le temps de l’injection après blessure, l’injection unique ou non, et le protocole après injection. Enfin, la difficulté à informer le patient sur l’utilisation du PRP est prégnante compte tenu de la littérature disponible qui, bien souvent, met en avant l’intérêt de cette pratique alors que ses limites cliniques et ses limites dans les indications chirurgicales sont très grandes".
Le Palois Marc Bouvard, chef de service de Médecine du sport au C.H. de Pau est également un très fin connaisseur des indications d'injections de PRP qu'il recommande dans les lésions chroniques tendino-musculaires et dans bien d'autres indications comme par exemple les lésions chondrales résistantes à l'acide hyaluronique.
Voici ce qu'a écrit Marc Bouvard: " En traumatologie du sport, certaines lésions, de par leur siège, leur nature ou leur taille, constituent un difficile challenge pour le thérapeute. L’évolution de ces lésions peut dépasser 6 mois et conduire à un traitement chirurgical. On peut notamment citer les tendinopathies rebelles au traitement classique, les ruptures partielles de tendon, certaines lésions musculaires graves.Les chirurgiens assurant la reconstruction de la face puis les chirurgiens-dentistes et stomatologues ont expérimentés puis utilisés depuis une décennie des « patchs » de sang total puis de plasma puis enfin une fraction de ce plasma riche en facteurs de croissance afin de favoriser la régénération de certains tissus."
Plus récemment, de nombreuses équipes européennes, nord-américaines et asiatiques ont mis au point l’utilisation des PRGF dans les lésions de l’appareil locomoteur. A présent, l’état des connaissances de cette technique, le recul de plusieurs années dans de nombreuses équipes, doit nous inciter à amener ce traitement à la portée des patients et à inclure l’utilisation des PRGF dans nos stratégies de médecine et chirurgie du spor
Les plaquettes sanguines sont produites par la moelle osseuse et connues de tous pour leur rôle indispensable dans l’hémostase primaire. Mais elles recèlent aussi d’importantes propriétés concernant la cicatrisation et la régénération des tissus lésés grâce à la libération de granules très riches en facteurs de croissance multiples. Le principe thérapeutique est relativement simple. La technique vise à isoler du sang du malade la fraction du plasma la plus riche en plaquettes. Cette étape nécessite un travail en milieu stérile (habillage chirurgical, hôte à flux laminaire). Le PRGF du patient est activé puis lui est réinjecté sur et autour de sa lésion.

Le chirurgien marseillais Michel Assor a également une grande habitude d'injecter des PRP dans les chondropathies du genou. En dessous son témoignage:
"Le PRP est un concentré de plaquettes d’environ 5 fois supérieur au taux normal, obtenu par centrifugation de sang autologue, prélevé sur le patient, environ 60cc, qui permet d’enlever les autres composés du sang, globules rouges et blancs. On l’obtient aussi, mais en volume moindre, après centrifugation de moelle osseuse. Le PRP a des propriétés cicatrisantes par ses facteurs de croissances.
Ces plaquettes (responsable de la formation de caillots lors de la coagulation sanguine) libèrent, au contact de la lésion ostéocartilagineuse du genou, ou des lésions ligamentaires et tendineuses, une douzaine de puissantes protéines contenues dans les granules alpha des plaquettes, relâchées lors de l’activations des plaquettes, et responsables de la cicatrisation tissulaire.
Le PRP peut accélérer le processus de cicatrisation de l'arthrose du genou : des lésions du cartilage et méniscale ; du ligament ou de tendons, seul ou associé avec les cellules souches, en raison de la présence de facteurs de croissance essentiels incluant : platelet-derived growth factor (PDGF), transforming growth factor beta (TGF beta ), etc… stimulant la formation des vaisseaux, des cellules osseuses, cartilage, etc… Le PRP est sous forme liquide.
Il peut être transformé sous forme de gel : Platelet Gel, en 5 secondes, en le mixant avec un mélange de thrombine et de chlorure de calcium, permettant aux puissants composants cicatrisants de rester en place lors de l’application. Le platelet Gel est utile dans certains cas cliniques.
 L’injection de PRP :
-  se fait sous légère sédation.
- préparation aseptique de la zone d’injection.
- dans l' arthrose du genou ou de la hanche) : l’injection est faite en intra-articulaire.
- lésions ostéoligamentaires ou tendineuses : injection de PRP directement sur la zone lésée; l'injection se fait parfois sous contrôle échographique si la lésion est profonde, permettant l'injection directe du produit dans la lésion.
- après 10 minutes environ de repos, le patient retourne à domicile.
Des gestes sont parfois associés et recommandés par le chirurgien, selon les cas: 

