Biomécanique de la voûte plantaire
La position excentrée de l'atragale au dessus du calcanéum transforme le rayon médial (r m) en une sorte d'arche dont seules les extrémités touchent le sol.
Rayon médial et rayon latéral du pied
Le décalage antérieur de l'astragale (schéma B) place sa tête en porte-à-faux au sommet de la voûte plantaire, transformant celle-ci en une structure souple et déformable. Une telle architecture contribue à répartir harmonieusement le poids corporel lors de l'appui unipodal, soulage l'astragale et augmente le bras de levier calcanéen sur lequel agit le triceps.
L'étendue et l'élasticité des ligaments plantaires (a/b) constituent le principal facteur de maintien de l'ogive plantaire qui est par ailleurs le carrefour où convergent les tendons jambier postérieur (JP) et long péronier (LP) qui se comportent comme des rênes imprimant à la plante des mouvements d'inversion et d'éversion.
Physiopathologie et facteurs favorisants
En position debout, l'aponévrose plantaire supporte le poids du corps; à la marche et à la course, biomécaniquement liée au système propulseur de la chaine musculaire des muscles du mollet et du tendon d'achille, elle est fortement sollicitée et étirée, ce qui lui permet de transmettre la force de propulsion de l’arrière vers l’avant tout en stabilisant l’arrière-pied en varus. Des microtraumatismes répétés ou un étirement brutal enflamment l'aponévrose dans une zone le plus souvent proche de son insertion calcanéenne. Cette insertion par ailleurs peut se calcifier et former une épine calcanéenne (épine de Lenoir) en dehors de toute lésion d' aponévrosite.
Epine de Lenoir correspondant à la calcification de l'insertion calcanéenne de l'aponévrose plantaire; ce n'est pas elle qui est en cause dans la fasciite plantaire.
La traction exercée sur l'aponévrose plantaire est majorée par les troubles de la statique plantaire: surélévation (pied creux) ou affaissement (pied plat) de la voûte plantaire et les déplacements sur terrain inégal.
D'autres facteurs favorisants sont à incriminer:
- le matin au réveil après une période nocturne ou l'aponévrose est en position raccourcie
- la station debout prolongée
- une prise de poids
- de longs déplacements en voiture
- des chaussures de sport inadaptées, chaussures de ville type “Tong“
- la raideur des muscles des mollets
- l'augmentation brusque de l'intensité et des volumes d’entrainement
- une pratique des sports de montagne et de la course à pied.
Clinique+++
Il se résume à une douleur d'intensité variable, sous talonnière unilatérale et parfois bilatérale dans 1/3 des cas, dès les 1ers pas le matin au réveil, ou en cours de journée à l'effort.
Si la douleur est trop forte, elle peut s'accompagner d'une gène fonctionnelle avec boiterie.
A l'inspection il n'y a ni rougeur ni oedème et au podoscope, on recherchera un trouble de la statique plantaire.
La palpation mettra en évidence une douleur exquise à la pression de l’insertion calcanéenne de l’aponévrose. L'absence de douleur à la pression des faces latérales du calcanéum permet d'éliminer à tout coup une fracture de fatigue.L'imagerie
La radiographie standard du pied peut retrouver un trouble de la statique ou une épine calcanéenne.
L'échographie bilatérale et comparative, avec une sonde de 7 à 13 Méga Hertz et avec un bon échographiste très entraîné est le meilleur des examens complémentaires; elle va montrer un épaississement de l'aponévrose plantaire (image homogène de 3 mm, sa valeur normale, jusqu'à 7 mm, voire 1 cm, et image inhomogène).
l’IRM en cas d'échec de l'échographie affirmera le diagnostic d'aponévrosite et parfois de rupture partielle.Le traitement
D'abord préventif:
Il sera d'autant plus efficace qu'il sera introduit en préventif dès l'apparition des 1ers signes; il sera celui des facteurs favorisants: hygiène alimentaire et hydratation correcte, chaussures de sport adaptées, talonnette amortissante, semelles orthopédiques, étirements du système suro-achilléo-plantaire, écrasement de l'aponévrose sur une balle de tennis dans un but d'assouplissement.
Le recours à la kinésithérapie ou à l'ostéopathie et leurs techniques de tissus mous et de mobilisations sectorielles des différentes articulations du podo-sural, la physiothérapie, les étirements de type Stanish sont utiles.Les traitements médicamenteux (antalgiques et AINS) peuvent aider à franchir un cap.
Les infiltrations de corticoïdes dans la partie la plus épaissie de l'aponévrose, sont à utiliser avec prudence (risque de rupture partielle), mais pour notre confrère rhumatologue du sport Raoul Ghozlan, fin connaisseur de cette pathologie, elles sont suivies de 70 à 80% de très bon résultats.
Les injections de PRP semblent de plus en plus utilisées avec succès (injections tangentielles et non pas perpendiculaires plantaires).
La chirurgie est exceptionnelle
Dans les cas rebelles et invalidants après échec des infiltrations, le recours à la chirurgie peut être envisagé avec le concours d'un chirurgien orthopédiste rompu à ce type de réparation.
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