- la structure biomécanique propre (fibre musculaire et structure conjonctive)
- l’activité métabolique des différentes fibres (I : oxydative endurante, Ia : oxydative et glycolytique, Ib : glycolytique force durée brève)
- le système neuromusculaire qui permet de régler les activités réflexes automatiques et volontaires.
Ces accidents musculaires et tendineux sont devenus pénalisants pour les athlètes et leur club. Nous avons, en France, le triste privilège d’avoir, dans certains sports (rugby, athlétisme) le pourcentage le plus élevé. Le rôle de l’équipe médicale, paramédicale, des préparateurs et de l’entraîneur est d’essayer de penser à la prévention et d’évaluer les facteurs de risque en mettant en place une réelle prophylaxie. Il est licite de se poser la question concernant la responsabilité de certaines méthodes d’entraînement basées sur un excès de travail musculaire, souvent inadapté aux différents sports. Le travail musculaire doit être finaliste, il doit être adapté au sport pratiqué. Est-il nécessaire, dans certains sports d’avoir de « gros muscles » pour devenir un champion ? L’hypertrophie musculaire est synonyme de fragilité tendino-musculaire. A cette obésité musculaire générale ou locale, il faut associer, hélas, le corollaire, la diététique en particulier, les régimes hyperprotidiques avec ses conséquences volumétriques, densitométriques, endocriniennes, rénales, hépatiques… Cette stratégie nutritionnelle hyperprotidique se fait aux dépens de l’équilibre énergétique, différente selon le type d’exercice : force, vitesse, endurance… Le régime diététique du sportif doit être équilibré qualitativement et quantitativement sans oublier le rôle respectif indissociable des glucides, des lipides et des protides. Il faut savoir garder une juste répartition équilibrée : eau, glucides (50 %), lipides (30 %), protides (15 %). Le tissu adipeux ne doit pas être banni aux dépens des protides, il fait la forme et les formes. Ne pas oublier que trop de muscles tue le muscle, fragilise le tendon et surcharge l’articulation".
Enfin ne jamais oublier, qu'une articulation, un muscle, un ligament, un tendon est une structure anatomique avec une innervation et une vascularisation spécifique. L'innervation provient d'un nerf périphérique ou d'une racine nerveuse, cette dernière étant directement en rapport avec la colonne vertébrale et bon nombres de dysfonctions vertébrales bénignes (DIM de Robert Maigne) font le lit d'affections articulaires où tendino-ligamento-musculaires qu'il faut dépister, traiter et surveiller pour éviter que ces affections récidivent.
E- Avis de notre confrère J.-M. Coudreuse, médecin de MPR Dans son ouvrage "Pathologies musculaires du sportif." EMC – AKOS (Traité de Médecine) 2013;8(1):1-5 [Article 6-0619] a é écrit un bel article sur les accidents musculaires que nous reproduisons ci dessous quasi in extenso:
Les pathologies musculaires du sportif peuvent se présenter sur deux modes bien distincts : soit il s’agit d’un traumatisme avec un début brutal survenant pendant l’activité sportive, soit les douleurs vont apparaître de façon progressive et diffuse pendant, à l’arrêt ou à distance de la pratique du sport.
Rappels
Le muscle strié squelettique comporte des myocytes (cellules en forme de fibres allongées) qui sont regroupés en faisceaux. Ils comportent des myofibrilles au sein desquelles on retrouve des myofilaments protéiques qui confèrent au muscle leur capacité de contractilité. Il existe deux types de myofilaments : l’actine (mince) et la myosine (épaisse), et ces myofilaments sont regroupés en sarcomères limités par des stries Z. C’est un phénomène de traction de l’actine sur la myosine qui provoque la contraction musculaire. De plus, on sait maintenant qu’il existe d’autres protéines comme la titine qui sont nécessaires à la contraction musculaire.
Par ailleurs, il existe deux types de fibres musculaires :
- les fibres lentes de type I, très vascularisées, possèdent un métabolisme oxydatif. Elles contiennent de nombreuses mitochondries et sont riches en myoglobine. Elles sont peu fatigables et autorisent des contractions musculaires prolongées ;
- les fibres rapides de type II contiennent beaucoup plus de myofibrilles et possèdent une capacité importante de pompage du calcium. Leur métabolisme est glycolytique. Leur réseau capillaire est pauvre et elles contiennent peu de mitochondries. Elles se contractent de manière rapide et importante et possèdent peu «d’endurance».
