La pratique de l’athlétisme, le premier des sports olympiques, est une pratique à risque de blessures de gravité diverses pour l'appareil locomoteur, dont certaines sont à même d'affecter durablement et parfois définitivement une carrière d'athlète. Cela n'empêche qu'à visée préventive, il est de la plus grande importance que quatre confrères : Pascal Edouard, Frédéric Depiesse, Antoine Bruneau et Jacques Pruvost, tous les quatre très qualifiés dans la prise en charge des athlètes de niveau olympique en athlétisme (épreuves combinées, sauts, lancers, courses à pied, marche athlétique) aient dressé un bilan épidémiologique des blessures dans le haut niveau, ce qui constitue une aide précieuse pour l'ensemble des médecins de la communauté de traumatologie sportive qui prennent en charge les athlètes de toutes les disciplines de l'athlétisme.
Les quatre auteurs rappellent "qu'une bonne connaissance de l’épidémiologie des blessures, et donc des principales blessures que l’on peut rencontrer chez les athlètes, permet à la fois d’aider le praticien dans sa formation, de le guider dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique et de développer à titre préventif des mesures visant à réduire l'importance et l'impact de ses blessures et en particulier leur gravité avec leurs conséquences néfastes pour la pratique sportive au niveau performance, mais aussi pour la vie de tous les jours. A cet effet depuis 2007 lors d’un certain nombre de championnats internationaux (jeux Olympiques, mondiaux et européens) d’athlétisme, des données ont été collectées sur les blessures nouvellement survenues en championnats. Elles sont recueillies de manière systématique et collectées de manière prospective selon les méthodes consensuelles développées par le Comité internationale olympique et adapté à l’athlétisme, mais également classifiées lors de chaque championnat, par les médecins et/ou les kinésithérapeutes des équipes médicales nationales et du comité d’organisation local. Cela a permis d'avoir une vision objective et détaillée des différentes blessures, aussi bien chez les hommes que chez les féminines.
Résultats dans les grands championnats internationaux, ce qui est l'objectif principal dans le très haut niveau, et donc sur une durée de 3 à 9 jours, sur 1000 athlètes inscrits :
- la localisation de la blessure varie en fonction du sexe : la cuisse pour les athlètes masculins, ; le tronc et la jambe dans les lancers; la jambe et le bassin pour les athlètes féminines
- le type de blessure est une lésion musculaire des ischios-jambiers chez les athlètes masculins en sprint++, haies, sauts, épreuves combinées et marche athlétique; une lésion musculaire du tronc et et de la jambe dans les lancers; des fractures de fatigue pour les
féminines; des lésions cutanées de la jambe en demi-fond et fond et des lésions musculaires- le taux de blessures est plus élevé dans les épreuves combinées, le marathon et les autres courses de longue distance.Très intéressant aussi les données sur la santé des athlètes durant les quatre semaines précédant les championnats : environ 30 % des athlètes ont signalé une blessure au cours de cette période de préparation et un tiers des athlètes a dû réduire sa charge d’entraînement ce qui signifie qu’une proportion importante d’athlètes de haut niveau vivent et s’entraînent avec une blessure qui peut être source d'aggravation et parfois d'arrêt significatif dans leur carrière d'athlète.
En conclusion, dans un contexte de grand championnat qui ne représente que peu de jours dans la saison (3 à 9 jours par rapport aux 357 à 363 autres jours), il est intéressant d’avoir une vision claire des risques dans cette période cruciale de la saison. Le reste du temps et donc avec une période d’exposition au risque de blessures plus importante, environ deux tiers des athlètes ont au moins une blessure par saison d’athlétisme, cel qui représente une incidence 3 à 4 blessures pour 1 000 heures d’entraînement en athlétisme".