- arthroscopie du genou pour microperforations des lésions défect de cartilage, stimulant avec le PRP la croissance du cartilage;
- avivement osseux ou scarifications en sous cutané, dans les lésions de tendinite chronique
 Suivi post-injection :
Une douleur passagère est possible la première semaine après l’injection.
Le contrôle se fait à 3 – 4 semaines ; on détermine si une nouvelle injection est indiquée. En pratique, de 1 à 3 injections peuvent être nécessaires, à 1 mois d’intervalle. "








Récemment notre excellent confrère Jean-Yves VAN DEN STEENE, Médecin des équipes de France de cyclisme sur piste, médecin attaché INSEP, praticien à l’IAL Nollet a fait une mise au point sur les indications médicales actuelles des PRP en médecine du sport, sur les problèmes musculo-tendineux et articulaires:
Il rappelle que:
- la cicatrisation tissulaire passe par quatre phases obligatoires: phase hémorragique, phase inflammatoire, phase proliférative et phase de remodelage/maturation. Le moment auquel le PRP doit être utilisé reste en l’occurrence une énigme. 
- l’utilisation des facteurs de croissance donne lieu à plusieurs techniques, avec des préparations différentes, des volumes de sang différent, le nombre de tours et de centrifugations différents, pour obtenir des volumes finaux du concentré plaquettaire oscillant entre 4 et 30 millilitres. Tout cela rend difficile les interprétations d’études. A noter que plusieurs kits sont disponibles, pour un coût allant jusqu'à 600 euros. Les injections se font exclusivement in situ. La sécurité technique est une nécessité. 
- dans les lésions musculaires aigues: après une ponction première de l’hématome lésionnel sous échographie, le concentré de facteurs de croissance plaquettaires est réinjecté en lieu et place. Ce geste est généralement réalisé entre la 24ème et la 72ème heure. Un repos dans les dix jours suivants est recommandé avant le début de la rééducation. Les retours d’expériences montrent une diminution de moitié du temps de reprise sportive, sans fibrose ni rechute. Le suivi échographique des lésions traitées par PRP a permis d’objecter la cicatrisation dès le 8ème jour. La baisse notable de la vascularisation au contour de la lésion intervient au bout de trois semaines environ. 
A noter que ce traitement ne fait pas consensus au niveau de la technique et du dosage, et qu’il n’existe pas de sujet ou groupe contrôle. 
- dans les lésions tendineuses uniquement chroniques et les enthésites: on se dirige de plus en plus vers un nombre d’injections entre 1 et 3, avec des fréquences allant de 10 jours à un mois. 
En revanche, le PRP n’a a priori pas sa place dans la tendinopathie aigue sans lésion avérée. De même, une étude menée par J.VOS n’a montré aucun effet sur la structure échographique tendineuse et la vascularisation chez 54 patients porteurs de tendinopathie chronique de la portion moyenne du tendon calcanéen. 
- dans les lésions chondrales (cartilagineuse) évoluées, les études sont lourdes, difficiles à mettre en place et coûteuses. Les derniers résultats disponibles montrent un effet certain des PRP sur le cartilage et sont malheureusement issus d’une seule et unique étude. 
- dans les lésions méniscales chroniques, l’utilisation des PRP est connue, sans qu’il existe d’études relatant les résultats.
- dans les lésions ligamentaires de la cheville, des essais sont en cours.