Le muscle strié, selon sa fonction, possédera une prédominance de fibres lentes ou de fibres rapides.
Enfin, le muscle ne contient pas que des cellules musculaires. Il possède également un tissu conjonctif dont le rôle est important puisqu’il assure la cohésion des fibres musculaires et contient les structures vasculaires et nerveuses. Il existe un épimysium qui se trouve autour du muscle, un périmysium qui entoure chaque faisceau de fibre et enfin, un endomysium que l’on retrouve entre les fibres à l’intérieur d’un même faisceau. Les zones de jonction entre les cellules musculaires et conjonctives sont une localisation préférentielle pour les lésions musculaires.
Interrogatoire
On retrouve pratiquement dans tous les cas une notion de début brutal avec un mécanisme de sollicitation excentrique, c’est-à-dire que le muscle se contracte alors qu’il est train d’être étiré. Ces pathologies vont concerner le plus souvent les muscles bi-articulaires comme le quadriceps, les ischio-jambiers ou le triceps sural.
Il est important dans l’interrogatoire de connaître les suites immédiates qui peuvent orienter vers une lésion de gravité importante :
- soit le sportif a pu continuer son activité physique, et c’est plutôt rassurant ;
- soit il a été obligé d’interrompre cette activité avec une impotence fonctionnelle partielle ou totale. Dans certains cas, plus graves, le traumatisme a pu s’accompagner d’une chute.
D’autres signes de gravité sont également recherchés comme la présence d’une sensation de déchirure, d’un craquement ou d’un hématome.
Examen clinique
Dans un premier temps, l’inspection recherche une anomalie de relief du groupe musculaire qui va traduire dans la plupart des cas une lésion grave, c’est-à-dire une rupture complète du muscle avec une rétraction de ses deux extrémités. On va également rechercher un hématome ou une ecchymose dont l’apparition est souvent décalée par rapport au traumatisme. Dans certains cas, par exemple la rupture des ischioj-ambiers, l’hématome ou l’ecchymose peuvent être très étendus et diffuser à une large partie de la face postérieure de la cuisse.
Ensuite, on recherche la classique triade douloureuse avec une douleur à la palpation, à l’étirement et aux tests isométriques.
La douleur à la palpation apporte des renseignements uniquement sur la localisation de la lésion, mais pas sur sa gravité. En effet, l’intensité de la douleur à la palpation n’a pas de lien avec la gravité de la lésion.
En revanche, la mise en étirement et les tests isométriques sont plus intéressants. En effet, une douleur qui va apparaître lors des premiers degrés d’étirement est plus en faveur d’une lésion importante alors qu’une douleur qui apparaîtra lors de l’étirement maximal sera plus rassurante.
Pour les tests isométriques, une douleur apparaissant dans les trois courses (interne, moyenne et externe) sera toujours plus évocatrice de lésions graves qu’une douleur qui n’apparaît qu’en course externe.
Examens complémentaires
L’examen complémentaire de première intention reste bien sûr l’échographie dont le caractère dynamique est très intéressant. D’autre part, c’est un examen qui permet de suivre le muscle sur toute sa longueur. Dans de rares cas, on fera appel à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) pour apprécier des lésions profondes, pour déceler des diagnostics différentiels ou effectuer un bilan précis avant un traitement chirurgical.
Les bilans isocinétiques n’ont pas d’intérêt en aigu. En revanche, ils peuvent être effectués avant le retour sur le terrain pour être certain que le sportif a bien récupéré ses qualités de force. Ils sont également pratiqués chez les professionnels en début de saison pour déceler des déficits qui sont un facteur favorisant de lésion musculaire.
Diagnostics différentiels
Ce sont essentiellement les myalgies pathologiques : la rhabdomyolyse, le déficit des enzymes glycolytiques ou mitochondriales, les myopathies d’origine virales ou inflammatoires et les étiologies médicamenteuses. Les autres diagnostics différentiels sont essentiellement les intolérances musculaires à l’effort et les étiologies vasculaires ou neurologiques. En règle générale, à l’exception de la rhabdomyolyse, ces douleurs évoluent sur un mode chronique et ne peuvent être confondues avec un traumatisme à début brutal.
Traitement des lésions musculaires
Données fondamentales
Lors d’une lésion musculaire, on observe d’abord une régénération des fibres liée à un envahissement de la région lésée par des macrophages et des polynucléaires qui phagocytent les tissus nécrosés. Dans un deuxième temps, on peut voir une prolifération de myoblastes. Le tissu cicatriciel est également régénéré grâce à la présence de fibronectine, de fibrine et de collagène de type 3, puis de collagène de type 1 qui est plus résistant.
Des éléments sont nécessaires à la cicatrisation des lésions musculaires :
- c’est l’innervation qui est responsable de la différenciation entre fibres lentes et fibres rapides, et il faut donc qu’une jonction neuromusculaire de qualité soit rétablie ;
- les apports en oxygène sont également nécessaires, et il faut donc une vascularisation correcte. C’est la raison pour laquelle on observe la présence de nouveaux capillaires au bord de la lésion ; le dernier élément dont l’importance est majeure est la traction : c’est cette traction qui va permettre l’orientation des fibres musculaires. En revanche, on note qu’une immobilisation entraîne une orientation anarchique de ces fibres.
De nombreuses études dont celle de Jarvinen ont montré que, si la mobilisation initiale pouvait aggraver l’hématome, elle avait en revanche de nombreux avantages : accélération et majoration de la différenciation musculaire et surtout meilleure orientation des nouvelles fibres musculaires permettant une cicatrisation musculaire optimale. Elle améliore également la cicatrisation conjonctive avec formation d’un collagène de meilleure qualité. En revanche, l’immobilisation augmente le nombre de fibres musculaires lésées et diminue la maturation du tissu cicatriciel ; elle est également responsable d’une mauvaise orientation des fibres musculaires et d’une atrophie. Elle peut également être à l’origine d’une fibrose qui est à la source de douleurs chroniques et de récidive de la lésion musculaire.
La base de ce traitement fonctionnel est donc la mise en traction douce des fibres musculaires ainsi que leur mobilisation qui doit se faire de manière extrêmement prudente et en accord avec les données de l’examen clinique. La rééducation repose sur la mise en traction progressive du muscle avec des étirements et un renforcement musculaire progressif, en statique dans un premier temps, puis en concentrique et enfin en excentrique.
Chronologie de la rééducation
Le traitement et surtout sa chronologie vont varier en fonction du stade de la lésion.
Stade 0 : Le patient va récupérer en quelques heures sans aucun traitement.
Stade 1: Le traitement est établi sur l’arrêt du geste sportif et sur l’application de chaleur et de massage. La reprise d’activités sportives peut être effectuée après quelques jours dès que la symptomatologie a disparu.
Stade 2: Le repos sportif est indispensable ; il faut y associer une cryothérapie et des séances de physiothérapie. Rapidement, on peut commencer un travail d’étirement et de renforcement musculaire statique, puis dynamique, et la reprise des activités sportives est possible dès que l’examen clinique est normal.
Stade 3: De j0 à j3, c’est la période antalgique, avec bandage compressif, cryothérapie et mise éventuelle en décharge en fonction de la douleur. Les anti-inflammatoire non stéroïdiens n’ont pas d’intérêt.
De j4 à j10, il faut continuer la cryothérapie ainsi que la physiothérapie. On peut commencer un travail statique très doux. L’hématome peut être évacué sous contrôle échographique en fonction des données de celle-ci, mais ces ponctions restent peu fréquentes.
De j10 à j21, on commence une rééducation plus active, avec un travail d’étirement et surtout de renforcement musculaire statique et dynamique.
à partir de j21, le renforcement musculaire est intensifié avec introduction de travail excentrique et éventuellement de massages transversaux profonds selon les cas. La reprise des activités sportives au même niveau débute en général à partir de la sixième semaine, mais ce délai peut aller jusqu’à trois mois.
Stade 4: C’est une rupture ou une désinsertion complète dont le traitement est proche de celui d’un stade 3, à part dans certains cas oû il peut y avoir une place pour le traitement chirurgical en particulier pour les ruptures hautes des ischiojambiers.