Conclusion de Van den Steene: il précise que déjà en 1998, Woo avait spécifié que la réponse in vivo des facteurs de croissance était fonction de la dose et de leur nombre. Aujourd'hui encore, continuent de se poser des questions sur les techniques et les dosages, qui ne sont jamais les mêmes. De surcroît, quid des protocoles de rééducation post injection ? Sur l’innocuité de ce traitement, après dix ans de recul sur son utilisation en implantologie, il semblerait que le risque de carcinogénèse puisse être écarté, bien que peu d’études aient été réalisées à ce sujet. 
Ce qu'il faut retenir:
Dans le monde entier et apparemment sans risques majeurs, de nombreuses équipes médico-chirurgicales utilisent avec succès les injections de PRP dans les lésions tendino-musculaires (en ce qui concerne les tendinopathies, les injections sont indiquées à partir du stade clinique 3 de Blazina avec lésions irréversibles de type fissuraire et les entésopathies  et ostéo-articulaires chroniques (chondropathies) que la pharmacopée classique et l'acide hyaluronique, en attendant le Chitosan), associé à de la kinésithérapie n'ont pas réussi à stabiliser. Mais les indications de ces injections de PRP n'étant pas véritablement, soumises au crible de la médecine par les preuves (études randomisées en double aveugle), elles ne peuvent pas encore emporter définitivement l'adhésion de toute la communauté médicale. Le risque est grand alors de continuer à donner des illusions de guérison aux nombreux candidats affectés par ces pathologies chroniques qui collent aux basques des sportifs comme le sparadrap aux doigts du capitaine Haddock, dans les aventures de Tintin et l'affaire Tournesol. Il serait alors grand temps d'arrêter que chacun dans son coin fasse sa petite sauce et pense qu'il détient la vérité. Une conférence sur le sujet avec un panel d'expert pour arriver à un consensus méthodologique sur l’utilisation des PRP (techniques, dosage), varier les protocoles face à des tissus qui ne sont pas les mêmes, est une évidence. Démontrer aussi que le gain des injections de PRP est réel après un certain recul et que ce soin médical nouveau qui utilise la science médicale dans la vie de l’athlète, en plus d'être indispensable à court et moyen terme, ne couvre pas des techniques d'entraînement parfaitement délétères pour les muscles, les tendons et les articulations ou tout procédé illicite d'amélioration de la performance contraire à l'éthique sportive. 
Nous rappelons qu'une étude randomisée en double aveugle est une démarche expérimentale utilisée en recherche médicale et notamment utilisée pour évaluer l'efficacité d'une démarche clinique ou d'un traitement. Le rôle d'un tel protocole, relativement lourd à mettre en place, est de réduire au mieux l'influence sur la ou les variables mesurées que pourrait avoir la connaissance d'une information (utilisation d'un produit actif ou d'un placebo, par exemple) à la fois sur le patient (premier « aveugle ») et sur l'examinateur (deuxième « aveugle ». Elle est la base de la médecine fondée sur les preuves.
La société Arthex Bio Systems commercialise des PRP qui ont retenu toute mon attention. Leur emploi dans les tendinopathies fissuraires semble faire l'unanimité. J'attends d'en savoir davantage, pour pouvoir les recommander sans restriction.