Principes de rééducation
Au-delà de ces délais qui sont bien sûr variables et qui n’ont qu’une valeur d’orientation, il faut bien comprendre les buts de la rééducation. Celle-ci vise à réduire les déficiences retrouvées à l’examen clinique selon les principes de la classification internationale du fonctionnement et du handicap (CIF). Ces déficiences sont : Les tissus nécrosés, la douleur ; la réduction des amplitudes articulaires ; le déficit de force musculaire ; le déficit de qualités proprioceptives et, par conséquent, de stabilité.
La rééducation, même si elle suit des principes communs, est toujours individualisée en fonction de la nature des déficiences retrouvées.
Lutte contre la douleur: On utilisera de façon préférentielle par voie générale les antalgiques (du type paracétamol) plutôt que les anti-inflammatoires qui peuvent «limiter le nettoyage» de la lésion. Ces anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), même s’ils sont utilisés de manière fréquente par les sportifs, sont en réalité rarement utiles. En revanche, les anti-inflammatoires par voie locale peuvent être utilisés.
L’utilisation de cannes anglaises pour une mise en décharge est indiquée si l’appui et/ou la marche sont douloureux. Cette mise en décharge est prescrite non pour une période définie à l’avance, mais pour la durée où la marche reste douloureuse (en général quelques jours). L’utilisation d’orthèses dans le cas des lésions musculaires n’a pas d’intérêt.
Dans le cas particulier du tennis leg (désinsertion du gastrocnémien médial), on utilise volontiers des talonnettes pour éviter l’étirement trop brutal du triceps sural tout en autorisant une certaine sollicitation du muscle mesurée puisque l’appui est conservé. Cela est possible à condition que cet appui soit quasi indolore.
La compression du muscle lésé, à condition qu’elle soit effectuée très précocement, est intéressante. Son but est de limiter l’hématome mais elle a également un effet sur la douleur. La compression effectuée à distance de l’accident a une efficacité qui reste plus discutée. La cryothérapie (neurocryostimulation immédiate ou glace pilée) plus à distance est parfois utilisée à des fins essentiellement antalgiques.
Place de la physiothérapie : même si celle-ci n’a pas encore fait la preuve indiscutable de son efficacité, elle est encore très utilisée en rééducation. Elle a un intérêt dans la lutte contre la douleur, et les kinésithérapeutes l’utilisent dans de nombreux cas pour préparer le muscle aux contraintes de la rééducation (étirements, renforcement musculaire, etc.).
Récupération des amplitudes articulaires
Il est essentiel de lutter de façon précoce contre l’attitude en raccourcissement du muscle. Des étirements doivent être effectués, mais de façon extrêmement douce et progressive pour ne pas aggraver la lésion musculaire initiale. Les étirements sont effectués dans un premier temps sur un mode passif, dans un deuxième temps sur un mode actif. Durant cette phase de rééducation, le kinésithérapeute se doit d’être «à l’écoute de son patient»pour solliciter le muscle de façon optimale et favoriser la cicatrisation sans trop mettre de contraintes sur ce muscle de façon à ne pas aggraver la lésion. Le seuil douloureux, lors de l’étirement, est un repère précieux et doit donc toujours être respecté. Ces techniques doivent être utilisées de façon parcimonieuse car le muscle doit être étiré «suffisamment mais pas trop».
Restauration de la force musculaire
Le déficit de force musculaire est constant dans ces lésions, ce qui est tout à fait logique puisque le muscle est lésé. Ce déficit de force est la conséquence de la lésion, mais dans certains cas il peut être la cause de la lésion.
La rééducation doit donc comporter de façon systématique un renforcement musculaire pour soigner la lésion, mais également prévenir les récidives.
Ce travail musculaire s’effectue dans un premier temps sur un mode analytique, c’est-à-dire en sollicitant uniquement le muscle lésé, dans un deuxième temps sur un mode plus global avec, parfois, la participation d’autres groupes musculaires. Ces exercices plus fonctionnels se réalisent grâce à des gestes qui peu à peu vont se rapprocher du geste sportif.
Ce renforcement musculaire sera effectué dans un premier temps sur un mode statique. Le patient pouvant débuter seul en effectuant des contractions statiques sans résistance ou avec des techniques par exemple de type «écrase coussin» pour un quadriceps. On peut associer à ce renforcement statique des techniques d’électro-stimulation qui permettent d’optimiser ce travail de renforcement.
Dans un deuxième temps, le renforcement musculaire sera effectué sur un mode concentrique, c’est-à-dire en raccourcissement du muscle.
Dans un troisième temps, les exercices seront effectués sur un mode excentrique souvent beaucoup plus proche de l’activité sportive. Le travail excentrique entraînant des gains de force supérieurs à ceux du travail concentrique, cette phase de travail excentrique est indispensable à la récupération des qualités musculaires.
Amélioration de la proprioception
Les muscles étant des informateurs de la proprioception, il est indispensable d’effectuer en plus du renforcement et du travail d’étirement, des exercices d’équilibre, associés ensuite à une réathlétisation ou les gestes seront proches puis identiques aux sollicitations effectuées lors de l’activité sportive.
Conclusion
Une lésion musculaire est traitée de façon systématique selon les principes de traction dirigée et de renforcement. Quelle que soit la gravité de la lésion, les axes de rééducation sont les mêmes. Seuls, les délais vont varier de trois semaines pour une élongation à six semaines pour un vrai claquage avec hématome, mais ces délais restent toutefois souples en fonction de la récupération de chacun.
Le travail isocinétique peut être utilisé dans deux cas : soit au cours de la rééducation, en permettant un renforcement musculaire, soit éventuellement à distance pour quantifier un déficit de force musculaire, en particulier dans les lésions musculaires chroniques récidivantes. En effet, on sait par exemple que chez les footballeurs, un déficit de force des ischio-jambiers multiplie par cinq le risque de survenue de claquage de ce groupe musculaire au cours d’une saison. C’est une des raisons pour lesquelles on attache de plus en plus d’importance au travail de prévention.
F- Mes confrères du CERS Capbreton
Ils recommandent chez les sportifs de vitesse et de sauts de haut niveau une évaluation isocinétique du ration IJ en excentrique à 30°/ Q en concentrique à 240° qui ne doit pas être inférieur à 0,8.
G - Approche basée sur la gravité immédiate de l'accident musculaire à partir de l'intensité de la douleur et sa répercussion sur la marche (classification de Y. Guillodo+++++)
La meilleure façon de ne pas se couper des patients en utilisant des mots savants beaucoup trop abscons pour un sportif ou un simple profane, c'est de classer les accidents musculaires en fonction de leur gravité clinique, à partir de deux paramètres très simples: la douleur et l'impotence fonctionnelle immédiate. Cela permet à la fois de se faire bien comprendre et le plus souvent même (excepté pour le sportifs d'élite) de se passer d'une imagerie qui n'est pas toujours nécessaire et qui ne doit être prescrite qu'en fonction de l'importance de l'impotence fonctionnelle et de l'hématome supposé. Il est également essentiel de prévenir si nécessaire, une complication potentielle redoutable: la thrombo-phlébite du membre inférieur et enfin si l'on veut éviter les récidives, le clinicien doit absolument faire le lien de l'accident musculaire avec la colonne vertébrale, comme recommandé par les Dr Robert Maigne et Müller-Wolhfart.
Problématique de l' accident musculaire intrinsèque:
Pour le sportif, généralement un pratiquant de l'athlétisme (sprint, haies, sauts) ou de sports collectifs (football, rugby) ou individuel comme le tennis, il s'agit, pendant une période d'entraînement ou pendant une compétition, d'un accident musculaire qui survient en plein effort, d'intensité variable (de la simple pointe jusqu'au coup de poignard avec douleur syncopale et chute) sur un groupe musculaire dont la localisation la plus fréquente est la loge postérieure de la cuisse sur les muscles ischio-jambiers, suivi en fréquence par l'atteinte du droit fémoral du quadriceps sur la face antérieure de la cuisse et celle du jumeau interne du mollet (tennis leg), très exposé après la quarantaine. Ces trois muscles ont la particularité d'être bi-articulaires, et soumis à de grandes variations de longueur, ce qui les rend tout particulièrement vulnérables.
Le signe majeur est la douleur qui va sur l' échelle visuelle EVA de 3 à plus de 10 (grave à partir de 6), fortement corrélée à l'impotence fonctionnelle immédiate qui peut être partielle ou totale.