lundi 8 avril 2013

Fracture de l'apophyse unciforme de l'os crochu.

L’os crochu (Hamatum) est l'os le plus interne de la 2ème rangée du carpe.
Il a la forme d’un prisme triangulaire et sa face antérieure présente une apophyse en forme de crochet: l’apophyse unciforme souvent lésée en traumatologie sportive par micro-traumatismes répétés dans les sports de raquette. 




Du fait de la conformation anatomique de l'os crochu, c'est l'apophyse unciforme (Hamalus) dans la nouvelle nomenclature anatomique qui est la plus exposée aux lésions (bien visible au Scanner).




Sa vascularisation est indépendante de la portion corporéale de l'os crochu et elle est soumise à la traction permanente des muscles hypothénariens, et donc à l'instabilité potentielle qui en résulte avec menace de non consolidation en cas de fracture.

Mécanisme lésionnel (ML) de la fracture de l'apophyse unciforme de l'os crochu (fauoc): soit par choc indirect après chute sur le bord cubital la main; 
soit par impactions répétitives entre le manche de la raquette de Tennis ou de Squach sur la main dominante au service et au coup droit,

                             

 ou par le club de Golf insuffisamment tenu sur la main non dominante à la fin d'un swing ou d'une frappe manquée ou d'une frappe au sol et le bord interne du poignet.




Base ball et Hockey au moment du swing et sur la main non dominante sont également concernés



- possibilité aussi de fracture de fatigue.

Clinique 
1- Début typique: la symptomatologie peut s'exprimer brutalement lors d'une impaction, avec douleur  vive du bord interne, la gène fonctionnelle imposant l'arrêt.
L'examen met en évidence un œdème ou une ecchymose du bord cubital palmaire de la main.
2- Début atypique: très souvent, la symptomatologie est progressive de type entorse bénigne du bord interne et de la face antérieure palmaire du poignet; le contexte sportif peut faire évoquer une fracture de fatigue. Si le sportif ne consulte pas et quelque soit le mode aigue, subaigue ou chronique, les douleurs du bord interne persistent et empêchent la reprise sportive ou la gênent avec perte d'efficacité du geste en particulier de la force de frappe.
L'examen clinique repose sur 4 signes :
1 - douleur à la palpation exquise de l'apophyse unciforme que l'on retrouve à environ 1,5 à 2 cm en aval d'une ligne oblique vers le bas et le dehors entre le pisciforme et la tête du 2ème métacarpien.


 
Repère palpatoire de l’apophyse unciforme de l'os crochu: une ligne oblique tendue entre pyramidal et la tête du 2e métacarpien.




2 - douleur provoquée lors de l'inclinaison cubitale du poignet, associée à une flexion palmaire
                                             
                                     Douleur du bord cubital en adduction et flexion palmaire.

3 - douleur provoquée lors des contractions isométriques contre résistance du court fléchisseur et de l'Opposant du V.

4 - quelques fois signes neurologiques déficitaires compte tenu de la proximité de la branche motrice terminale du cubital. 
Le diagnostic de certitude est radiologique
1- radiographies standards + clichés obliques en semi-pronation ou semi-supination, incidences du canal carpien+++ mais de réalisation douloureuse car il faut positionner poignet et main en extension maximale (position de la prière).



En cas de fractures de fatigue, la radiographie peut être négative, sauf si le diagnostic est tardif dans ce cas la scintigraphie va mettre en évidence montrant une zone d'hyperfixation sur le bord interne. Le scanner  visualise les 2 mains et reste l'examen le plus performant pour affirmer le diagnostic et l'importance du déplacement qui va conditionner la thérapeutique.


                                       


Evolution
La FAUOC est à fort potentiel de pseudarthrose favorisée surtout par le retard diagnostique et le déplacement. Seules les fractures non déplacées peuvent consolider. 
Cette pseudarthrose expose à 3 complications :
1 - la persistance de douleurs invalidantes incompatibles avec la pratique sportive.
2 - le risque tendineux compte tenu de la proximité des fléchisseurs du IVème et du Vème doigt qui peuvent s'abîmer sur le fragment proximal et évoluer jusqu'à la rupture.
3 - les complications neurologiques de la branche motrice du nerf cubital.
TRAITEMENT
1- Orthopédique par immobilisation plâtrée pour les fractures récentes, non déplacées, du sportif amateur.
 Il repose sur une résine anti-brachiale qui laisse libre les 1ère, 2ème et 3ème colonnes digitales et immobilise en flexion la métacarpo-phalangienne et l'inter-phalangienne proximale des 4ème et 5ème colonnes digitales. 
Cette contention est maintenue 6 à 8 semaines et le sport est repris à 12 semaines.
2- Chirurgical d' exérèse du fragment distal.
 Les indications de ce traitement chirurgical ont tendance à s'élargir, compte tenu de sa simplicité et de son évolution quasi constamment favorable:
- fractures récentes déplacées 
- fractures récentes du sportif de haut niveau
- pseudarthroses douloureuses 
- complications tendineuses et neurologiques.
 Cette chirurgie est effectuée en loco-régionale et permet une reprise sportive dans un délai de 6 à 8 semaines.