Pour le médecin il va s'agir de se faire comprendre du sportif de manière à communiquer avec lui à propos de la gravité potentielle de sa lésion musculaire et quoi de plus simple que d'évaluer la douleur et l'impotence fonctionnelle qui va avec.
- EVA à 6 et plus : il s'agit d'un accident musculaire grave qui s'accompagne d'une forte impotence fonctionnelle qui va persister dans les jours qui suivent l'accident musculaire et retentir sur la vie quotidienne du sportif (marche, montée des escaliers, enfiler son pantalon, mettre ses chaussettes, etc).
La conduite à tenir ne doit souffrir d'aucune hésitation ou retard quelconque: arrêt immédiat de l'activité sportive avec au besoin évacuation sur une civière, application du protocole Grec ou Rice (repos strict sans appui avec béquilles, glaçage qui va réduire l'hématome interne (la lésion musculaire correspondant à une cassure du muscle, saigne parfois abondamment), compression par un large bandage d'abord, avec éventuellement relai par un bas de contention de classe 2 ou 3, sur-élévation du membre la nuit, au moins 15 jours. Prise d'antalgiques de préférence de niveau 1 type paracétamol: 1g x 4, le recours au niveau 2A: la codéine, 2 B: le Tramadol ou 3: les morphiniques per os, sont à éviter car susceptibles d'interférer en cas de contrôle anti-dopage.
En léger différé vers le 3ème - 4ème jour et compte tenu de l'impotence fonctionnelle, introduction recommandée d'un traitement préventif d'une phlébo-thrombose (dont il faut avoir la hantise et donc les conséquences peuvent être dramatiques) par HBPM (héparine de bas poids moléculaire) de type Lovenox à dose préventive: 2000 U ou 4000 U, avec en parallèle, mesure biologique de la numération plaquettaire et du taux de Créatinine dans le sang.
Suivant le niveau sportif, le recours à l'imagerie de type échographie permet d'évaluer l'importance de l'hématome intra et péri-musculaire, (IRM pour le haut niveau). Recommandée par mes confrères médecins du sport, l'échographie permet si nécessaire, une éventuelle ponction écho-guidée.
Une interruption de l'activité sportive de 6 à 8 semaines au moins est le meilleur moyen de réduire les récidives, qui ne manqueront pas de se produire en cas de non respect du temps de cicatrisation (avec doublement du temps d'indisponibilité sportive si non observance du délai de cicatrisation).
- EVA < à 6 avec impotence fonctionnelle plus modérée est à considérer comme un accident musculaire bénin, qu'il faut quand même glacer les deux premiers jours, comprimer par une bande, alléger les appuis pendant les premiers jours et se mettre en position déclive la nuit pendant une bonne semaine. Excepté pour le Haut niveau, l'imagerie n'est pas indispensable et le temps d'interruption de l'activité sportive sera de 3 à 4 semaines (ce qui réduit le risque de récidives quasi à néant).
A bien savoir+++:
Quelle soit le niveau de gravité de l'accident musculaire, la traque d'un facteur déclanchant d'origine vertébrale doit être recherché, un bilan radiologique lombo-sacré simple demandé, un traitement par manipulations vertébrales suivant les recommandations de la SOFFMMOO entrepris et un suivi régulier trimestriel par un professionnel compétent recommandé (médecin de médecine manuelle qualifié et estampillé SOFMMOO si possible).
En dehors des problèmes vertébraux lombaires ou lombo-sacrés patents ou latents et de l'âge, c'est uniquement l'activité sportive en soi qui est la cause d’une lésion musculaire. Avec un certain nombre de confrères, nous pensons que dans un accident musculaire, un seul élément est vrai: le sportif qui a déjà fait une lésion musculaire est plus à risque de faire une autre lésion et constitue un sujet à risque et qu'il n'y a pas d'autres causes à ces accidents musculaires et qu'en particulier il n’existe pas de facteurs déclanchants: alimentaires, une quelconque méforme, de mauvais entraînements, le fractionné ne sont en rien une cause de lésion musculaire.
Il n’existe pas non plus de prévention (excepté le dépistage et la prise en charge des problèmes vertébraux), même si les étirements musculaires sont fortement recommandés ils ne sont nullement une garantie de ne pas se faire de claquage musculaire; même chose pour le port d'un cuissard de compression qui ne diminuera pas le risque de se faire une autre lésion musculaire.
L'âge, comme dit plus haut, est bien un facteur causal: on fait davantage de lésions musculaires avec le temps qui passe (la blessure musculaire type du sportif de plus de 45 ans est le tennis - leg (désinsertion musculo-aponévrotique du muscle jumeau interne).
Conclusion
L'accident musculaire constitue un risque inhérent à toute pratique sportive et ceci quel que soit le niveau de pratique; l'âge est un facteur de risque bien réel; certains sports avec impulsions, accélérations, changements de direction sont statistiquement plus à risque que d'autres.
Déterminer le niveau de gravité d'un accident musculaire en se basant sur la douleur et l'impotence fonctionnelle immédiate est primordial. En cas de doute, ne pas hésitez à faire une échographie musculaire (qui peut être suivi d'une ponction en cas d'hématome important), voire un IRM dans le Haut Niveau.
Avez vous plus d'informations à me donner sur la myosite ossifiante circonscrite,plus précisément du brachial antérieur avec perte d'amplitude articulaire en extension? Traitement ? Action du kiné ? (massage transverse profond possible?) Merci
RépondreSupprimerMélanie de quelle région êtes vous? Dr LP
SupprimerDe Bretagne, mais je bouge beaucoup. Ce cas de myosite ossifiante est en région parisienne.
SupprimerLa myosite ossifiante circonscrite est une maladie assez exceptionnelle qui au final a une évolution favorable; si vous êtes en région parisienne, je vous conseille de vous adresser au Dr Jean Baptiste Courroy; de nous tous médecins de traumatologie du sport formés à la Pitié Salpètrière, c'est l' un des plus fins connaisseurs de cette pathologie rare (Consultation Nollet, 23 rue Brochant Tel : 01 44 85 19 00). Dr LP
SupprimerJe lui ai téléphoné pour avoir plus de renseignements.merci beaucoup !
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerJ'ai eu il y a 3 ans une grosse dechirure du quadriceps suite a un shoot dans un ballon..la douleur m a fait tomber au sol.. Strapé durant 15j la douleur a casi disparue mais depuis j'ai un gros claquement ds le genoux tres audible quand je monte les escaliers par exemple ou lorsque j'effectue les mouvements flexion extension.. On dirait que cest tout en miette dedans sensation de sable a l'interieur.. Dois je m'inquieter? Pas de douleurs pr le moment juste ces gros claquement depuis 3 ans
Je ne saisis pas bien la relation entre un claquage du muscle quadriceps de la cuisse et un problème articulaire au niveau du genou. Ce que je peux vous conseiller c'est de consulter en accord avec votre médecin traitant, un bon médecin du sport proche de chez vous qui établira un diagnostic précis avec l'aide d'une imagerie médicale ciblée par la clinique et ensuite il me sera plus facile de vous aider. Dr LP
SupprimerBonjour Docteur,Je me prénomme Ethan je me suis blessé lors d un match de foot il y a une semaine j ai ressenti une décharge au niveau du quadriceps cuisse gauche ( jambe d appui) en ralentissant ma course pour faire une relance avec mon pied droit j ai fais une echographie resultat dechirure myo-aponevrotique périphérique du droit femoral etendue sur environ 7cm sans collectionn hematique. Je voudrais savoir quel protocole sportif faire car j ai cru comprendre que l immobilisation était negatif mais je ne sais pas si faire du vélo ou stepper a niveau faible peuvent m aider dans la phase de reathletisation.Je n arrive pas a situer ma blessure entre phase 1 et phase 2 car je pensais au départ avoir une élongation et la le médecin qui me fait l échographie me dit que c est un claquage sur 7 cm et que pour mes matches du mois d avril c était terminé mais que je devais m arrêter sans sport 1 mois donc et mon médecin et osteo me disent 3 semaines je ne sais pas si je peux commencer a trotiner merci
RépondreSupprimerBonjour Ethan, si vous avez bien lu l'article, la prise en charge d'un claquage de cuisse, c'est d'abord le protocole GREC ou RICE les premiers jours, puis une prise en charge kinési et une reprise progressive de l'activité physique avec de la marche de plus en plus rapide, du Velo, pas de stepper, puis une reprise progressive du football pas avant le 1er mois avec échographie et testîng musculaire préalable. Dr LP
Supprimer